Les brèves du 23 février 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 23 février 2023

Les brèves du 23 février 2023

Salon de l’agriculture : Macron fixera de nouveaux caps pour les pesticides et l’élevage
À l’occasion d’un point presse le 22 février en amont du Salon de l’agriculture, l’Élysée a présenté les temps forts du déplacement du président de la République, ce samedi 25 février. Emmanuel Macron devrait fixer de nouveaux caps pour l’élevage et l’usage des pesticides. Concernant la baisse de l’usage des produits phytosanitaires, le président « souhaite un changement de philosophie » et « posera un nouveau cadre » qui sera décliné le lundi suivant par la Première ministre. L’Élysée souligne qu’il « existe des conséquences importantes de certains produits phytosanitaires sur l’environnement et la santé », et plaide pour « faire un effort massif de recherche ». L’entourage du président estime qu'« Ecophyto 2 n’était pas conçu pour les agriculteurs et pour trouver des solutions ». Concernant les productions animales, « le salon sera l’occasion de fixer un cap pour l’élevage français à horizon 2030 », d’établir « une vision collective et partagée ». Interrogé sur d’éventuelles réponses à la crise du bio annoncées durant cette visite, l’Élysée n’a pas répondu positivement, rappelant que des travaux étaient en cours au ministère de l’Agriculture « depuis quelques mois », en particulier sur la poursuite du plan Avenir bio ou sur l’atteinte des objectifs Egalim dans les cantines.

Phytos : Fesneau veut de la « coordination » entre Anses, Inrae et instituts techniques
À l’occasion d’une conférence de presse le 22 février, le ministre de l’Agriculture a déploré un manque de « coordination » entre l’Anses, l’Inrae et les instituts techniques dans le cadre de l’évaluation des produits phytosanitaires. « On ne peut pas avoir d’un côté l’Anses qui décide et l’Inrae qui recherche, sans coordination, il faut que tout le monde s’aligne », a déclaré Marc Fesneau, pointant également des décalages entre les échelons national et européen. Et d’évoquer plus particulièrement le cas de S-métolachlore, dont l’Anses a récemment annoncé qu’il mettra fin à la plupart des usages, alors que l’Efsa doit finaliser prochainement la réévaluation de la molécule : « L’Anses a été saisie en 2021, l’Efsa doit aboutir en avril-mai, il n’y a absolument aucune coordination ». Le ministre affirme avoir réuni récemment l’Anses, l’Inrae et les instituts techniques au sujet des produits disponibles en cerise, face l’interdiction du phosmet : « Il y a une solution alternative appelée "insectes stériles", dont le dossier a été déposé il y a déjà trois ans », regrette Marc Fesneau. Le ministre a notamment fait part de son inquiétude pour le prosulfocarbe (herbicide, grandes cultures). La veille, la FNSEA plaide pour que le gouvernement revienne sur la décision de Stéphane Le Foll en 2015, de transférer la compétence d’évaluation des mises sur le marché de pesticides à l’Anses.

Surtranspositions : Aurore Bergé ne vise plus une loi, mais une résolution
La « proposition » promise à la FNSEA le 9 février par Aurore Bergé « pour interdire les surtranspositions » de normes européennes ne sera finalement pas une proposition de loi. Au lendemain de la manifestation parisienne, durant laquelle la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale avait fait cette déclaration, son équipe avait précisé qu’il s’agirait d’une proposition de loi. Elle indique finalement le 22 février qu’il s’agira d’une proposition de résolution « pour éviter la concurrence déloyale et soutenir l’agriculture ». Signée par Guillaume Kasbarian, Stéphane Travert, et Aurore Bergé, son dépôt est prévu pour les prochains jours. À l’occasion d’une rencontre avec la presse, organisée le 22 février en amont du Salon de l’agriculture, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau s’est montré très dubitatif face à l’idée de soumettre une proposition de loi sur le sujet : « Si nous pouvions éviter de proposer une loi au lendemain de chaque décision de justice… », s’est impatienté le ministre, en référence à la décision de la Cour de Justice européenne (CJUE) sur les usages dérogatoires des néonicotinoïdes, qui avait motivé la manifestation de la FNSEA. Le ministre s’interroge notamment sur le sort de récentes mesures du gouvernement en matière de bien-être animal (fin de la castration à vif des porcelets, du broyage des poussins), qui pourraient assimilées à des surtranspositions.

Agroalimentaire : un plan de soutien dédié annoncé au Salon de l’agriculture
À l’occasion d’une conférence de presse le 22 février, Marc Fesneau a indiqué qu’un plan de soutien à l’industrie agroalimentaire devrait être présenté durant le Salon de l’agriculture, pour aider les entreprises à supporter l’inflation des matières premières, notamment agricoles. « Le président en dira un mot », a glissé le ministre de l’Agriculture. Début janvier, le ministre de l’Industrie Roland Lescure avait confirmé au magazine L’Usine nouvelle (article payant) qu’il travaillait sur un plan de soutien spécifique pour l’agroalimentaire pour l’aider à supporter l’inflation de l’énergie. C’est le résultat de ces travaux qui sera dévoilé, les montants en jeu ne sont pas encore connus, indique-t-on Rue de Varenne. À l’approche de la date de clôture des négociations commerciales annuelles, le 1er mars, la situation est « extrêmement tendue » avec environ un quart des contrats signés entre les coopératives et la grande distribution, avait indiqué le 19 février, le président de la Coopération agricole (LCA), Dominique Chargé, à Agra Presse. Les coopératives demandent entre 13 et 14 % de revalorisation, avec « un atterrissage à 8 ou 9 % ». Toute l’attention est portée sur les prix, déplore le président de LCA. Les plans d’affaires, dans lesquels sont abordées les questions de « montée en gamme » et de « démarche de progrès », sont « presque absents des discussions ». « C’est le retour de la guerre des prix et de la menace du déréférencement », en conclut M. Chargé.

Gestion de l’eau : Béchu annonce un plan « d’ici quelques jours »
Prévu à l’origine en janvier, le plan d’action du gouvernement sur la question de l’eau sera présenté « d’ici quelques jours », a annoncé Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, le 22 février sur Franceinfo, à la veille de la réunion du Comité d’anticipation sur les risques de sécheresse. Parmi les cinquantaines de mesures qui seront dévoilées, certaines concerneront l’utilisation des eaux usées. « Moins de 1 % de nos eaux usées et retraitées sont utilisées », a dénoncé le ministre de la Transition écologique. Christophe Béchu réunira par ailleurs les préfets coordinateurs de bassin afin de « prendre des mesures de restriction soft, dès le mois de mars, pour éviter de se retrouver dans des situations catastrophiques d’arbitrage » à l’approche de l’été. Selon Christophe Béchu, la France connaît « l’hiver le plus sec depuis 1959 » avec des nappes phréatiques qui accusent « environ de mois de retard en matière de remplissage ». Au même moment, Météo France a annoncé la plus longue sécheresse jamais enregistrée, avec 32 jours sans véritable pluie. Le déficit des nappes phréatiques est « rattrapable » d’ici à cet été, assure le ministre de la Transition écologique, même s’il concède que la France « a besoin d’un mois de mars pluvieux ».

Gestion de l’eau : en Charente-Maritime, le projet de six réserves retoqué par la justice
À la suite de l’appel du Syndicat mixte des réserves de substitution de la Charente-Maritime (Syres 17), la Cour administrative d’appel de Bordeaux a confirmé le 21 février l’annulation de l’autorisation environnementale d’un projet de six réserves de substitution à usage agricole couvrant les territoires de six communes situées dans le bassin du Curé (Charente-Maritime). Elle a notamment « confirmé le caractère excessif des volumes de prélèvement autorisés par l’arrêté du préfet de la Charente-Maritime », rapporte-t-elle dans un communiqué de presse. Portées par le Syres 17 – dont font partie le conseil départemental et la chambre d’agriculture –, ces réserves représentent un stockage total de 1,6 M de mètres cubes d’eau. En juin 2020, le tribunal administratif de Poitiers, saisi par l’association Nature Environnement 17, avait annulé l’arrêté du 21 janvier 2019 par lequel le préfet de la Charente-Maritime avait autorisé le projet de construction et d’exploitation desdites réserves. Il avait émis le motif que « le volume des réserves projetées n’était pas conforme au règlement du schéma d’aménagement et de gestion des eaux (Sage) de la Sèvre Niortaise et du Marais poitevin, dont l’objet est notamment d’assurer une gestion équilibrée et durable de la ressource en eau. »

Assurance récolte : Pacifica veut un accord sur le pool d’assureurs « d’ici fin juin »
L’assureur Pacifica (Crédit Agricole) espère aboutir à un accord avant l’été sur la constitution d’un groupement (pool) avec les autres assureurs habilités à vendre de l’assurance récolte. « L’objectif est extrêmement clair : c’est d’avoir une position claire et définitive d’ici fin juin au plus tard », a déclaré le directeur adjoint de Pacifica Patrick Degiovanni en conférence de presse le 21 février. Les assureurs disposent d’un délai de 18 mois, à compter du 1er janvier de cette année, pour aboutir à une convention de groupement agréée par l’État. Mais, selon Pacifica, « il faudra une bonne année » pour réaliser toutes les démarches et notamment les « études actuarielles nécessaires » permettant de fixer les primes techniques – qui constitueront les tarifs de référence du groupement. D’où la volonté se mettre d’accord sur « un schéma cible » avant l’été. Pour l’heure, les assureurs se réunissent « tous les 15 jours » sous forme d’un « comité ad hoc au sein de France Assureurs », a indiqué Patrick Degiovanni. Ils ont présenté leurs visions respectives du groupement au cours de « quatre présentations », et se réuniront à nouveau « mi-mars » pour faire le point sur « ce qui est commun d’ores et déjà […] et ce qui reste en divergence ».

Foncier : l’examen de la PPL Terlier attendu en avril-mai à l’Assemblée nationale
L’examen de la proposition de loi (PPL) sur le régime juridique des baux ruraux est attendu en « avril-mai » à l’Assemblée nationale, a indiqué le 22 février à Agra Presse son coauteur Jean Terlier (Renaissance, Tarn). « Ma proposition de loi sera portée par le groupe Renaissance » qui doit en faire l’annonce « vraisemblablement au Salon de l’agriculture », déclare-t-il. Cela repousse à « avril-mai » l’examen à l’Assemblée, initialement prévu dans une niche parlementaire en mars sous forme de PPL transpartisane. Le texte est en effet issu d’une mission d’information avec le LR Antoine Savignat, non réélu. Espérant lever des « incompréhensions », Jean Terlier prévoit de rencontrer les organisations agricoles. « Il ne s’agit pas de bousculer les équilibres du statut du fermage », selon lui. Un article de la PPL sur la sous-location est très critiqué par les sections des fermiers (SNFM) et des propriétaires (SNPR) de la FNSEA. « Cette disposition a un garde-fou, puisque le preneur n’est autorisé à consentir des sous-locations qu’avec l’accord du bailleur », répond le député. Jean Terlier explique vouloir régulariser une pratique existante mais illégale.

Crise du bio : une étude ministérielle confirme l’intérêt de plusieurs mesures de sauvegarde
Sur le marché bio, « la tendance baissière devrait se prolonger » prévoit l’étude du cabinet And International réalisée pour l’Agence bio, dévoilée lors d’une réunion avec le cabinet du ministre de l’Agriculture et les acteurs du bio le 21 février. Cette étude avait été annoncée par Marc Fesneau lui-même lors des Assises de la bio organisées début janvier. Objectif : « avoir une compréhension plus fine de la crise ». Les conclusions de cette étude consultée par Agra presse confirment l’intérêt des pistes identifiées par les acteurs de la bio. Face à l’urgence, les auteurs invitent à « mobiliser les outils de gestion de crise » pour financer « du déclassement, du stockage ou de la baisse volontaire de production ». En matière de politiques agricoles, le bureau d’études recommande également de « rouvrir l’aide au maintien », grâce aux aides à la conversion non utilisée. Côté consommateurs, le rapport confirme l’intérêt d’une « grande campagne » de promotion sur les atouts de bio. Autre piste en distribution : « un déstockage limité dans le temps […] pratiqué à prix coûtant ». À plus long terme, le bureau d’études invite à valoriser les services environnementaux de l’agriculture biologique, par exemple à travers un système de bonus/malus sur les productions agricoles. Pour les auteurs, la crise ne doit cependant pas remettre en cause l’objectif de 18 % de SAU bio qui « doit être maintenu, mais décalé de deux ans ».

Crise du bio : les pistes du ministère laissent les professionnels sur leur faim
« À ce stade, le ministère n’a pas encore mesuré l’ampleur de la crise » en agriculture biologique, regrette Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA en charge du bio auprès d’Agra presse. Car lors de la réunion organisée le 21 février avec les syndicats, les chambres d’agriculture et les interprofessions autour d’un éventuel plan de sauvegarde, le cabinet du ministre n’a pas évoqué d’aide directe aux filières touchées, préférant miser sur un soutien accru à la promotion, et sur une application plus stricte d’Egalim. « Le porc, les betteraves, les producteurs de pomme de terre : le carnet de chèque s’ouvre pour tout le monde sauf pour la bio », regrette une source au sein de la Fnab. « La bio fait un AVC et on lui propose un doliprane », s’émeut une autre source suivant de près ces discussions. Alors que l’étude sur la crise financée par le ministre et pilotée par l’Agence bio confirme l’intérêt de plusieurs pistes proposées par ces acteurs, Étienne Gangneron le regrette de son côté : « l’attaque de certains acteurs du bio sur la HVE ne met pas le ministère dans les meilleures dispositions ». Estimant que ces discussions ne représentent que « le début des négociations », le syndicat majoritaire prévoit de « continuer à porter le sujet ».

Lait bio : les pertes des éleveurs estimées à 71 M€ par l’interprofession
Dans un courrier envoyé hier au ministère de l’Agriculture à l’occasion de la réunion des acteurs de l’agriculture biologique, l’interprofession laitière (Cniel) estime que le ralentissement des cours bio et la hausse des déclassements face à la baisse de la demande ont entraîné une perte de 71 M€ pour les éleveurs, depuis le début de la crise. « Nous craignons que ces pertes s’aggravent si les cours des produits laitiers conventionnels retombent », alerte Yves Sauvaget, président de la commission bio du Cniel. Autre indicateur préoccupant : les ventes de produits laitiers bio auraient reculé entre de 9 à 19 % sur les onze premiers mois de 2022 par rapport à 2019. Avec une production stable « les déclassements vont continuer à croître et pourraient alors atteindre 530 Ml en 2023 », soit 43 % des volumes, prévient l’interprofession. « Les opérateurs ne pourront pas maintenir le prix du lait bio, risquant ainsi de mettre en péril la pérennité d‘un certain nombre d’exploitations », s’alarment les professionnels. Alors que Marc Fesneau prévoirait de renforcer l’application d’Egalim ou d’augmenter les moyens pour la promotion, le Cniel estime que ces mesures seront « nécessaires mais non suffisantes » dans le secteur laitier. « Certains producteurs risquent de mettre la clé sous la porte dès le premier semestre si on ne les aide pas », répète Yves Sauvaget, alors que les arrêts de certification ont atteint 3 % en lait en 2022.

Réserve agricole européenne : la question est « comment répartir l’enveloppe » (Fesneau)
Au niveau européen, « tout le monde dit qu’il faut activer la réserve agricole, la question est de répartir l’enveloppe », a affirmé le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau à l’occasion d’une rencontre avec la presse, organisée le 22 février. Plusieurs filières lorgnent les fonds disponibles dans cette réserve, prévue dans le cadre de la Pac en cas de crise, d’un montant de 450 millions (et qui tourneraient autour de 70 millions € pour la France). C’est notamment le cas de la viticulture et du secteur de la fécule, qui, selon le ministre, ont des dossiers pour en bénéficier compte tenu de leurs difficultés découlant de la guerre en Ukraine. Marc Fesneau a précisé que « dans le mécanisme de réserve de crise, il y a également des crédits nationaux, souvent dans un rapport de un pour quatre avec les fonds européens ». Mais au niveau de l’UE quelques États membres restent réticents à l’utilisation immédiate de cette réserve (Danemark, Pays-Bas entre autres). La Commission européenne s’est déjà dite disposée à en débloquer les fonds (notamment pour aider les agriculteurs à faire face à l’envolée des coûts des intrants) dès que les États membres le jugeront nécessaire. Mais aucune proposition formelle n’a encore été mise sur la table.

Apiculture : une proposition de loi pour lutter contre le frelon asiatique
Une trentaine de députés les Républicains ont déposé le 22 février une proposition de loi « relative à la lutte contre le frelon asiatique ». Alors que le sujet faisait partie du « plan pollinisateurs » publié en 2020, « force est de constater que la propagation du frelon asiatique est aujourd’hui plus rapide que la montée en puissance et l’efficacité d’un plan de lutte qui demeure désordonné », regrettent les auteurs dans leur préambule. Sur le plan financier, la proposition de loi « met les frais engendrés par cette lutte contre le frelon asiatique à la charge de l’État », et « notamment les mesures de destruction ». En classant le frelon en nuisible de première catégorie, les députés veulent également permettre aux préfets de déclencher des plans de lutte collective dès l’atteinte de 500 nids dans un département, et des plans de lutte obligatoires dès 1000 nids. Le texte obligerait également à déclarer tout nid auprès de la préfecture. Pour prouver l’intérêt des pouvoirs publics sur le sujet, les parlementaires proposent enfin de créer un délégué interministériel dédié au sujet, et de déclarer la lutte contre le frelon comme « grande cause nationale » en 2024.

Céréales : pour l’heure, la sécheresse n’a pas « compromis » les rendements (Arvalis)
Malgré un « déficit hydrique prononcé la croissance et le potentiel de rendement des céréales ne sont généralement pas compromis pour l’heure », estime François Laurent, directeur en R & D au sein de l’institut technique Arvalis, même s’il reconnaît « qu’en l’absence de précipitations significatives dans les semaines à venir, les réserves en eau du sol, déjà incomplètement rechargées voire entamées, pourraient poser problème en début montaison ». Et d’ajouter que les agriculteurs vont « attaquer la campagne » avec des niveaux de réserves « que l’on connaît habituellement à la mi-mars voire au début du mois d’avril ». « La France est en état d’alerte », a reconnu le 22 février le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu sur FranceInfo. La France métropolitaine n’a pas connu de véritable pluie depuis le 21 janvier, soit une série de 32 jours consécutifs, a alerté Météo France dans un bulletin du 22 février. Selon le service météorologique, c’est « du jamais vu tous mois confondus depuis le début des enregistrements en 1959 ». En plus du manque de pluie, « il fait plus chaud que la norme en France depuis douze mois d’affilée », rapporte Météo France, qui prévient que le mois de février « pourrait être le treizième de cette série inédite » depuis les premières données fiables de 1947. Une réalité observée par François Laurent, qui précise que « les excès thermiques généralisés pour les mois d’automne et d’hiver ont entraîné des levées rapides et des tallages précoces et surabondants ».

Volailles de chair : la filière démarre l’année 2023 à -6 % en raison de l’influenza
En raison des conséquences de l’influenza aviaire, les mises en place de volailles de chair ont reculé de 6,4 % fin 2022 (par rapport à fin 2021), a indiqué l’interprofession Anvol lors d’une conférence de presse le 22 février. Cette baisse touche particulièrement les canards (-37 %), les pintades (-13 %) et les dindes (-12 %), quand les poulets restent « relativement épargnés » (-4 %), selon le président d’Anvol Jean-Michel Schaeffer. Canards et dindes sont réputés plus sensibles à l’influenza, et la maladie a ravagé début 2022 les Pays de la Loire, qui produisent trois quarts des canetons français. L’épizootie a donc renforcé la « prédominance » du poulet en France (trois quarts des volailles consommées, 50 % d’importations). En revanche, les poulets label « marquent le pas », pénalisés par le contexte inflationniste qui a provoqué la crise de consommation de la bio. Fin 2022, les mises en place de poulets bio se sont effondrées de 25 % sur un an, quand celles de poulets Label rouge ont perdu 9 %. La production globale de volailles françaises devrait donc baisser en 2023, après une chute de 7,6 % en 2022 (à 1,5 Mt), déjà à cause de l’influenza. Rétrogradée 4e producteur européen, la France reste toutefois « la championne de la consommation de volailles en Europe », avec 1,9 Mt (+0,4 %) en 2022.

Volailles : la filière française « rassurée » sur le dossier de l’étiquetage du plein air
« Nous sommes plutôt rassurés par le compromis qui a été trouvé » sur la révision des normes européennes de commercialisation de volailles, a déclaré Bernard Tauziat, le président du Synalaf (volailles label) le 22 février. La Commission européenne devait publier sa nouvelle proposition le même jour, a-t-il confirmé lors d’une conférence de presse d’Anvol (interprofession des volailles de chair). Comme annoncé par Bruxelles, ce texte n’introduira pas de nouvelle mention valorisante en plus des cinq existantes*. Et les États membres ne pourront pas proposer d’informations complémentaires sur le plein air, mais seulement sur les mentions relatives à l’alimentation et aux systèmes extensifs en bâtiment. Le texte de Bruxelles doit encore « être validé par le Parlement européen, ce qui « peut prendre un mois », selon M. Tauziat. « Ce n’est pas encore gagné, il faut que l’on reste mobilisé », a nuancé le président d’Anvol Jean-Michel Schaeffer. Selon cet éleveur alsacien, « nous sommes ouverts à la valorisation des autres modèles d’élevage, mais toujours dans l’esprit d’une bonne information du consommateur ». Championne européenne du plein air (20 % de la production), la filière française craignait de voir « se multiplier des mentions fantaisistes pour qualifier les modes d’élevage, sans aucun cadre ni contrôle ».
* « Alimenté avec X % de… », « Élevé à l’intérieur - système extensif », « Sortant à l’extérieur », « Fermier - élevé en plein air », « Fermier - élevé en liberté ».

Fruits et légumes sans pesticides : +20 % de volumes pour le ZRP en 2022
Le collectif Nouveaux champs a annoncé une croissance de 20 % de ses volumes commercialisés sous la certification zéro résidu de pesticides (ZRP) en 2022, en conférence de presse le 22 février. Soit « un peu plus de 25 000 t » commercialisées, a indiqué le président du collectif Gilles Bertrandias. Le ZRP affiche une hausse du chiffre d’affaires (CA) de 9 %, à 57 millions d’euros. Cette croissance est tirée par « la percée significative » des produits surgelés, qui pèsent 18 % de la part de marché en volumes, a analysé M. Bertrandias. Au pôle des fruits et légumes frais (87 % du CA), les volumes de légumes sont « plutôt » en hausse tandis que les volumes de fruits sont « plutôt flat », selon Gilles Bertrandias. Il a pointé « un déficit d’activité sur les produits d’hiver », notamment en pommes et pomme de terre. La difficulté, a-t-il expliqué, est que les produits ZRP sont généralement emballés (pour faciliter l’identification et éviter le mélange de produits, N.D.L.R.). Or la pomme et la pomme de terre sont souvent achetées en vrac. « [Nous menons des travaux] pour reprendre des espaces sur du cœur de gamme zéro résidu, de manière à muscler effectivement une production hivernale et une présence hivernale du label », a indiqué le président de Nouveaux champs.

Fruits et légumes : des supermarchés britanniques rationnent face à des pénuries
Pas plus de trois lots de tomates, poivrons ou brocolis : les supermarchés britanniques sont actuellement touchés par une pénurie de certains fruits et de légumes qui pousse certains magasins à rationner le nombre de produits par client. « Les conditions météorologiques difficiles dans le sud de l’Europe et en Afrique du Nord ont perturbé la récolte de certains fruits et légumes, notamment les tomates et les poivrons », a indiqué Andrew Opie, un responsable de la fédération de commerçants BRC. La fédération a confirmé à l’AFP que certains magasins dans le pays ont introduit des limites temporaires sur le nombre de produits que les clients peuvent acheter pour garantir la disponibilité pour tout le monde. Les perturbations « devraient durer quelques semaines », a ajouté M. Opie. « Les supermarchés sont à même de gérer les problèmes de chaîne d’approvisionnement et travaillent avec les agriculteurs pour garantir que les clients puissent accéder à une large gamme de produits frais. » « Comme d’autres supermarchés, nous rencontrons des difficultés d’approvisionnement pour certains produits cultivés dans le sud de l’Espagne et en Afrique du Nord », a pour sa part indiqué un porte-parole de la chaîne de magasins Asda dans une déclaration transmise à l’AFP. « Nous avons introduit une limite temporaire de trois pour chaque produit sur un très petit nombre de fruits et légumes », a-t-il ajouté. La mesure vise les lots de tomates, poivrons, concombres, laitue, salade, brocoli, chou-fleur et framboises.

Salon de l’agriculture : l’Inrae veut parler d’alimentation saine et durable
« Pour nourrir sainement 9 milliards d’habitants en 2040 tout en préservant le climat et les écosystèmes, tout le monde ne pourra pas consommer autant de viande que les Européens et les Américains », résume Philippe Mauguin, p.-d.g. d’Inrae, à l’occasion d’une conférence de presse de l’institut de recherche. Pour cette édition du Salon de l’agriculture, l’Inrae mettra donc en avant les recherches visant à réconcilier la réduction des effets de l’alimentation sur l’environnement tout en préservant la santé. Espérant augmenter la part de légumineuses dans les assiettes, les scientifiques présenteront aux visiteurs les travaux en cours « pour comprendre les changements de comportements alimentaires », détaille Benjamin Allès, épidémiologiste de la nutrition. Sophie Layé, directrice de recherche à l’institut montrera de son côté avec ses équipes comment une alimentation « plus végétale, plus équilibrée, et moins transformée peut protéger nos cerveaux ». Côté innovation, le public pourra également découvrir les atouts des insectes en nutrition humaine « pour réduire les consommations d’eau et les gaz à effet de serre mais aussi gérer les biodéchets », souligne Monique Axelos, directrice de recherche. « Les transitions de l’agriculture et de l’alimentation doivent aller de pair », appuie Philippe Mauguin.