Concilier pâturage et hautes productrices
L’herbe de printemps couvre aisément les besoins d’une vache produisant 24 à 26 kg de lait. Mais au-delà, une complémentation à l’auge est nécessaire. Comment profiter au mieux de l’intérêt économique de l’herbe pâturée tout en couvrant les besoins de hautes productrices ? Les réponses d’Acsel Conseil Élevage.

« Le nombre de vaches de mon troupeau augmente et les vêlages sont de plus en plus étalés. Je souhaite continuer le pâturage pour l’intérêt économique mais elles n’expriment pas leur potentiel ou ne mangent pas l’herbe disponible. Comment valoriser la pâture sans perdre de lait ? ». Telles sont les questions auxquelles sont confrontés les éleveurs face à la difficulté de valoriser le pâturage avec des laitières en début de lactation ou hautes productrices.
Au printemps, l’herbe est extrêmement riche et couvre aisément 24 à 26 kg de lait. Au-delà, une complémentation à l’auge est nécessaire. Mais il faut aménager la ration distribuée, pour valoriser 5 à 10 kg de matière sèche par le pâturage.
La sortie au pré se fait dès que les sols sont portants. Pour toutes les vaches, une transition est indispensable pour adapter la flore ruminale au nouvel aliment. Les jours pluvieux sont encore nombreux en mars/avril. Il ne faut pas d’à-coup si les animaux doivent rester quelques jours dans le bâtiment.
Quand l’herbe ne suffit pas
Une vache ingère environ 2 kg de matière sèche par heure au pré. Les déplacements, la teneur en eau de l‘herbe et l’obligation pour l’animal de rechercher sa nourriture, ralentissent son ingestion. Il lui faut donc du temps pour consommer une ration. Si l’herbe est appétente et facilement préhensible (8 à 12 cm à l’herbomètre), l’ingestion totale est d’environ 17 kg de matière sèche par jour. Avec des valeurs de 0,95 - 1 UFL et 100-120 PDI, l’herbe seule couvre autour de 25 kg de lait. Pour des vaches plus hautes productrices, cette ingestion sera insuffisante pour couvrir les besoins de production. Une complémentation à l’auge est nécessaire. Il est donc important de se fixer un maximum d’ingestion de matière sèche en herbe (entre 5 à 10 kg) et d’ajuster les compléments. La substitution de l’herbe par le fourrage peut être élevée si les aliments sont de moins bonne valeur UEL que la pâture.
L’intérêt aussi de ces rations mixtes permet largement d’atténuer les variations de lait au tank. Elles permettent aussi de réduire voir de ne plus avoir de risques de tétanies.
La ration après…
Les aliments distribués à l’auge vont permettre d’augmenter l’ingestion totale. Mais pour continuer de valoriser la pâture, il est important de sortir les animaux sans donner la ration avant la sortie. Si les vaches ont faim, elles consommeront mieux, sans gaspillage. De plus, le piétinement sera limité. C’est important lors de conditions de portance humides. L’objectif est d‘avoir des laitières qui mangent en sortie de stabulation au lieu de se coucher dans l’herbe. La distribution, réalisée avant la rentrée des animaux, facilite le retour dans le bâtiment.
Les travaux menés par l’Inrae ont montré que les vaches peuvent s’adapter à des temps de pâturage courts (quatre heures). Elles ingèrent presque autant qu’en huit heures. Cette technique est particulièrement utile dans les périodes de transition. Elle ne pénalise pas la production laitière et permet une valorisation de 6 à 10 kg de matière sèche d’herbe. Le pâturage de courte durée est aussi adapté à la traite robotisée. Deux à trois heures à l’herbe ne pénalisent pas le fonctionnement d’un robot non saturé.
Sortie de parcelles à 6 cm
Plus l’herbe disponible est rase, plus la vitesse d’ingestion est lente. Pour assurer une production de lait élevée et régulière avec la pâture, les laitières doivent trouver facilement leur ration. Avec des vaches hautes productrices, les hauteurs de sortie de parcelle sont autour de 6 cm herbomètre. La gestion des surfaces offertes risque d’entraîner du gaspillage et des refus. La valorisation totale de l’herbe disponible sera inférieure à celle d’une ration 100 % pâture. Les rythmes de rotation sur les parcelles sont plus rapides. Des mesures de croissance et de volume d’herbe disponible, réalisées à l’herbomètre, sont très utiles pour aider la gestion de la rotation.
Anne Blondel - Encadrement technique - ACSEL Conseil Élevage