Microméthanisation
Source d’énergie et d’économie pour les fermes

Proposée comme une solution possible, ou en tout cas à étudier, la microméthanisation peut représenter une diversification intéressante. Les coopératives régionales d’Alliance BFC ont en tout cas présenté à leurs coopérateurs le projet d’unités individuelles portées par Agripower. Des petites solutions intéressantes là où les installations collectives ne sont pas réalisables.

Source d’énergie et d’économie pour les fermes

Agripower est à l’origine une entreprise belge, dont le siège social français est basé en Loire-Atlantique. Depuis 2018, cette société développe des unités de méthanisation individuelles et collectives essentiellement en Bretagne et dans le nord de la France. Elle en compte actuellement soixante-quinze en fonctionnement. Des « petites » unités, destinées aux élevages laitiers, auxquelles se sont intéressées de près les coopératives régionales réunies au sein d’Alliance BFC et dont Bourgogne du Sud fait partie.

Profil recherché

« Nous avons présenté ces types de projets aux coopérateurs à l’automne dernier, présente Régis Dumey, responsable de lɑ commission Productions animales de l’union, et actuellement, quatre installations sont déjà à l’étude », chez Bourgogne du Sud.

Le principe de ces unités de microméthanisation est de générer un biogaz, alimentant un moteur produisant l’électricité revendue. « Pour l’instant, il reste plus intéressant de revendre l’électricité que de l’autoconsommer », précise encore l’éleveur laitier de Saint-Loup-Géanges.

Mais pour être amortissable, le profil des exploitations concernées reste assez précis : le schéma le plus développé est celui de la voie liquide et il faut donc des effluents d’élevage en quantité importante et constante toute l’année. « Le profil recherché est donc celui d’élevage laitier de minimum 100 vaches en stabulation pour assurer la production de lisier toute l’année », précise Régis Dumey, qui poursuit : « 50 à 60 % des exploitations laitières du département pourraient correspondre… »

Apporteur de solutions

Les quatre premiers éleveurs laitiers du département qui se sont montrés intéressés ont tous un même profil : robot de traite et animaux en logettes.

Parmi ceux-ci Régis Dumey donc. Celui-ci est en train de s’occuper de tout le volet administratif et espère voir fonctionner son unité de microméthanisation au printemps 2023.

Si les membres d’Alliance BFC jouent dans ce dossier le rôle de facilitateur de projet, la chambre d’agriculture vient en soutien des agriculteurs si besoin pour monter leur dossier. Ces derniers peuvent également solliciter une aide de l’Ademe s’ils valorisent la chaleur issue du moteur générant l’électricité… (par exemple pour chauffer leur maison ou séchage des céréales).

Voie liquide / voie sèche

Si les premières installations prévues dans le département concernent des élevages laitiers, car étant basées sur le concept de voie liquide, les autres types d’élevage pourraient bientôt avoir une solution de microméthanisation adaptée à leur fonctionnement. « La société Agripower a lancé ses premières unités en voie sèche et porte beaucoup d’espoir dans cette technologie ». Cette fois, c’est donc du fumier (produit par les bovins, mais aussi les porcs, ovins, volailles, etc.) qui serait utilisé comme effluent d’élevage et il faudra trouver une source d’apport au digesteur lors des mois de l’année où les animaux seront à l’extérieur.

Du côté des coopératives régionales, on souhaiterait d’abord « vérifier la rentabilité et la cohérence dans les systèmes allaitants sur une ou deux exploitations avant de le proposer » de façon plus générale. Tout en suivant de près cette éventualité…

Concrètement

« Nous nous basons sur un fonctionnement annuel de 8.000 heures, avec un contrat de vente de l’électricité sur 20 ans avec prix bloqué », explique Régis Dumey.

De plus, dans le contexte de stratégie carbone, « on peut tout à fait envisager que cela entrerait dans le cadre de vente de crédit carbone, un argument commercial important », relate l’éleveur.

Côté installation, cela se traduit par un module d’une quinzaine de mètres de diamètre, de 2,5 m de haut, avec une structure à proximité abritant le moteur de cogénération (6 m x 2,5 m).

Conception standardisée, il faut compter environ deux jours de montage… et un investissement compris entre 250.000 et 300.000 € (auxquels ajouté le coût du génie civil), soit avec un amortissement à prévoir sur 10-15 ans.

L’idéal est de pouvoir installer la station à la sortie de la stabulation « pour éviter tout transport du lisier et du fumier ».

Le concept se développe sans nécessiter l’emploi le Cive, « évitant tout risque de concurrence avec l’alimentation des animaux ».

Ces installations relativement simples requièrent « une surveillance quotidienne mais rapide, elles ne demandent donc pas une réorganisation du travail », présente enfin Régis Dumey.