Filière viticole
Les ventes au détail profitent peu de la fermeture des restaurants

À la différence de la bière, les achats de vins tranquilles en grandes et moyennes surfaces ont très peu progressé en 2020. Quant aux effervescents, ils ont traversé une année noire.

Les ventes au détail profitent peu de la fermeture des restaurants

Les ventes en GMS (tous circuits confondus, hors cavistes) ont connu une très légère hausse en 2020, après des années de repli, indique le bilan des ventes de vins tranquilles en grande distribution en 2020 établi par l’institut Iri à la demande de FranceAgriMer et des interprofessions viticoles (CNIV). La progression s’établit à +1,1 % en volume, soit 10 millions d’hectolitres (hl) et +1,3 % en valeur (4,69 milliards d’€), avec un prix moyen qui est resté stable (4,70 € par litre).

Dans un contexte de crise sanitaire, notamment marquée par la fermeture durable des bars et restaurants, cette croissance apparaît très relative. L’institut Iri fait ainsi observer que la progression des vins tranquilles est inférieure à celle de la moyenne des liquides en grandes surfaces (+1,5 % en volume et +3,4 % en valeur) et très en-deçà par exemple des ventes de bières qui se sont envolées dans les rayons de 7,2 % en volume et même 10 % en valeur. « Il est important de souligner que (la) hausse des ventes en grande surface ne compense pas les pertes liées à la fermeture de la restauration », observe ainsi la note de conjoncture de FranceAgriMer.

Des évolutions préoccupantes

Si l’année 2020 s’est révélée très atypique d’un point de vue commercial, elle a confirmé certaines tendances de fond préoccupantes pour l’équilibre de l’économie viticole. Le vin rouge, socle et étendard du vignoble français, continue en particulier de perdre du terrain. Les ventes sont en baisse, plus marquée encore en valeur qu’en volume, au bénéfice des vins blancs et des rosés qui grignotent chaque année des parts de marché. Plus de 60 % des gains du marché ont été réalisés l’année dernière par les vins rosés tandis que les vins rouges représentent désormais moins d’une bouteille sur deux vendues en grande distribution. En volume, le rosé (35 % des ventes) se rapproche inéluctablement du rouge (45 %).

L’autre évolution marquante de l’année, c’est la confirmation de la croissance des vins IGP (avec ou sans mention de cépage), au détriment des vins AOP. Les ventes de cette catégorie ont progressé de 5 % à 7 % en volume et en valeur et surtout concentré l’intégralité des gains du marché. À l’inverse, les ventes d’AOP ont à nouveau reculé d’un peu moins de 1 % en moyenne, en volume comme en valeur. En volume, les vins AOP pèsent désormais moins d’une bouteille sur deux (44 %), devant les IGP (33 %), en progression constante et les vins sans indication géographique (22 %), dont un tiers de vins de France.

Si l’évolution des différents signes de qualité n’a en soi rien d’alarmant, elle dénote cependant une tendance à la moindre valorisation du vin dans les grandes et moyennes surfaces. L’évolution des ventes par conditionnement témoigne également de cette évolution. Après avoir atteint un plateau ces dernières années, les ventes de vins tranquilles en bag-in-box (Bib) se sont envolées de 9,1 % en volume et de 10,8 % en valeur par rapport à l’année dernière. Les ventes sous cette forme représentent près d’une bouteille sur deux en volume (43,6 %), un taux record. Une croissance que les confinements et les réflexes de stockage ont accéléré mais qui se traduit également par une moindre valorisation du prix du vin.

Les bulles boivent la tasse

La crise sanitaire et les contraintes liées au confinement ont particulièrement lésé les vins effervescents, dont la consommation est souvent liée aux rassemblements. Les ventes ont baissé en moyenne d’environ 7 % en volume et 5 % en valeur, avec des fortunes diverses suivant les catégories. La catégorie-reine du champagne, très affectée lors des confinements, est parvenue à limiter la casse (-4 % en volume) grâce à un rebond spectaculaire des ventes pendant les fêtes de fin d’année. Les vins effervescents AOP, crémants en tête, n’ont pas bénéficié de cette aubaine et chutent plus lourdement (-12 %), tout comme les vins issus de cuves closes et les méthodes traditionnelles (-6 %). Les vins d’entrée de gamme, pétillants et aromatisés alcoolisés, subissent quant à eux un brutal déclassement (-22 %). Il est à noter que les effervescents étrangers, notamment le prosecco italien, ont connu une évolution inverse, avec des ventes en hausse de 17 %.