Jean-Christophe Vanier a repris la maison Gauthier il y a huit ans. La concession compte aujourd’hui huit sites sur trois départements et elle a multiplié par 2,4 son chiffre d’affaires. Portrait.

Préserver la relation humaine
Pour Jean-Christophe Vanier, le nerf de la guerre, c’est la qualité du dépannage, la rapidité d’intervention, l’importance du stock de pièces détachées, voire quelques machines de remplacement en cas d’avaries.

Jean-Christophe Vanier est à la tête de la concession Matériel Agricole Gauthier depuis huit ans. La maison Gauthier est née il y a environ 80 ans et l’entreprise est restée aux mains de la famille fondatrice jusqu’en 2013. L’affaire a alors été rachetée par Jean-Christophe Vanier qui voulait diriger sa propre entreprise. Natif de l’Isère, Jean-Christophe Vanier a débuté sa carrière dans le secteur de l’automobile. Pendant dix ans, il a été dirigeant dans un grand groupe de concession automobile avant que l’envie de devenir son propre patron ne le gagne la quarantaine venue. Sa rencontre avec les propriétaires d’une grande concession agricole de la région Rhône-Alpes l’a amené à s’intéresser au secteur agricole. « Diriger une concession de matériel agricole, c’est assez proche de l’automobile pour ce qui est de la gestion, du management (marques, mécaniciens, vendeurs…). Mais la relation avec le client est plus forte ». Et c’est bien ce qui motivait l’entrepreneur.

Nouveaux territoires

Repreneur de 100 % du capital de Matériel Agricole Gauthier (MAG), Jean-Christophe Vanier est « arrivé avec son savoir-faire, sa méthode, son expérience… », comme il le dit lui-même. La concession a étendu son territoire en reprenant plusieurs entreprises voisines. Elle y a développé des « bases intégrées » avec des équipes renforcées. En huit ans, MAG est passé de trois à huit sites et le chiffre d’affaires a grimpé de 10 millions d’euros à 24 millions d’euros, fait valoir le patron. Aujourd’hui, MAG est implanté dans trois départements sur les communes de Saint-Germain-du-Bois, Allerey-sur-Saône, Saint-Trivier-de-Courtes (01), Autun, Menois (39), Génelard, Poligny et Cize (39). Les deux derniers sites jurassiens proviennent de la reprise de la société Stephagri en 2020. MAG fait partie d’une holding (JCV Agri) détenue elle aussi par Jean-Christophe Vanier. Au sein de cette holding, l’entrepreneur a racheté l’enseigne de matériel agricole et espace vert Chamoux-Vidonne en Haute-Savoie. Il détient aussi la maison Richy et fils à Lugny, Davayé et Rully, spécialisée dans la viticulture. JCV Agri réalise un chiffre d’affaires consolidé de 45 millions d’euros et emploie 140 salariés.

Une marque leader sur le marché

Concessionnaire New Holland, MAG détient la deuxième marque de tracteur en France et dans le monde en termes de parts de marché. Dans sa parure jaune, la marque serait même à la première place ex aequo sur le marché des moissonneuses-batteuses. MAG vend une centaine de tracteurs bleus par an sur son périmètre et 18 moissonneuses-batteuses jaunes. L’entreprise de Jean-Christophe Vanier a même l’honneur d’avoir commercialisé en Saône-et-Loire l’une des plus grosses machines au monde ! Il s’agit d’une moissonneuse New Holland CR 1090 équipée d’une coupe de 13,70 m de large ! « New Holland est la dernière marque au monde à produire la totalité de ses pièces », fait valoir le concessionnaire. « Elle développe le travail du sol, les travaux publics, le matériel de fenaison et même une huile spécifique. New Holland commercialise un tracteur autonome électrique et elle est la première à sortir un tracteur au méthane que j’espère bien présenter en Saône-et-Loire cette année », confie Jean-Christophe Vanier. La marque représente 55 % du chiffre d’affaires de MAG. Les autres marques phares de la concession sont Kuhn, Amazone, Horsch et Berthoud.

Investir dans la formation

« Dans la région, la diversité des productions (culture, élevage, vigne, maraîchage…) est une force pour nous. Elle nous rend moins fragiles face aux crises », confie le chef d’entreprise. Mais cela oblige aussi à plus de compétences et la réussite de la concession repose sur ses hommes, estime Jean-Christophe Vanier. « Nous avons beaucoup dépensé en formation. Nous avons le projet de créer une formation dédiée au sein même de notre groupe. Nous avons de quoi constituer un groupe de 15 jeunes en formation bac pro ou bac + 2 chez nous. Cinq postes de mécaniciens sont à pourvoir », confie le dirigeant.

Très attaché au bien-être de ses collaborateurs, Jean-Christophe Vanier informe que les salaires dans le machinisme agricole sont plus élevés que dans le secteur automobile ou les poids lourds. « L’astreinte est certes plus importante en agriculture avec la nécessité d’assurer un service 24 h/24 et 7 jours/7. Pendant le confinement, les salariés du machinisme agricole ont continué de travailler alors que la plupart des autres salariés étaient à la maison », fait remarquer le patron.

L’accompagnement du client

« 75 % de mes équipes se consacrent à l’après-vente », confie Jean-Christophe Vanier. Une façon de dire que le nerf de la guerre, c’est la qualité du dépannage, la rapidité d’intervention, l’importance du stock de pièces détachées, voire quelques machines de remplacement en cas d’avaries… Tout réside dans l’accompagnement du client, le service. « Il n'y a aucun autre métier au monde (l’agriculture) où l’on travaille pendant un an sans savoir ce qu’on va vendre à la fin », commente le dirigeant qui connait bien la situation de ses clients. Malgré la taille importante de la concession, Jean-Christophe Vanier tient à ce qu’elle conserve un lien étroit avec les agriculteurs. « On sait les aider quand il y a besoin », confie le chef d’entreprise. Cet accompagnement vaut aussi pour le financement du matériel à étudier au cas par cas, complète-t-il.

« Nous avons assisté à une évolution énorme du matériel en dix ans. Les automoteurs sont aujourd’hui équipés de cabines climatisées, filtrées, pressurisées. Les moteurs sont passés à la norme Tier V et à l’Ad Blue. On met vingt fois moins de produits pour traiter et on a désormais des outils de précision… Toutes ces nouvelles technologies ont permis de maintenir le marché du machinisme. Les agriculteurs sont moins nombreux, mais les surfaces résistent ce qui explique que la mécanisation progresse quand même », confie Jean-Christophe Vanier. Mais cette tendance est tout de même dopée par des aides, des obligations réglementaires, fait remarquer l’entrepreneur. « Avec une rentabilité de seulement 2 %, le secteur du machinisme reste fragile », estime-t-il. D’autant que « les concessionnaires doivent acquérir des stocks considérables en valeur, que les prix des matières premières mondiales sont en hausse, que des problèmes d’approvisionnement sont à craindre dans l’été 2021… », conclut Jean-Christophe Vanier.