Section avicole de la FDSEA
En première ligne face à la hausse des charges !

Si l’ensemble des productions agricoles du département a été impacté par la hausse des charges, c’est tout particulièrement le cas de la filière avicole. Un secteur pour lequel les conséquences du conflit ukrainien peuvent être lourdes et multiples. Face à cette situation, le conseil d’administration de la section avicole de la FDSEA 71 s’est réuni le 1er avril dernier. L’occasion d’un vaste tour d’horizon des dossiers d’actualité.

En première ligne face à la hausse des charges !

La réunion débutait par un tour de table permettant de faire un point sur les différentes productions. Premier constat, en volailles "label", la hausse du coût de l’aliment a été relativement bien répercutée comme l’indiquait Stéphanie Lorton de Saint-Bonnet-de-Joux. Un constat partagé par le président de la section avicole. Loïc Lacroix rappelait alors les outils mis en place par la profession permettant « normalement de répercuter de manière réactive » sur les prix, les hausses de charges « de manière régulière », tous les trimestres. Élément d’autant plus important avec une hausse probable de l’ordre de 150 euros dans les quatre mois à venir. En effet, depuis la guerre en Ukraine, toutes les économies sont prises au dépourvu. « Pour l’instant, la hausse est répercutée mais cela semble se compliquer en raison des hausses de charges à tous les maillons de la filière. Si les coûts d’énergie augmentent encore, les marges restantes vont disparaître et la synergie des différents maillons va se fragiliser de plus en plus », craint-il.

Certains éleveurs soulignaient déjà que « les saisies avaient été divisées par deux ». Pour la production cunicole, Franck Royer dénonçait le fait que « son abatteur n’indexait pas les prix sur la hausse des coûts d’aliments ». D’autant plus inquiétant avec la crainte d’une hausse de 100 euros de l’aliment d’ici juin. Il soulignait également que la filière lapin continue de manière régulière de perdre des éleveurs au niveau national, avec une double problématique de renouvellement des générations et d’évolution des habitudes de consommation. Des habitudes qui ont, au final, peu évolué dans « le monde d’après » puisque les découpes de volailles continuent d’avoir le « vent en poupe » en termes de consommation au détriment des pintades, dindes et autres volailles nécessitant une préparation plus chronophage. Les membres de la section se faisaient également l’écho d’inquiétudes fortes liées à la situation en Ukraine, alors qu’une grande partie des volailles françaises est nourrie avec du blé ukrainien… Sans parler des craintes d’envolée du prix du gaz si le conflit devait durer…

Plan de résilience : une lecture mitigée…

Une présentation était ensuite réalisée du plan de résilience dont le volet agricole a été annoncé par le ministre de l’Agriculture début mars. Parmi les mesures annoncées, deux pourraient tout particulièrement intéresser les producteurs avicoles. Tout d’abord, l’aide aux éleveurs « fortement dépendants à l’achat d’aliments » (aliments ou matières premières). Pour celle-ci, une enveloppe de 400 millions d’euros est annoncée avec une aide sur quatre mois. Il faudra avoir subi une hausse de 35 % des coûts alimentaires en comparant avril et juillet 2022 et avril et juillet 2021. Si la mesure semblait intéressante dans l’absolu, les éleveurs présents ont souligné plusieurs inquiétudes. La question de l’autoconsommation se pose, puisque celle-ci rendrait de facto plus difficile l’atteinte du critère de la part d’aliments dans les charges.

Une fois de plus, la crainte était exprimée que les éleveurs ayant fait le choix de se diversifier et donc d’avoir plusieurs ateliers se retrouvent pénalisés, comme dans d’autres dispositifs (fonds de calamités notamment).

Autre mesure annoncée, il s’agit du soutien aux entreprises consommatrices d’énergie et tout particulièrement pour les entreprises dépendantes au gaz et à l’électricité (au moins 3 % des charges). Là aussi, si les éleveurs se montraient satisfaits que cette problématique soit prise en compte, les craintes étaient fortes de ne pas rentrer dans les critères. Ainsi, il est nécessaire que les charges d’énergie représentent au moins 3 % des charges, ce qui n’est pas toujours le cas ; des efforts importants ayant été faits justement pour limiter ces charges.

Plan bâtiment : la sonnette d’alarme est tirée ! 

Dernier sujet d’inquiétude d’un conseil d’administration décidément bien chargé, il s’agit de la problématique du plan Bâtiment (PCAE) annoncé dans la nouvelle Pac à partir de 2023. En effet, dans le cadre de la future programmation, le Conseil régional prévoit de ne plus accompagner la création de nouveaux bâtiments d’élevages hors sol. Les aides aux bâtiments seraient uniquement réservées aux productions sous signes de qualité (AOP, IGP, AB, Label Rouge, etc.). Les rénovations et aménagements des élevages hors sol resteraient éligibles dans une phase de transition. Président du Corel avicole régional, Louis Accary faisait part de ses vives inquiétudes, en soulignant notamment « qu’anéantir la production de volailles standard allait aussi en cascade pénaliser la filière label ». Chaque type de production répondant à des segments de marchés complémentaires et qui ne peuvent pas nécessairement se substituer l’un à l’autre. Il soulignait aussi le poids économique d’une filière avicole qui emploie près de 3.000 salariés en direct dans la Région Bourgogne Franche-Comté. Il rappelait enfin que l’autonomie alimentaire n’est pas atteinte en région sur la production avicole et que la plupart des matières premières utilisées en production avicole sont produites localement. Face à cette situation inquiétante, des rencontres sont prévues très prochainement avec le Conseil régional Bourgogne Franche-Comté.