Elections régionales : Quelles conséquences après l'alliance gauche-écologistes ? Y aura-t-il un loup caché ?

Arrivée en tête à l'issu du premier tour, la liste PS-PRG-PCF emmenée par Marie-Guite Dufay, la présidente sortante du Conseil régional de BFC, a conclu un accord avec la liste Ecologistes et Solidaires de Stéphanie Modde. Si cet attelage remporte les élections, au soir du 27 juin, comment seront traités les dossiers agricoles ? Et notamment la question des loups ?

Elections régionales : Quelles conséquences après l'alliance gauche-écologistes ? Y aura-t-il un loup caché ?
Les représentants de la nouvelle alliance pour le second tour des élections régionales ont donné une conférence de presse à Dijon le 21 juin.

L'abstention. Ce mot était sur toutes les lèvres, lundi 21 juin, au moment où, dans un hôtel dijonnais, Marie-Guite Dufay et Stéphanie Modde officialisaient leur accord, en vue du second tour des élections régionales du 27 juin. Pour la présidente sortante du Conseil régional de Bourgogne Franche-Comté (BFC) comme pour la candidate écologiste, la maigreur de la participation des électeurs au vote du premier tour reste un sujet de préoccupation. Notamment parce qu'il pose la question de la mobilisation pour le second tour de ces mêmes électeurs en général, et de ceux du Rassemblement national en particulier. Ce parti, représenté par Julien Odoul, s'est hissé à la seconde place, à trois points de Marie-Guite Dufay mais avec un nombre de voix très inférieur à ce qu'il avait été lors des précédentes régionales, en 2015. Le potentiel de voix mobilisable au second tour apparaît donc comme important, sur le papier. 

Points de vue partagés sur la souffrance agricole


En attendant, le monde agricole est en droit de s'interroger face à l'accord électoral conclu entre la liste PS-PRG-PCF arrivée en tête, et Ecologistes et Solidaires, ayant dépassé la barre de 10 % des suffrages lors du premier tour. Sur le loup, sur la gestion de l'eau ou sur l'accompagnement du développement du bio, les deux listes ne cultivent pas des approches strictement identiques. Parviendront-elles à s'entendre ? Sur la question du loup notamment, Marie-Guite Dufay avait rappelé, lors d'une rencontre organisée le 1er juin, que les éleveurs ovins devaient obtenir le statut d'exploitation non-protégeable, facilitant les prélèvements de loups. Lors de cette même rencontre, Claire Mallard, (Ecologistes et Solidaires), avait considéré qu'on doit faire avec ce prédateur et qu'il fallait plutôt imaginer des solutions de cohabitation.

Questionnée le 21 juin, la présidente sortante a un peu botté en touche, estimant que la question du loup ne résumait pas à elle seule les difficultés de l'agriculture. Marie-Guite Dufay comme Stéphanie Modde reconnaissent la réalité de la souffrance du monde agricole. Une réalité sur laquelle il va falloir travailler dans un contexte marqué par la transition écologique à l'œuvre. « Je sais, précisait Marie-Guite Dufay, que pour que cette transition écologique réussisse, il faut embarquer toute le monde. Je pense à l'agriculture, qui a besoin d'évoluer mais pour laquelle il faudra être très attentif, notamment sur sa souffrance ». Pour Stéphanie Modde il faut « répondre à cette souffrance, accompagner les agriculteurs et il faut une volonté politique pour emmener tout le monde ». Elle a convenu que l'accord de second tour était un peu « en-deça de ce que nous pouvions espérer, mais les engagements pris sur la transition écologique me confortent. Tout ce qui touche à une agriculture paysanne nous intéresse ». 

Accompagner les efforts

Sur le bio, Marie-Guite Dufay souligne que beaucoup a déjà été fait en termes de moyens, mais elle a redit son inquiétude face aux arbitrages réalisés au niveau national qui, de son point de vue, ne favorisent pas la filière. « Sur ce point, déplorait-elle, les leviers principaux sont nationaux ou européens, mais nous serons extrêmement vigilants sur cette filière. Rien ne nous oppose aux écologistes dans ce domaine. Sur l'agriculture, de manière plus générale, il faut accompagner les efforts de toutes les exploitations pour lutter contre les effets du changement climatique. Dans le mandat précédant nous avons mis en œuvre des procédures qui aident les exploitants à ne pas aller dans le mur, à diversifier leurs productions, à faire évoluer leurs méthodes de cultures... cela demande du temps et des moyens. Nous allons continuer et même accélérer. Il y faudra de la pédagogie mais c'est l'aspect le plus noble de la politique ». Pour Stéfanie Modde, l'un des leviers importants à activer est celui de la restauration collective : « il faudra contractualiser davantage et promouvoir la filière bio. Nous avons beaucoup de point commun avec la liste de Marie-Guite Dufay et aussi quelques divergences mais nous verrons, sur la durée, comment nous les envisagerons ». 
Nul doute que ces différences auront été abordées, lors de la rencontre organisée par la FRSEA avec les agriculteurs, le 23 juin, dans une exploitation de Pessans, dans le Doubs.

Berty Robert