Protéines végétales
A consommer modérément

Le groupe protéines et nutrition (GPN) organisait récemment un colloque sur le thème : « Quelle place pour les protéines végétales dans l’alimentation infantile ». Le corps médical a précisé les dangers d’une alimentation trop centrée sur les protéines végétales.

A consommer modérément

Sous la pression d’organisations non gouvernementales et d’associations d’antispécistes, le monde végétal prend un peu plus de place dans l’alimentation humaine. Dans le monde entier, le marché des substituts à la viande ne cesse de croître. « Il a doublé entre 2017 e 2021, passant de 2,8 milliards de dollars (Md$) à 5,6 Md$ », a souligné Céline Laisney, directrice du cabinet de veille et de prospective, AlimAvenir. Le secteur affiche des taux de croissance à deux chiffres depuis cinq ans, avec un pic à +33 % entre 2019 et 2020. Sur le marché américain, il représente déjà 2,7 % de la viande emballée et 14 % de la surface des rayons des magasins bios et naturels. En Europe, ce sont le Royaume-Uni (713 millions d’euros M€) et l’Allemagne (661 M€) qui tirent le marché vers le haut, loin devant la France : 105 M€ qui connaît cependant une croissance soutenue (+16 % entre 2020 et 2021). Le marché des substituts aux produits laitiers affiche également de beaux scores au plan mondial avec un chiffre d’affaires global de presque 18 Md$. Avec 9,4 Md$, l’Asie pacifique et l’Australie englobent la moitié du marché mondial devant l’Europe (3,5 Md$) et le continent nord-américain (3,3 Md$). Ces substituts constituent selon les statistiques une alternative importante au lait de vache : 16 % de parts de marché aux États-Unis et 10 % en Europe.

Inquiétudes

Si leur consommation ne pose a priori pas de problème majeur pour les classes d’âge adulte (17 ans et plus), elle devient plus problématique pour les populations infantiles, c’est-à-dire de 0 à 3 ans. « Les apports sont trop peu élevés en protéines » s’inquiète Floriane Poulain, d’Alliance 7 qui rassemble dix Syndicats des métiers de l’épicerie et de la nutrition spécialisée.

Plus catégorique a été le professeur Patrick Tounian chef du service de nutrition et gastroentérologie pédiatriques de l’hôpital Trousseau (Paris) : « Je suis très inquiet sur la végétalisation infantile. Il faut revenir à une alimentation normale et équilibrée », a-t-il soutenu, expliquant avoir été confronté à des cas parfois désespérés comme cet enfant de 8 mois sur lequel il a décelé des séquelles de fractures, « dues au manque de calcium et de vitamine D ». Sur une série de 34 nourrissons avalant quotidiennement des substituts végétaux, « 56 % ont été hospitalisés », s’est-il ému. Fustigeant ces substituts végétaux de viande et de lait, il a exhorté les parents à laisser de côté leurs idéaux. « Non, les excès de protéines, notamment animales, sur les nourrissons n’existent pas car les recommandations ne reposent sur rien. Le seul problème de la viande : c’est la carence », a-t-il conclu.