Le nouveau Parlement européen a voté lors de sa session constitutive, du 16 au 19 juillet, les nominations aux principaux postes à responsabilité de l’assemblée –renouvelant pour deux ans et demi le mandat de Roberta Metsola à sa présidence– ainsi que sur la répartition des élus dans la vingtaine de commissions. Dans celle de l’Agriculture siégeront plusieurs nouveaux membres dont la Française Valérie Hayer (présidente du groupe centriste Renew) et le Hongrois Peter Magyar (l’un des principaux opposants à Victor Orban).
La commission de l’Agriculture du nouveau Parlement européen (Comagri) devrait compter 49 membres tandis que celle de l’Environnement (Comenvi) restera la plus importante en nombre (à égalité avec celle de l’Industrie, de la recherche et de l’énergie qui voit ses rangs fortement augmenter) avec 90 membres. Les nouveaux eurodéputés, qui étaient réunis pour leur session plénière constitutive à Strasbourg, ont validé cette distribution numérique lors d’un vote le 17 juillet. Lors de la précédente mandature, la Comagri comptait 48 membres et la Comenvi 88. Au cours de cette session plénière, les parlementaires ont réélu, le 16 juillet la Maltaise Roberta Metsola (PPE, droite) pour un nouveau mandat de deux ans et demi à la présidence de l’Assemblée, puis ont procédé, le lendemain, à l’élection des quatorze vice-présidents, en tenant les groupes d’extrême droite (Patriotes pour l’Europe et Europe des nations souveraines) à l’écart de cette fonction. Les eurodéputés ont dû également valider le 19 juillet la composition de ces commissions parlementaires.
Hayer en Comagri
À l’issue de cette première session plénière, la réunion constitutive de la Comagri a eu lieu le 24 juillet avec au programme : l’élection du nouveau président qui sera issu des rangs du groupe conservateur ECR. Et la patronne des eurodéputés centristes Renew, Valérie Hayer (qui n’a pas manqué de rappeler ses origines agricoles lors de la campagne électorale) doit y siéger, remplaçant numériquement Jérémy Decerle qui n’a pas été réélu début juin. Les autres membres du groupe centriste sont Asger Christensen (Danemark), Elsi Katainen (Finlande) –tous deux de retour– ainsi que les nouveaux venus Barry Cowen (Irlande) et Christine Singer (Allemagne). L’éleveur belge Benoît Cassart ne sera que suppléant.
Pour le PPE (droite), l’Italien Herbert Dorfmann continuera d’assurer le rôle de coordinateur du plus important groupe politique qui compte treize membres en Comagri. Il s’agit des Allemands Norbert Lins, et Stefan Köhler, de Krzysztof Hetman (Pologne), Carmen Crespo (Espagne), Daniel Buda (Roumanie), Salvatore De Meo (Italie), Peter Magyar (Hongrie, l’un des principaux opposants à Victor Orban), Paulo Do Nascimento Cabral (Portugal), Céline Imart, Jessika Van Leeuwen (Pays-Bas), Maria Walsh (Irlande) et Pekka Toveri (Finlande). L’Espagnole Esther Herranz Garcia, de retour au Parlement après une pause forcée de 5 ans, ne sera que suppléante. L’agriculteur autrichien Alexander Bernhuber continuera, lui, à siéger en commission de l’Environnement.
Incertitude sur la présidence
Du côté des sociaux-démocrates (S & D), neuf élus siégeront à la Comagri avec plusieurs nouveaux. L’Italien Dario Nardella sera coordinateur du groupe composé du Français Éric Sargiacomo, de l’Allemande Maria Noichl, du Portugais André Rodrigues, des Italiens Camilla Lauretti et Stefano Bonacci, de l’Espagnole Cristina Maestre, des Roumains Maria Grapini et Gheorghe Carciu. La présidente du groupe, Iratxe Garcia Perez, serait, elle, suppléante.
Le groupe des conservateurs eurosceptiques de l’ECR, à qui reviendra la présidence de la commission, envoie Carlo Fidanza, Sergio Berlato (Italie), Waldemar Buda (Pologne), Bert-Jan Ruissen (Pays-Bas) et Veronika Vrecionova (République tchèque). C’est cette dernière, déjà coordinatrice du groupe lors de la précédente mandature, qui a été élué à la présidence de la commission. Les Patriotes pour l’Europe compteront, eux, sur les Français Valérie Deloge –éleveuse de Saône-et-Loire– et Gilles Pennelle ainsi que le Hongrois Balázs Győrffy et l’Espagnole Mireia Borrás.
Pour ce qui est des Verts, l’Allemand Martin Hausling va laisser le rôle de coordinateur, qu’il exerçait depuis plus de dix ans, à l’Autrichien Thomas Waitz. Deux autres élus écologistes les rejoignent en Comagri : l’Italienne Cristina Guarda et la néerlandaise Anna Strolengerg. Enfin, à Gauche, l’Irlandais Luke Ming Flanagan reprend du service avec deux nouveau venus : le Français Arash Saeidi et l’activiste allemand du droit des animaux Sebastian Everding.
Pas de scission de la Comenvi
Concernant les autres commissions parlementaires, comme prévu le groupe social-démocrate (S & D) a récupéré la présidence de la commission de l’Environnement en la personne d'Antonio Decaro. Cette Comenvi ne sera, par ailleurs, pas coupée en deux, comme le demandait notamment le PPE. Les questions de santé et de sûreté alimentaire resteront donc dans son périmètre de compétence au sein d’une simple sous-commission. « Une scission aurait pu être une bonne solution », a regretté le chef de file du PPE en Comenvi, l’Allemand Peter Liese. Il espérait « un président de la Comenvi qui accorde une priorité suffisante à la santé et ne s’intéresse pas uniquement aux questions environnementales », visant, sans le nommer, le centriste français Pascal Canfin qui a assuré sous la précédente mandature la présidence de la Comenvi.
Le 19 juillet, la Comenvi a été constituée, elle qui compte 90 membres. Elle sera désormais constituée notamment de l’ancien commissaire lituanien à la Santé Vytenis Andriukaitis (social-démocrate) ou de la présidente du Parlement européen, la Maltaise Roberta Metsola (droite). Chez les Français, on peut souligner la présence comme membres des centristes Grégory Allione et Pascal Canfin mais aussi du socialiste Christophe Clergeau. La droite sera représentée par Laurent Castillo alors que l’extrême-droite comptera sur Mathilde Androuët et Anne-Sophie Frigout (RN). Majdouline Sbai sera la représentante des Verts tandis qu’à gauche, on retrouve l’eurodéputée LFI, Emma Fourreau. Chez les suppléants, l’extrême droite sera représentée par les RN Marie-Luce Braisier Clain, l’éleveuse de Saône-et-Loire, Valérie Deloge (également en Comagri), Sarah Knafo (Europe des nations souveraines) et Laurence Trochu (Reconquête !). Marie Toussaint (Verts) ainsi que Pierre Jouvet, Thomas Pellerin-Carlin et Chloé Ridel (socialistes) complètent la liste. Par ailleurs, Céline Imart (LR) siègera en commission du Commerce international (en plus de la Comagri), comme Manon Aubry (LFI), Raphaël Glucksmann (PS) ou encore Marie-Pierre Vedrenne (Renaissance) et Majdouline Sbai, qui devrait aussi être coordinatrice des Verts.
L’extrême droite se structure
Pour le reste des commissions : le PPE devrait obtenir les présidences des commissions de l’Industrie, des Affaires étrangères et de la Pêche notamment ; le S & D les commissions des Affaires économiques, du Commerce international et du Développement régional, les centristes de Renew celles de la Défense, du Développement et des affaires légales ; ECR garderait la commission des Budgets ; les Verts auraient le Marché intérieur et les Droits humains ; enfin la Fiscalité et les affaires sociales iraient à la Gauche.
Pour ce qui est de l’extrême droite, deux nouveaux groupes politiques ont fait leur apparition. Le premier, intitulé les Patriotes pour l’Europe, réunissant notamment le Rassemblement national (RN), les Hongrois du Fidesz et les Tchèques d’ANO, s’est constitué le 8 juillet, ces derniers sont réputés proches de la Russie de Poutine, principale différence avec le parti Fratelli d’Italia de Meloni. Il est immédiatement devenu la troisième force politique du Parlement européen en nombre avec 84 eurodéputés, devant les conservateurs de l’ECR (78) et les centristes de Renew (77). Le RN en sera la principale délégation et son chef de file, Jordan Bardella, a été élu président du groupe. La théorie voudrait que les Patriotes pour l’Europe obtiennent les présidences des commissions des Transports et de la Culture. Mais le cordon sanitaire qui leur est imposé depuis toujours devrait encore les en priver.
Parallèlement, un deuxième groupe d’extrême droite a été créé le 10 juillet. Il se composera de 25 eurodéputés, principalement organisés autour d’Alternative für Deutschland (AFD) et ses 14 membres, épinglés pour être proches de mouvements néo-nazis. À noter : la présence de la Française Sarah Knafo (Reconquête !), vice-présidente de la formation.