Sécheresse
Premiers chiffres, premières mesures

Mathieu Robert
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Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a annoncé, le 22 août, de nouvelles mesures visant à aider les agriculteurs touchés par la sécheresse, notamment concernant les obligations de semis de cultures intermédiaires.

Premiers chiffres, premières mesures

À l’occasion d’une conférence de presse le 22 août, le ministre de l’Agriculture a annoncé plusieurs mesures de soutien aux agriculteurs touchés par la sécheresse, dont la plus attendue concerne les semis des cultures intermédiaires qui ont pu être déclarées par les agriculteurs pour remplir leurs obligations de SIE (surfaces d’intérêt écologique). Marc Fesneau a annoncé qu’il ouvrait la possibilité de déroger individuellement à l’obligation de ces semis, à condition d’adresser une demande motivée aux services préfectoraux, et que celle-ci soit acceptée. Jusqu’ici, ces demandes d’exemption individuelle au titre des SIE n’existaient que pour l’obligation de levée.

D’autres mesures déjà mises en œuvre l’an passé, ou de droit commun, ont été annoncées. Comme depuis deux ans, les avances d’aides Pac versées le 16 octobre vont être gonflées : elles seront de 85 % pour l’ICHN (contre 50 % habituellement), et de 70 % pour les aides directes (70 % aussi l’an passé, contre 50 % habituellement). L’enveloppe annuelle de dégrèvement de cotisations sociales sera mobilisée, à hauteur de 15 M€ dès l’automne. Enfin, le régime des calamités reste en vigueur, avec la réunion prochaine de comités départementaux d’expertise (CDE). Et, comme prévu par le code des impôts, des dégrèvements de TAFNB seront opérés « après détermination d’un taux de perte par zone géographique et par production ».

Trop tôt pour la décapitalisation

Le ministre de l’Agriculture avait au préalable dressé un premier état des lieux des dégâts de la sécheresse sur la ferme France, rappelant des chiffres déjà connus depuis quelques semaines, en grandes cultures (-13,5 q/ha de maïs sur un an, fin juillet), arboriculture (+6 % pour la récolte de pommes) et prairies (-21 % de pousse cumulée fin juillet par rapport à la référence), et soulignant qu’il était encore trop tôt pour évaluer d’éventuels phénomènes de décapitalisation du cheptel bovin. « À date, nous n’avons pas d’éléments sur la décapitalisation, plutôt des inquiétudes. Le risque est devant nous », a répondu Marc Fesneau, interrogé sur le sujet. En cas de sécheresse estivale, ce type de phénomène, dû aux manques de trésorerie et de fourrage, s’observe généralement plus tard dans l’année.

De même, le ministre s’est dit attentif à un risque de perte de fond sur certaines productions de fruits rouges, comme le cassis ou la framboise. Rappelons que des estimations sont encore attendues pour deux cultures de printemps majeures : la pomme de terre, où de premiers chiffres doivent être publiés dans les prochains jours, qui s’annoncent très mauvais, selon les professionnels. Quant à la culture de betterave, les premiers bilans ne sont pas attendus avant mi-septembre.

FNSEA : indispensable mais insuffisant 

La FNSEA a aussitôt réagi aux annonces ministérielles, en notant que les mesures étaient indispensables, mais insuffisantes au regard des épisodes de sécheresse qui se répètent d’année en année. Aussi insiste-t-elle sur les mesures de fonds à mettre en place. D’abord le stockage hivernal de l’eau et la sécurisation de son approvisionnement. « L’État doit mettre en œuvre tous les moyens pour aboutir à la réalisation effective d’ouvrages de stockage et simplifier les procédures d’instruction », plaide-t-elle. Autre piste, la résilience des exploitations qu’il faut conforter et l’adaptation des pratiques agricoles qu’il faut poursuivre « conformément aux engagements pris dans le cadre du Varenne agricole de l’eau et du changement climatique ». Ultime demande et non des moindres, la mise en œuvre de l’assurance récolte le 1er janvier prochain et notamment la fixation de critères d’indemnisation attractifs. « Des critères fixés au démarrage dépendra la réussite ou non de la réforme de la politique de gestion des risques », anticipe-t-elle.