Visite de Marc Fesneau
Le ministre de retour en Saône-et-Loire pour parler adaptation au changement climatique

Florence Bouville
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De retour en Saône-et-Loire deux mois après sa précédente visite, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau s’est rendu, le 22 août, dès 7 h 30, au Gaec La Grange du Vernay à Saint-Maurice-de-Satonnay. Ensuite, direction Davayé pour visiter le Vinipôle Sud Bourgogne et échanger avec la profession. Les différents représentants sont revenus sur les projets d’innovation et d’adaptation au changement climatique déjà mis en place sur le territoire. Ce qui a permis et permettra, on l’espère, de nourrir les réflexions du gouvernement et d’ainsi lever certains freins.

Le ministre de retour en Saône-et-Loire pour parler adaptation au changement climatique
Le ministre de l'agriculture Marc Fesneau en visite au Vinipôle de Davayé, le 22 août.

Dans un prochain article, nous évoquerons plus en détails les discussions techniques et agronomiques, qui ont principalement eu lieu lors de la visite de l’exploitation maraîchère d’Elsa Durand et Guillaume Morel. Pour l’heure, il est intéressant de voir quelles réponses (ou pistes de réponses) a pu apporter Marc Fesneau face aux diverses problématiques et inquiétudes soulevées par la profession agricole. En effet, le dérèglement climatique « inquiète tout le monde » mais malheureusement, ce dernier va de pair avec d’autres enjeux cruciaux : renouvellement des générations, reconquête de la souveraineté alimentaire, répartition de la ressource en eau…

Face au changement climatique, de manière globale, le ministre rappelle que les deux volets stratégiques, respectivement sur le court et moyen long terme, demeurent « l’adaptation » et « l’atténuation ». Il insiste d’ailleurs, dès le départ, sur le fait que « les agriculteurs ne nous ont pas attendus pour trouver des solutions ». Cette reconnaissance rassure, car il est évident que « la filière ne part pas de rien ». Ce qui n’empêche pas les élus locaux de demander aux pouvoirs publics « qu’on remette de la noblesse dans l’acte de production », comme le souligne le président de la chambre d’agriculture, Bernard Lacour. Michel Barraud, président de la cave des Terres Secrètes, poursuit en affirmant que les agriculteurs « ont l’impression de toujours devoir lutter pour travailler ». « On assiste à une perte globale de bon sens », ajoute-t-il. Après quoi il interpelle directement le ministre : « on vous renvoie la balle ».

Des éleveurs en souffrance

Lors de son passage à Jalogny, Marc Fesneau avait déjà pris connaissance des principaux défis à relever sur le département : sécurisation de l’abreuvement, diminution de la prédation du loup, valorisation des haies bocagères etc. Conscient qu’il n’y a « pas de haies ni de prairies permanentes sans élevage », le ministre a bien entendu l’alerte redonnée par Guillaume Gauthier, président de la section bovine de la FDSEA, au sujet de la hausse des importations. De plus, si demain les températures continuent d’augmenter, bon nombre d’éleveurs cesseront d’engraisser leurs bêtes et « exporteront tout en Italie ». Idem pour les autres productions d'élevage. Patrice Labrosse, président de la Coopérative de production avicole de Saône-et-Loire (CPASL), regrette que son métier ne soit plus attractif et comme beaucoup, il confie « avoir peu de perspectives ». Surtout quand on sait combien il est difficile de concilier rénovation de bâtiments et baisse des aides publiques, surtout en Bourgogne Franche-Comté.

Concernant les retenues d’eau, Marc Fesneau affiche une nette volonté à ce que les éleveurs puissent stocker des volumes, grâce aux « pics de pluviométrie ». En total accord avec les propos de Luc Jeannin, vice-président à la FDSEA : « ce ne sont pas les agriculteurs qui ont plus besoin d’eau, c’est l’assiette du consommateur ».

Enfin, du côté du Plan Loup, le ministère de l’Agriculture a récemment rejeté la dernière proposition, jugée trop éloignée des attentes de la profession. D'où son report. En effet, ce Plan doit apporter une réelle « nouveauté ». Et permettre, entre autres, « de faciliter l'octroi de tirs de défense », insiste Thibault Renaud, représentant des JA. « Il faut faire la part des choses entre idéologie et pragmatisme », ajoute-t-il. « On a sauvé l’espèce, prenons acte de cela », se contentait de répondre, Marc Fesneau.

La recherche au cœur de la viticulture

Cap ensuite vers Davayé et la viticulture. Témoin de la richesse et de la diversité des expérimentations menées au sein du Vinipôle (agroforesterie, matériel végétal…), Marc Fesneau tient à ce que la profession « soit accompagnée via la recherche et l’innovation ». L’objectif : transformer les incertitudes en références.

« J’ai le dossier flavescence à l’œil », déclare le ministre, s’adressant notamment à Jérôme Chevalier, président de l’Union de producteurs de vins Mâcon. Autre sujet qui sera peut-être amené à évoluer : le logement des vendangeurs sous tentes. Patrice Fortune, président de l’Union viticole 71, déplore les actuels blocages réglementaires. Déjà que les équipes peinent à être complètes…

Pour autant, « il n’est jamais bon d’adopter des positions radicales », concluait Marc Fesneau. Lui qui refuse de « tomber dans la collapsologie », le stress n’étant pas « bon conseiller ».