Agrivoltaïsme

Conserver la production des terres agricoles tout en relevant le défi énergétique de demain !

C’est à Amance en Haute-Saône, le jeudi 8 septembre, que l’entreprise TSE a inauguré son premier démonstrateur agrivoltaïque "sur" grandes cultures. Ou plutôt au-dessus ! Ce projet - d’une valeur de 15 millions d’euros - était à l’étude depuis 2019 et a vu le jour en seulement deux ans.

L’idée s’est surtout concrétisée lorsque se sont croisés les chemins de Mathieu Debonnet, directeur de TSE et Sylvain Raison, agriculteur sur la commune d’Amance. Quelques échanges entre les deux hommes sur l’agrivoltaïsme et notamment sur un projet d’ombrière équipée de panneaux solaires rotatifs perchés à cinq mètres du sol, ont permis de faire germer chez l’agriculteur l’idée de faire pousser des céréales tout en produisant de l’énergie. Quelques jours plus tard, le projet de la première expérimentation de canopée photovoltaïque sur cultures était lancé.

Souveraineté énergétique…

Aujourd’hui plus que jamais, après le Covid et avec la guerre en Ukraine, la France doit retrouver son indépendance et ses souverainetés alimentaire et énergétique. Un des objectifs de la France, en termes de production d’énergie solaire, est fixé entre 35 et 44 GW d’ici 2028. Ce qui représenterait la production de 100.000 ha de solaire, soit 0,3 % des terres agricoles françaises, pour atteindre le premier échelon de la transition énergétique. Partie du constat que les surfaces en friches ne permettraient pas de répondre à ces objectifs ambitieux, l’entreprise TSE développe une solution permettant de répondre aux trois défis agricoles de demain : 1) Maintenir la production agricole - 2) Protéger les cultures - 3) Atteindre la souveraineté énergétique.

Répondre à l’urgence de souveraineté énergétique en recentrant la production d’énergie au cœur des territoires ruraux, c’est le pari qu’a donc fait l’entreprise TSE (lire encadré) en développant le plus grand réseau de démonstrateurs agrivoltaïques à l’heure actuelle. Avec ses dix sites pilotes et 66 ha repartis sur le territoire français, l’entreprise va réaliser sur chaque site des essais agronomiques sur une durée de neuf ans afin de démontrer la pertinence et l’efficacité de ce concept innovant.

… et préservation du potentiel agricole

Même si toutes ces belles ambitions sont louables et que chacun espère y parvenir, le diable se cache dans les détails. C’est pourquoi, le conseil de l’agriculture de Saône-et-Loire - qui regroupe les principales organisations professionnelles agricoles - n’a toujours pas statué sur ces dispositifs d’agriphotovoltaïsme au sol. Oui au photovoltaïque sur les toitures, non au photovoltaïque au sol pour l’heure. À étudier pour l’agrivoltaïsme…

À Amanzé, le 11 juillet dernier, le conseil d’administration de la FDSEA avait ouvert le dossier et s’était prononcé pour obtenir des informations complémentaires. La profession souhaite mieux comprendre les solutions techniques possibles en termes d’agrivoltaïque. La société TSE, représentée par Fabienne Autheaume et Cyril Beaudin, avait alors présenté son système de « canopée » (ou d’ombrières). Le voici en vrai en Haute-Saône.

Président de la FDSEA de Saône-et-Loire, Christian Bajard rappelait néanmoins les enjeux : « comment faire sans faire monter la pression sur le foncier », et « les installations », rajoutait Marine Seckler, présidente des JA71, qui défend clairement le renouvellement des générations et plaide pour laisser les panneaux photovoltaïques sur les toits, parkings et autres friches. La profession agricole va donc désormais analyser cet essai grandeur nature et d’autres pour vérifier les paramètres de production agricole, liés à de tels systèmes agrivoltaïques.