Climat
Ensemble contre le réchauffement climatique

Ariane Tilve
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Le Département a lancé, lundi 12 septembre, une série de cinq ateliers de concertation sur l'adaptation de l'agriculture au changement climatique. Un premier opus qui s’est tenu à la Maison du Charolais, en présence de Sylvie D’Asgnanno, en charge de la mission de politique agricole de Saône-et-Loire.

Ensemble contre le réchauffement climatique
Léa Morque chargée d’accompagnement de l’agriculture face au changement climatique, Sylvie D’Asgnanno, en charge de la mission de politique agricole de Saône-et-Loire, et Noémie Morin de la Chambre d'agriculture.

L’objectif de ces ateliers est de lancer une concertation en invitant les exploitants à échanger sur leurs expériences dans le but d’élaborer un diagnostic qui servira de base à l’élaboration d’un plan d’action d’adaptation. En effet, les effets du changement climatique "touchent toutes les filières, comme le rappelle Léa Morque, chargée d’accompagnement de l’agriculture face au réchauffement. Les sécheresses de 2019-2020, les épisodes de gel de l’année dernière ou encore les vagues de chaleur qui ont impacté cet été différentes filières » sont autant d’impacts à gérer. Au-delà des aides du Département pour compenser certaines pertes, la collectivité entend accompagner les exploitants dans la gestion des impacts, sur le court terme, et dans leur anticipation, à moyen terme. Des actions menées par certains chefs d’exploitation, qui émergent en Saône-et-Loire et pourraient servir d’exemple, ne sont pas valorisées ou peu connues, d’où l’idée de ces ateliers. L’objectif premier est donc de « connaître et faire connaître ce qui existe déjà, d’accompagner ces actions et ces projets d’atténuation et d’adaptation, mais aussi d’accompagner les nouveaux projets en vue d’impulser une dynamique avec l’ensemble des acteurs du département », insiste Léa Morque. D’autant plus que la situation ne devrait pas s’améliorer selon Noémie Morin, de la Chambre d’agriculture : « On sait, grâce à l’observation des gaz à effet de serre (GES) présents dans l’atmosphère, prévoir notamment l’évolution des températures qui devrait être de +1 °C dans les 30 années à venir et +3 °C les 30 années suivantes ».

Diagnostic, stratégie et plan d’action

Concrètement, comment se déroulent ces ateliers ? Après une rapide introduction des acteurs du Département, plusieurs groupes d’exploitants sont invités à se former autour de tables de discussions, afin notamment de définir ce qui, selon eux, rend leurs exploitations vulnérables, c’est-à-dire à quelle fréquence un même exploitant fait face au même type d’impact. C’est l’heure du diagnostic. Ici, on parle notamment du problème de l’approvisionnement en eau, de l’inquiétude qui devrait s’aggraver malgré une augmentation des précipitations, comme l’explique Noémie Morin : « La pluviométrie devrait rester importante, on voit notamment une augmentation des pluies à Charolles. Mais le réchauffement impacte l’évapotranspiration, rendant moins efficaces ces eaux de pluies. À long terme, des pluies importantes pourraient s’abattre sur le territoire sans empêcher que le sol s’assèche plus rapidement en raison des fortes chaleurs ». Certains impacts sont déjà mesurables, à l’instar de la pousse de l’herbe, dont la date est avancée, ou encore des graminées qui, elles, ne poussent plus en août. En cas de rendement plus important au printemps, comment le gérer ? La question est de savoir comment il est possible de s’adapter, du semis jusqu’à la récolte à court terme, sachant qu’au printemps, il peut y avoir une récolte d’herbe plus importante, sans rien par contre en été. Ce qui suppose une adaptation pour l’élevage, notamment. « À moyen terme, comment conduire son troupeau, gérer sa prairie et son exploitation globale ? » Autre impact pour le bétail, les besoins en eau sont plus importants pour apaiser le stress marqué à partir de 25 à 30 °C, selon l’hydrométrie dans l’air. Un stress qui entraîne inévitablement une baisse de (re) production à des périodes données.

Premières pistes

Une fois le diagnostic posé, le second objectif de ces ateliers est donc de proposer une stratégie d’adaptation au changement climatique à court terme, et d’anticipation sur le moyen terme. En maraîchage, par exemple, la mise en place de serres ou de paillage permet d’éviter l’évapotranspiration. Pour le maïs, il est possible d’envisager des semis précoces, avec des indices plus longs. Les exploitants échangent ici sur ce qu’il est possible de mettre en place en fonction de la filière, du secteur, des finances et d’une multitude d’autres facteurs qui varient d’une exploitation à une autre. Vient alors la dernière étape de l’atelier : la coconstruction d’un plan d’action. C’est aussi pour cela que le Département tient à mettre en avant les projets innovants du territoire au mois de novembre.

En attendant, il est toujours possible de participer aux prochains ateliers qui auront lieu de 14 heures à 17 h, lundi 19 septembre à la Maison départementale des solidarités d’Autun ; de 14 h à 17 h, mercredi 21 septembre au Château Pierre-de-Bresse ; de 9 h à 12 h, mardi 27 septembre au Vinipôle Sud-Bourgogne de Davayé, et de 9 h à 12 h, vendredi 30 septembre au siège d’Elva Novia à Fontaines.