Vente aux enchères de Charolles
La prochaine vente sera l’événement de la rentrée !

Marc Labille
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Une nouvelle page de l’histoire de la vente de Charolles est sur le point de s’écrire le 28 septembre prochain. Pour la première fois, la célèbre vente passera aux enchères électroniques. Une étape supplémentaire dans sa modernisation et son ouverture au plus grand nombre.

La prochaine vente sera l’événement de la rentrée !
Didier Métrop, Pierre Berthier et Philippe Pacaud et les deux veaux que ce dernier présentera à la vente aux enchères de Charolles le 28 septembre.

Mercredi 28 septembre prochain, l’Association des éleveurs charolais d’entre Saône-et-Loire organisera sa vente de reproducteurs inscrits au Herd-Book. Ce sera la troisième édition sous l’égide de la nouvelle équipe présidée par Didier Métrop. Depuis 2020, le mot d’ordre a été « d’innover pour motiver les gens à mettre des veaux et attirer les acheteurs », confie le président. La première étape fut la mise en place d’un défilé des animaux avant la vente. L’association investissait aussi les réseaux sociaux où tous les veaux sont désormais visibles en ligne, de même que leurs parents, « permettant à certains éleveurs de faire leur tri sur Internet en ciblant les origines, la morphologie… », fait valoir Pierre Berthier, administrateur de l’association. En 2021, la nouvelle équipe accentuait encore ses efforts de communication en diffusant une vidéo promotionnelle en partenariat avec la Société d’agriculture. Cette année, c’est l’élevage Froidurot qui a fait l’objet d’un reportage disponible en ligne sur YouTube. Depuis l’an dernier, la vente aux enchères est accompagnée d’un grand écran qui diffuse les fiches catalogues des veaux ainsi que des photos des parents.

72 élevages et 16 départements !

En 2021, l’association décidait d’aller sélectionner les animaux directement en ferme plutôt que lors d’un rassemblement. Une façon « d’aller aux devants des éleveurs, même les plus éloignés », fait valoir Didier Métrop. Cette année, trois équipes de quatre éleveurs comprenant un jeune de l’Ajec sont allées visiter 72 élevages dans une quinzaine de départements ! Elles ont fait leur choix parmi 147 veaux, contre 110 l’an dernier, et ce, jusque dans la Vienne, les Deux-Sèvres, la Vendée, les Ardennes, la Marne, la Haute-Marne, l’Alsace… Un vrai succès, se félicitent d’ores et déjà les organisateurs.

Enchères électroniques et en ligne

Un pas de plus sera franchi cette année dans la modernisation de la vente avec le passage aux boîtiers électroniques. La décision n’a pas été facile à prendre, car tous ceux qui connaissent l’évènement s’étaient attachés à l’ambiance communicative de la vente à la criée. Mais il fallait bien vivre avec son temps et l’an dernier, certains éleveurs de contrées lointaines avaient regretté de ne pas avoir pu miser en ligne, confie Didier Métrop. C’est à la Sicafome de Moulins-Engilbert et Martial Tardivon que l’association s’en est remise pour la gestion de la vente désormais électronique et en ligne. Les deux animateurs Olivier Monnet et Denis Fénéon seront toujours présents autour du ring. Le premier continuera de présenter les veaux. Avec d’autres membres de l’association, ils détiendront eux-mêmes des boîtiers, prêts à miser pour les acheteurs réticents à cette nouvelle technologie, rassure Didier Métrop.

Avec cette ultime évolution, l’association entend parfaire encore son ouverture. Elle vise les éleveurs éloignés qui manquent de temps pour venir jusqu’à Charolles. Des éleveurs étrangers se sont d’ores et déjà manifestés, se réjouit Didier Métrop.

Sélection experte, gènes d’intérêts, grain de viande…

Dernière évolution notoire : la mise à prix passe cette année de 2.800 à 3.000 €. Une somme qui reste raisonnable au regard des nombreuses garanties que procure la vente, estiment les organisateurs. Il faut en effet compter le travail de sélection experte accompli par l’association qui va désormais recruter de ferme en ferme. En outre, tous les veaux ont subi une analyse génétique de recherche de gènes d’intérêts (statut ataxie, gènes culards, sans corne), signale par ailleurs Didier Métrop. Les intéressés insistent aussi sur le fait que, « loin d’être de la parade », des taureaux issus de la vente de Charolles font de belles carrières en élevage, avec de remarquables productions et même des récompenses sur les concours. Charolles, c’est aussi un choix parmi des sangs différents, pour certains peu diffusés, complètent-ils. Sans oublier le fameux « grain de viande et les qualités bouchères » qui font la réputation des veaux de Charolles, ajoute Pierre Berthier.

Le catalogue de la vente est visible sur Charolais71.fr

 

Philippe Pacaud : « depuis 1986, je n’ai jamais raté une seule vente ! »

Philippe Pacaud : « depuis 1986, je n’ai jamais raté une seule vente ! »

Installé depuis 1980 à Charolles, Philippe Pacaud confie « n’avoir jamais raté une vente » depuis le milieu des années 1980. À la veille de la retraite, ce passionné de la race charolaise témoigne de son attachement à la vente de Charolles pour laquelle il a « tout le temps eu des veaux sélectionnés ». Durant ces 36 années, Philippe a réalisé quelques belles transactions et c’est à Charolles qu’il a dégoté Rochefort, le taureau qui a marqué son élevage. Bien sûr, pour Philippe Pacaud, la vente de Charolles est une histoire de famille puisque son père Jacques et son oncle Paul étaient parmi les fondateurs de l’évènement. Philippe n’avait que cinq ans quand ses aînés lançaient la toute première vente en 1965. Mais il en connaît toute l’histoire : la création de l’association, la première édition avec seulement 25 veaux… Il se souvient de l’époque où il fallait avoir obtenu un grand prix pour pouvoir accéder à la vente… Une époque révolue au milieu des années 1990 quand l’association s’est mise à s’ouvrir sur l’extérieur. Une ouverture que Philippe a toujours souhaitée, lui qui est attaché à « la simplicité de la vente de Charolles », un événement « sans chichi », où « il se vend des veaux à des sélectionneurs mais aussi à des producteurs de broutards ou de viande à des prix raisonnables », témoigne-t-il. Au-delà de l’aspect commercial de la vente de Charolles, Philippe Pacaud apprécie son ambiance : « on y fait des rencontres extraordinaires ! Il y a toujours eu du monde. La vente attire tous les meilleurs éleveurs de la race et c’est une occasion unique de discuter derrière les animaux ». À plusieurs reprises, Philippe a lui-même animé la vente dans le rôle du crieur et il a longtemps fait partie du bureau de l’association. « L’organisation d’une telle vente oblige les éleveurs à s’engager. C’est important et c’est une bonne chose que des gens continuent de se motiver pour un tel évènement et le fassent évoluer », conclut Philippe Pacaud.