Rations hivernales des laitières
À faire au cas par cas cet hiver !

Marc Labille
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La sècheresse de l’année a impacté la qualité et les rendements des fourrages de façon variable selon les zones. Les stocks d’herbe ont été en partie consommés cet été. Il y a peu de regain. Les repousses d’herbe d’octobre sont pâturables avec une bonne valeur azotée mais plutôt faible en énergie par manque d’ensoleillement. Elles sont à valoriser pour économiser les fourrages stockés et la paille tant que la météo le permettra.

À faire au cas par cas cet hiver !
Dans la majorité des élevages, la production de lait devrait être plus faible qu’en 2019. Il est important de regarder la marge alimentaire avant le niveau de lait produit et de limiter les risques sanitaires (acidose dû au tri, manque d’ingestion sur 24h, etc.), met en garde Acsel Conseil Élevage.

Ensilages de maïs : des profils disparates…

Les conditions de croissance ont souvent été perturbées par la sécheresse. En fonction des types de sols, des précédents et des orages, les maïs étaient, au moment de la récolte, pauvres en grain ou déjà très secs. Cela se retrouve dans les résultats des 160 échantillons analysés au laboratoire César.

La digestibilité est correcte mais le profil des maïs est atypique. Ils sont plus riches en fibres (+11 % de NDF) mais pauvres en amidon (-19 %) par rapport à 2019. La matière sèche est plus élevée +2 points. 

Les écarts observés entre quarts supérieurs et inférieurs traduisent une forte disparité. Chaque ration réalisée avec de l’ensilage de maïs doit s’ajuster en fonction des profils analytiques (amidon, sucres, etc.).

Avec des maïs moyens en digestibilité ou secs, il faut réduire les aliments fibreux (paille, foin moyen) pour garder de l’énergie ou ajouter de l’urée ou de la mélasse pour favoriser la flore ruminale.

Ensilages d’herbe : stocks limités…

Les récoltes se sont faites dans de bonnes conditions, en une ou deux coupes, mais souvent plus sèches qu’en 2019. Les valeurs alimentaires sont bonnes et les taux de sucres élevés grâce au fort ensoleillement du printemps. Par contre, la minéralisation limitée diminue le taux de protéines. Les stocks peuvent être réduits et ne permettent pas de mettre plus de 5 kg de MS d’herbe dans les rations. Il faudra compter un peu plus sur les tourteaux pour apporter de l’azote.

Foins : gérer les stocks…

La première coupe des foins était réussie grâce aux bonnes conditions de séchage mais les rendements sont inférieurs de 20 à 30 % selon les zones. Le taux de protéines (MAT) est un peu faible, la digestibilité dans la normale et le taux de sucres élevé. Les coupes de regains ont été très limitées et fonction des orages. Seuls les éleveurs équipés de séchage en grange ont pu faire des deuxièmes coupes correctes et avec 7 % de digestibilité et 20 % de MAT en plus. 

Pour les élevages en ration foins uniquement, la préoccupation principale est de gérer les stocks pour attendre le printemps 2021. Les conseils proposés sont : la diminution des effectifs animaux pour garder les vaches les plus productives et sans problème sanitaire. Voir aussi pour réduire le nombre de génisses de renouvellement au nécessaire. Si besoin, il faut acheter du fourrage pour compléter.

La qualité des foins en bottes permet des productions de 18 à 20 kg de lait en moyenne avec une complémentation de 6 kg de concentré type VL20 -22 de MAT (2/3 céréales et 1/3 tourteau). Les foins ventilés peuvent permettre 22 à 26 kg de lait sur les débuts de lactation avec la même complémentation. Mais ces conseils sont à ajuster en fonction des qualités réelles des fourrages, donc à analyser.

Du bon ajustement des rations…

Les ensilages ouverts rapidement ou en cours de stabilisation peuvent voir leur profil se modifier dans les semaines à venir. Le niveau énergétique est à surveiller du fait du peu d’amidon dans les maïs et des taux de sucres élevés. Il faut ajouter des céréales ou du maïs grain si possible ou besoin, tout en surveillant les risques d’acidose. Les fourrages sont globalement secs donc éviter l’ajout de paille, le tri sera facile et la ration déconcentrée. Dans certains cas, l’ajout d’eau dans la ration peut améliorer les ingestions, à faire avec prudence, demandez à votre conseiller. Il est possible aussi de mettre un peu d’urée pour favoriser la flore microbienne dans le cas de manque de digestibilité. Les sucres très présents, favorisent la production de taux butyreux (TB) donc à surveiller dans les analyses tank, et à vérifier avant l’ajout de mélasse.  

Pour les éleveurs en manque de stocks, les coproduits sont une alternative utile. Mais attention à leur disponibilité sur tout l’hiver et bien choisir ce qui est adapté aux autres aliments de la ration. La réduction des effectifs est une piste à envisager pour limiter les achats. 

Dans la majorité des élevages, la production de lait sera plus faible qu’en 2019, du moins sur le début de l’hiver. Mais elle est, pour l’instant, compensée par de bons taux. Il est important de regarder la marge alimentaire avant le niveau de lait produit et de limiter les risques sanitaires (acidose dûe au tri, manque d’ingestion sur 24h, etc.). 

Les conseillers Acsel sont compétents pour vous aider à ajuster le rationnement en prenant en compte vos contraintes. Le logiciel Ruminal® permet un pilotage plus précis des rations pour tous les animaux du troupeau (primipares, multipares, vaches fraîches, etc.) et de calculer rapidement les besoins de stocks. Et les analyses de fourrages sont toujours rentables pour limiter les erreurs.  

Anne Blondel, responsable nutrition Acsel Conseil Élevage

Un nouveau rationneur pour les laitières

Fruit d’un partenariat entre l’Inra et France Conseil Élevage, un nouveau rationneur plus clair et plus précis est désormais utilisé par les conseillers d’Acsel. 

Son moteur de calcul gagne en précision pour la prise en compte des interactions digestives et métaboliques. En effet, le rationneur « Rumin’al® » ne se contente pas d’ajouter les valeurs alimentaires des aliments. Il intègre aussi les pratiques alimentaires et l’évolution des performances des animaux.

Le tube digestif (flore du rumen et zone de l’absorption intestinale…) transforme les aliments de la ration en nutriments. Toute la matière organique ingérée n’est pas réellement valorisable par le ruminant. Le pourcentage de concentré de la ration, le niveau azoté et la quantité totale de matière sèche ingérée ont une incidence sur les processus de digestion. Cela est mesuré par les interactions digestives. 

Avec Ruminal, les besoins d’entretien d’une vache suivent sa production. 

Dans la version Inra 2007, il suffisait de connaître les UF, PDI, UE… et le taux de MS des aliments pour calculer une ration. Avec les nouvelles références Inra 2018, ces valeurs sont indicatives. Le moteur de calcul modélise les processus digestifs et propose une ou plusieurs solutions pour couvrir au mieux les besoins des animaux en fonction du contexte. Les valeurs analytiques (amidon, MAT, dMO, NDF, MS…)  sont donc indispensables pour alimenter le logiciel.

Un critère supplémentaire permettant d’apprécier la synthèse des protéines dans le rumen s’ajoute au taux d’efficacité des protéines et à la MAT pour piloter l’azote des rations afin de produire le lait et les taux attendus sans gaspillage.

Les nouvelles équations vont corriger les problèmes de rationnement rencontrés avec les aliments atypiques et l’évolution des productions des vaches. 

L’outil propose en outre une comparaison de différentes rations rendant possible de visualiser le coût de concentrés de deux solutions et choisir la meilleure. Un accès à la gestion et prévision de stocks permet une prédiction des besoins de fourrages, concentrés et minéraux sur une période donnée. Le module minéral détermine la valeur idéale du CMV pour couvrir les besoins des animaux.

Les plans de complémentation individuels suivent au plus près les besoins des vaches en fonction de leur stade de lactation. L’évolution de la note d’état et de la capacité d’ingestion sont prises en compte dans les calculs à chaque pas de production. 

Pour les DAC, robot, mélangeuse à programmer, des éditions spécifiques sont présentes pour aider les éleveurs au quotidien.