Fermoscopie 2023
Un élevage allaitant qui a retrouvé des couleurs

Berty Robert
-

Les CERFrance de Bourgogne-Franche-Comté ont présenté leur traditionnelle « photographie » de l’économie agricole régionale sur les principaux secteurs. Nous consacrons un premier article à l’élevage allaitant, avant l’élevage laitier et les grandes cultures dans nos prochains numéros.

Un élevage allaitant qui a retrouvé des couleurs
Cette infographie de CERFrance BFC détaille la répartition de l'utilisation de l'EBE, en euros / Utaf.

La triple performance : retenez bien cette notion, car elle va gagner en importance dans les mois et les années qui viennent. Elle est la transposition de la notion de développement durable en entreprise, par l'évaluation des performances de cette dernière en regard de trois piliers définis pour le développement durable : la performance sociale, la performance environnementale et la performance économique. CERFrance Bourgogne Franche-Comté (BFC) l'avait placé au cœur de l'édition 2023 de Fermoscopie. Cet événement consiste à présenter les résultats économiques agricoles régionaux sur trois grands secteurs (élevage allaitant, élevage laitier et grandes cultures) et il s'est tenu le 7 novembre à Dijon.

« Permettre aux agriculteurs de clarifier leurs objectifs »

L'importance de la notion de triple performance transparaissait, en filigrane, dans tous les résultats économiques présentés. « L'un des buts, expliquait Mathilde Schryve, responsable des études économiques chez CERFrance BFC, c'est de permettre aux agriculteurs de clarifier leurs objectifs, avec un défi à relever : être rentable en prenant soin des ressources naturelles, et sans oublier le facteur humain ». Dans ce contexte, 2023 apparaît comme une année-test avec des enjeux sur les aspects sociaux, environnementaux et économiques. « L'an dernier, poursuit Mathilde Schryve, l'inflation inquiétait et on craignait la fermeture du ciseau produits-charges, avec des prix d'engrais, notamment, multipliés par deux ou trois, en conséquence de quoi, les agriculteurs ont adapté leurs assolements ». Dans le cadre de ce travail global mené sur la triple performance, CERFrance BFC a mené une enquête sociale qui fera l'objet d'un prochain article. Pour l'heure regardons les résultats Fermoscopie 2023 qui concernent l'élevage allaitant. La résilience des systèmes a porté ses fruits, avec des trésoreries qui vont beaucoup mieux. « On s'attend à une hausse de 6 % des charges pour les allaitants », soulignait Eve Armente, conseillère CERFrance en Saône-et-Loire. Globalement, le moral des éleveurs est bon, en raison de prix d'aliments qui ont baissé et d'excellentes récoltes en fourrage. Les cours de la viande n'avaient pas été vus à un tel niveau depuis très longtemps : c'est une des conséquences de la décapitalisation. Eve Armente prenait l'exemple des reproductrices : leur cheptel a baissé de 11% du cheptel depuis 2017.

Résultats en baisse, mais encore à un très bon niveau

Ces cours ont contribué à compenser les effets de l'inflation. La conseillère CERFrance pointait également la menace que cette situation fait peser sur les outils d'abattage : « ils ont moins d'animaux à abattre et leurs charges sont en hausse. Si ces outils disparaissent, cela peut fragiliser l'ensemble de la filière qui a besoin d'être structurée et dynamique pour que les cours se maintiennent ». Par ailleurs, 2023 s'est aussi caractérisée par la baisse de consommation de morceaux nobles à domicile. Elle est évaluée à 15 % ce qui est loin d'être anodin, alors que le secteur de la restauration fait, lui, beaucoup plus appel à de la viande d'importation. Une fois tous ces éléments posés, quelle est véritablement la photographie économique de l'élevage allaitant en BFC pour 2023 ? Malgré le constat d'une baisse du résultat par Utaf (passé de 32.800 euros en 2022 à 24.300 euros) et une légère baisse de l'Excédent brut d'exploitation (EBE) (-11 % à 71.200 euros), le résultat reste très largement positif pour ce secteur. Dans ce contexte, CERFrance conseille d'épargner, et d'anticiper des augmentations de prélèvements obligatoires. La période se montre en tout cas plus favorable à la rémunération.