Coopérative Avéal
Année éprouvante pour la coopérative Avéal

Marc Labille
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Avéal a présenté le bilan de son tout premier exercice depuis sa naissance du regroupement entre Téol et les établissements Agri Sud Est de Saône-et-Loire. Une année marquée par l’acquisition financière de ces derniers et le départ inattendu du directeur. La coopérative doit aussi composer avec un contexte économique chamboulé. 

Année éprouvante pour la coopérative Avéal
Gilles Mazille, président et Jean-Pierre Gillen, directeur du groupe Avéal depuis juillet dernier.

Le 8 décembre dernier, la coopérative Avéal a présenté le bilan de son tout premier exercice depuis sa naissance du regroupement des établissements Agri Sud Est du secteur avec Téol. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette première année a été mouvementée. D’abord, il a fallu composer avec un contexte économique perturbé. La hausse des cours des bovins n’a pas été à la hauteur de la flambée des matières premières. Blé, pulpe de betterave, tourteau de soja, urée, ammonitrate, GNR ont bondi dans des proportions parfois affolantes. Un vrai défi pour une coopérative fabricante d’aliments et fournisseuses d’appros. Dans les céréales, le montant des achats est passé de 1,6 million d’euros en 2021 à 3,9 millions d’euros en 2022 pour un volume de collecte à peine supérieur ! En résulte un « débours de 2.359.000 € », révélait le directeur. Et cette envolée des cours du blé « a incité les agriculteurs à opter pour le prix ferme, au jour le jour, plutôt que le prix moyen », s’inquiétaient les responsables de la coopérative.

Pour Avéal, l’un des faits marquants de cet exercice aura été le rachat du fonds de commerce d’Agri Sud Est. « Une acquisition importante » qui a entraîné « une crise ponctuelle de liquidité fin 2021 », expliquait-on. Au même moment, la coopérative a dû faire face au départ inattendu de son directeur en poste depuis seulement deux ans. Dans l’urgence, le conseil d’administration a fait appel à Pierre Feugas du cabinet de conseil Entractive. C’est lui qui avait accompagné la création d’Avéal et, connaissant bien la structure, il en assure la direction par intérim jusqu’au recrutement d’un nouveau directeur.

EBE et résultats positifs malgré tout

Malgré ces péripéties, Avéal présente « une clôture comptable correcte », constatait le président Gilles Mazille. « La réunion des deux réseaux en un seul groupe s’est faite avec peu de couacs », complétait-il. Dans sa présentation des comptes, le nouveau directeur Jean-Pierre Gillen attirait l’attention sur deux indicateurs de gestion très significatifs : l’Excédent Brut d’Exploitation et le résultat d’exploitation qui sont tous deux positifs. « Cela traduit une activité globale qui dégage tout de même de la rentabilité », synthétisait-il.

Avec ses filiales, Avéal a réalisé un chiffre d’affaires agrégé de 49 millions d’euros. Elle compte 2.660 adhérents porteurs de parts dont 1.600 adhérents actifs et sa zone couvre l’ouest Saône-et-Loire et déborde sur l’Allier et la Nièvre. Sur le dernier exercice, la coopérative a commercialisé 45.000 tonnes d’aliment, 20.550 tonnes d’engrais et collecté 17.450 tonnes de céréales.

Avec 26.400 tonnes de mash fabriqué sur le site de Charolles, la filiale Charolles Aliment a réalisé un chiffre d’affaires de 11 millions d’euros. L’autre filiale importante au sein d’Avéal est Charolles Bourgogne qui détient les 17 magasins du groupe. Son chiffre d’affaires atteint 8,5 millions d’euros, ce qui en fait une « entreprise qui continue de dégager du résultat », commentait le directeur.

Offre de services grandes cultures

Avec une collecte céréalière qui a de nouveau progressé en 2021-2022 (de + 1.500 tonnes) et un secteur productions végétales conforté avec la reprise du réseau Agri Sud Est, Avéal propose une importante offre de services grandes cultures, présentait Jean-Pierre Gillen (plan de fumure, registre phyto, accompagnement fertilisation, analyses de sol, reliquats azotés, protection des végétaux…). La coopérative est aussi engagée dans la démarche HVE avec 25 exploitations adhérentes certifiées. Enfin, le directeur évoquait le site Internet du groupe, véritable vitrine, bien utile pour les besoins de recrutement. La structure qui emploie 130 collaborateurs est en quête de nouvelles recrues.

« Consolider l’existant »

« Avec ses deux usines d’aliments (à Luzy et à Charolles), le groupe dispose de deux outils très opérants qui attendent de tourner à plein régime », résumait le directeur. Les hausses des prix des matières premières et autres pénuries imposent « de trouver des solutions pour amortir ces chocs », poursuivait-il, rassuré par « la somme de compétences et la motivation au sein d’Avéal ».

Pour le second exercice d’Avéal, la prudence est de mise, annonçait Gilles Mazille. Le contexte international, la hausse des charges, l’inflation posent un certain nombre de questions : sur la fréquentation en magasin, sur les achats d’aliments et d’engrais…. Pour les responsables d’Avéal, le mot d’ordre sera « de consolider l’existant ».

 

En seconde partie de son assemblée générale, Avéal a fait intervenir l’économiste Alessandra Kirsch. Nous y reviendrons dans une prochaine édition.

Jean-Pierre Gillen : une solide expérience dans l’agro-industrie et la coopération

Âgé de 59 ans, Jean-Pierre Gillen est doté d’une solide expérience dans l’agro-industrie et la coopération. Né à Dijon, le nouveau directeur d’Avéal a grandi dans la campagne nord côte-d’orienne tout près d’une ferme qui lui a donné l’envie de devenir agriculteur. Son premier diplôme a été un Bepa préparé au lycée de Fontaines puis, Jean-Pierre Gillen a enchaîné un parcours scolaire atypique qui l’a conduit à passer un BTS Acse puis à devenir ingénieur Isara. Sa carrière professionnelle a débuté à Isagri puis elle s’est poursuivie dans les engrais, d’abord au sein du groupe Roullier puis à AZF Total. Jean-Pierre Gillen a ensuite dirigé une filiale de coopérative pendant 14 ans puis a travaillé chez Sanders avant de devenir consultant pendant deux ans. Son dernier poste avant de rejoindre Avéal a été la direction d’une coopérative du sud-ouest. Devenu directeur général du groupe Avéal en juillet dernier, il s’est installé avec sa famille à Clessy.