Origine des produits transformés
L’exigence de l’étiquetage !

Conjointement lancée la semaine, à la veille du Salon international de l’Agriculture, par la FNSEA, les JA et l’UFC Que Choisir, une pétition est en ligne pour exiger l’indication de l’origine des produits transformés.
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C’est en quelque sorte, la pétition de la semaine… Après celle lancée par Interbev au sujet des négociations relatives au traité de libre-échange transatlantique (TTIP, lire à ce sujet notre article en page HH dans notre édition de la semaine dernière), c’est le tour de cette pétition lancée conjointement par les producteurs et les consommateurs pour exiger l’évolution de la réglementation relative à l’étiquetage de l’origine des produits transformés.
En effet, lassés de l’inaction des pouvoirs publics européens, L’UFC Que Choisir, la FNSEA et ses associations spécialisées, les Jeunes Agriculteurs et Coop de France ont choisi d’unir leurs voix et leurs forces lors du Salon de l’Agriculture. Ils lancent ainsi un appel à la mobilisation de tous les partisans de la transparence et invitent les citoyens à signer la pétition "Pour un étiquetage obligatoire de l'origine des viandes" sur : www.change.org/origineviande.
Ainsi, le 2 mars au Salon de l’Agriculture, sur le stand FNSEA, les quatre présidents des organisations à l’initiative de cette action commune ont-ils officiellement signé la pétition, laquelle caracolait, une semaine après son lancement à HH.KKK signataires…

Transparence et confiance


De fait, plus d’un produit transformé sur deux - 54 % plus précisément selon l’UFC Que Choisir (lire à se sujet notre article publié en page TT de notre dernière édition) - ne mentionne toujours pas le pays d’origine de la viande qu’il contient. Dès lors, l’objectif poursuivi est clair : il est d’accroître la pression sur la Commission européenne en lançant une pétition en ligne - ouverte à tous - pour un étiquetage obligatoire de l’origine des viandes.
Les consommateurs demandent une information claire sur la provenance des produits qui leur sont proposés. Les producteurs agricoles et les coopératives ont aussi, et depuis longtemps, la volonté de mieux faire connaître l’origine de leurs produits.
« Ensemble, nous demandons à la Commission européenne d’adopter sans délai une réglementation permettant au consommateur de connaître, comme pour la viande brute, la provenance de la viande qu’il mange dans les produits transformés », avancent l’UFC Que Choisir, la FNSEA, les JA et Coop de France dans un communiqué commun. « Parce que cette mesure est essentielle pour renforcer la transparence des approvisionnements et améliorer la traçabilité, dites avec nous : "Oui, je veux savoir d’où vient ma viande !" ». C’est là une question de confiance.




Le saviez-vous ?


Depuis 2002, l’indication d’origine est obligatoire (mention du/des pays où les animaux sont nés/élevés/abattus) pour la viande bovine fraîche, réfrigérée ou congelée. Pour les espèces ovines, porcines, caprines et de volaille, l’étiquetage des viandes fraîches, réfrigérées ou congelées est obligatoire depuis 2015, avec les mentions "élevé/abattu", mais pas le pays de naissance.

Il existe une dérogation pour les viandes hachées et les chutes de parage, pour lesquels seule la mention "UE/hors UE" est obligatoire.

Il n’existe aucune obligation d’étiquetage pour la viande utilisée en tant qu’ingrédient dans les plats transformés. Le mot "Origine" suivi du pays ne peut s’utiliser que si l’animal est né, a été élevé et a été abattu dans ce même pays.






Décret sur l’étiquetage
Moins incertain qu’annoncé


Initié par Stéphane Le Foll, apparemment sans illusion et pour répondre « à une demande pressante de la FNSEA », le décret sur l’indication de l’origine des viandes et du lait, inclus comme ingrédient dans les produits préemballés, pourrait finalement avoir une validité durable. En effet, il n’impose l’obligation d’étiquetage qu’aux produits assemblés en France tandis que les produits fabriqués à l’étranger ne seront pas concernés. « Une condition sine qua non pour ne pas constituer une entrave à la libre-circulation », selon Véronique Le Meur-Baudry, avocate au cabinet Armand associés et spécialiste du droit européen. Selon elle, la Cour de justice européenne a validé des cas de "discrimination à rebours" comme celui-ci.

Sur le plan économique, un tel décret pourrait être considéré comme une discrimination aux dépens des productions françaises puisque la règle d’approvisionnement ne s’appliquerait qu’à elles. A contrario, pour le consommateur, la non-indication de l’origine devrait induire logiquement que la viande utilisée n’est pas française. On voit mal une entreprise étrangère utiliser de la viande française pour le marché français sans que cette origine soit mentionnée.

Une question de délai…


Cependant, la France pourrait ironiquement se heurter à un obstacle juridique inattendu. La Commission européenne peut en effet demander à un pays membre de suspendre l’application d’une règle lorsqu’un projet similaire est en instruction au niveau européen. Or, il existe un projet d’étiquetage des origines des viandes similaire, ayant même été recommandé par le Parlement européen. Un projet largement dû à l’initiative de... la France.

En attendant, ce projet de décret ne pourra être mis en application que trois mois après son inscription sur la base de textes qui doivent faire l’objet d’une vérification de validité par la Commission européenne (procédure d’information dans le domaine des réglementations techniques). Or, au 25 février, le décret français n’y était toujours pas inscrit, selon Véronique Le Meur-Baudry. Un délai qui pourrait s’ajouter aux trois mois que le ministère de l’Agriculture a prévu à compter de la publication du décret.








Origine des viandes
Principal critère d’achat


L’origine constitue le premier critère d’achat de la viande, qu’elle soit brute ou transformée : 28 % des consommateurs citent en effet ce critère en premier pour la viande brute, devant tous les autres critères comme l’aspect du produit (16 %) ou encore le prix (9 %), et 23 % des consommateurs s’y attachent en premier lieu pour l’achat de plats préparés, avant d’autres critères pourtant significatifs tels que le prix (premier critère d’achat pour 20 % des consommateurs), la présence d’un label officiel (16 %) ou la marque (13 %). C’est ce que révèle une enquête publiée le 23 février par Familles rurales qui a interrogé par internet 700 familles réparties dans soixante-treize départements, entre décembre et janvier. Trois ans après le scandale des lasagnes à la viande de cheval, seuls 37 % des consommateurs s’estiment mieux informés quant à l’origine des viandes. S’ils sont 73 % à connaître cette origine au rayon boucherie ou chez leur boucher, 64 % pour ce qui est de la viande fraîche en libre-service dans les GMS, ils ne sont que 9 % à estimer connaître l’origine de la viande contenue dans les produits transformés. 50 % des personnes interrogées comprennent qu’une viande française puisse être plus chère (contre 35 % qui ne comprennent pas) à condition de pouvoir identifier les raisons du surcoût (modes de production, traçabilité…). Les consommateurs sont également plus méfiants qu’ils ne le devraient vis-à-vis des logos "Viandes de France", considérant qu’il s’agit davantage d’une garantie sur le lieu d’élevage et non sur l’ensemble de la filière, de la naissance à la transformation. Egalement questionnés sur les conséquences de l’accord de libre-échange UE/Etats-Unis actuellement en discussion, 87 % des consommateurs interrogés ont considéré que l’arrivée des viandes américaines ne serait pas une bonne chose, 76 % jugeant préférable, en ce cas, une viande d’origine européenne.






Charcuteries, salaisons
Réticences industrielles…


Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, le président de la Fédération française des industriels charcutiers, traiteurs et transformateurs de viande (Fict), Robert Volut, se prononce contre la publication d’un décret sur l’origine des viandes. « La solution ne viendra pas d’un décret rendant obligatoire l’étiquetage d’origine des viandes utilisées dans les charcuteries », indique-t-il soulignant au passage qu’il n’avait observé, au niveau des ventes, aucune différence entre les produits étiquetés et ceux non étiquetés. En effet, selon lui, plus de 50 % des charcuteries mentionneraient déjà l’origine. Le syndicat fait valoir que l’offre française et la demande sont déséquilibrées. Même si 80 % des viandes de porc destinées à la charcuterie sont françaises, les abatteurs-découpeurs ne fourniraient pas suffisamment de jambons de taille moyenne pour le jambon cuit, ni de viande de coche pour le saucisson sec et les rillettes, de boyaux naturels pour les saucisses et saucissons secs ou de viandes de porc bio ou rustiques, souligne-t-il. Plutôt que l’étiquetage, la solution à la crise serait, selon les industriels, à trouver dans des mesures de reconversion des éleveurs en péril, dans le respect des lois du commerce et le rééquilibrage du rapport de force avec la grande distribution, la simplification des réglementations et l’harmonisation au niveau européen des prélèvements fiscaux et sociaux.






Négociations commerciales
Le double-jeu des GMS


Alors que les négociations commerciales sur les produits de marque fabricant sont en voie de s’achever, les industriels charcutiers-salaisonniers de la Fict dénoncent des demandes de la part de la grande distribution « qui ne prennent nullement en considération l’évolution réelle des prix des matières premières (pièces de découpe) et des coûts d’exploitation ». La Fict note également le « développement inflationniste des nouveaux instruments promotionnels hors convention annuelle signée avec les centrales d’achats ». Les industriels craignent « qu’à l’heure où la grande distribution revendique la paternité d’un fonds de soutien aux éleveurs », les ressources de ce fonds ne proviennent des demandes de baisse de prix. Ils dénoncent aussi le refus des GMS « de toute valorisation complémentaire pour des viandes d’origine française en marques nationales ou marques de distributeur (MDD) ». Le contraire même de ce que les dirigeants de GMS disent aux producteurs, la main sur le cœur…





Valeur nutritionnelle des viandes cuites
On en sait plus


Fruit d’une démarche entamée il y a près de dix ans, le Centre d’information des viandes (CIV) publie - en collaboration avec l’Inra - un cahier sur la valeur nutritionnelle des viandes cuites. Seize morceaux de viande cuite représentatifs des viandes produites et consommées en France ont été analysés en fonction des modes de cuisson (grillé-poêlé, rôti, braisé, bouilli) et des degrés de cuisson (bleu, saignant, à point). Le cahier permet de classer les nutriments les plus significativement présents dans un produit carné en trois catégories. D’abord les thermorésistants comme les protéines et leurs acides aminés ou le zinc et le sélénium qui ne subissent pas de perte significative lors de la cuisson. Les intermédiaires, comme la vitamine B3 et B12 qui perdent entre 5 et 50 % de leur valeur initiale selon le degré et le mode de cuisson. Enfin les nutriments solubles et thermosensibles tels que le fer héminique et la vitamine B6 par exemple. A savoir aussi que pour les cuissons courtes, les pertes restent faibles et qu’elles augmentent pour les cuissons braisées ou bouillies.