Grandes cultures
Gros colzas : économies en perspective !

Alexandre Coronel
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Pour estimer les besoins azotés des colzas, la pesée de sortie d’hiver est primordiale. La météorologie favorable de l’automne 2022 a permis aux peuplements d’atteindre de bons développements, sources d’économies en matière de fertilisation, mais aussi de lutte contre les ravageurs.

Gros colzas : économies en perspective !

« Les colzas vont bien et il n’y a rien à craindre des températures négatives annoncées pour les prochains jours, rassure Emeric Courbet, technicien en charge du dossier grandes cultures à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône. En 2012, l’épisode de gel intense et prolongé de la première quinzaine de février n’avait pas empêché de faire une moyenne départementale de 34 quintaux/ha ! » L’automne 2022 a été propice à l’implantation et au développement des peuplements des colzas. « Contrairement à 2021, la fin de l’été a permis de bonnes préparations des lits de semence, puis le chaud et les précipitations ont favorisé la croissance des plantes, qui ont profité de la minéralisation de la matière organique pour capter de grandes quantités d’azote. Les pesées de biomasses réalisées à l’entrée de l’hiver confirment l’appréciation visuelle, avec 2 à 4 kg/m² (contre 1 à 2 kg/m² habituellement), et le collègue de Saône-et-Loire a même une parcelle record à 6 kg/m² ! C’est du jamais vu ».

Les pieds bien développés sont moins sensibles aux attaques de ravageurs

Ces éléments ont leur importance pour la conduite des cultures. Déjà en termes de nuisibilité des divers ravageurs. Les altises par exemple. « Les derniers comptages Berlèze réalisés en début d’hiver montrent qu’il n’y a pas eu d’augmentation spectaculaire du nombre de larves : ça va de 3-4 à 25 larves par pied. Dans cette plage, il n’y a pas d’intérêt à traiter ». Pour la fertilisation surtout, avec des conséquences directes en matière d’apports azotés. « La pesée de sortie d’hiver est la plus déterminante pour ajuster les quantités nécessaires, précise Emeric Courbet. Il faut bien veiller à enlever les feuilles jaunies, qui vont tomber dans les prochaines semaines (phénomène de défoliation). Plus le colza est gros en sortie d’hiver, et moins il a besoin d’azote. En gros, 1 kg de biomasse au mètre carré équivaut à 50 unités d’azote ». Réglementairement, il n’est pas possible d’amener le premier apport azoté avant le 1er février. « La réglette ou l’application Mesparcelles permettent de calibrer ce premier apport, en s’appuyant sur le potentiel de rendement de la parcelle (rendement historique) et l’état de la culture. Il y a des économies d’azote à faire cette année, en tirant parti du bon développement des colzas ». D’autant plus que l’azote a été acheté au prix fort, et que les perspectives de prix de vente du colza ne sont plus si élevées que l’été dernier. « Les essais conduits l’an dernier en Haute-Saône, dans lesquels nous avons testé des modalités sans matière organique et sans fertilisation azotée confirment l’intérêt des gros colzas. Sans apport azoté au printemps, les gros colzas font plus de rendement que les petits colzas ! » Quand on regarde les rendements nets, c’est-à-dire une fois enlevées les charges de fertilisation et de traitement, le "désavantage" économique de la surfertilisation apparaît clairement. « Pour les agriculteurs, ça peut être difficile psychologiquement de lever le pied sur l’azote dans les gros colzas, par peur de brider le rendement, mais je conseille de faire au moins des bandes témoins », conclut le technicien.