Les brèves du 24 janvier 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Voici les brèves du 24 janvier 2023

Les brèves du 24 janvier 2023

Néonicotinoïdes : pas de troisième dérogation pour la filière betteravière

« Il n’y aura pas de troisième dérogation pour les néonicotinoïdes », a déclaré le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau le 23 janvier à l’issue d’une réunion avec les professionnels de la filière betteravière. Saisie sur la dérogation accordée par la Belgique aux semences enrobées de néonicotinoïdes (NNI), la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) avait conclu dans un arrêt rendu le 19 janvier que les États membres ne peuvent ré-autoriser des molécules « expressément interdites ». À six semaines des semis de betteraves, il s’agit « d’un coup difficile », a souligné le ministre de l’Agriculture, confirmant que la demande de dérogation pour les NNI ne sera pas soumise au conseil de surveillance le 26 janvier. Afin de maintenir la pérennité de la filière betteravière en France, Marc Fesneau a affirmé la nécessité de trouver des alternatives, explorées notamment dans le cadre du PNRI, dans lequel 20 M € ont été investis. « Nous allons essayer d’accélérer les choses, mais il nous manque une année », a soutenu le ministre. Parallèlement, Marc Fesneau a convenu de la mise en place « d’un dispositif qui permettrait de couvrir les pertes liées à la jaunisse, et ce le temps de trouver les alternatives dont la filière a besoin », sans en préciser l’enveloppe. Et d’ajouter vouloir « activer au niveau européen les clauses de sauvegarde pour qu’il n’y ait pas de distorsion de concurrence. […] Si l’on aboutit à avoir du sucre et de l’éthanol de pays qui ne respectent pas nos normes, nous aurons tout perdu. »

 

HVE : ONG et agriculteurs bio déposent un recours au Conseil d’État

Générations Futures, l’UFC-Que choisir, la Fnab (producteurs bio) et le Synabio (transformateurs/distributeurs spécialisés bio) annoncent dans un communiqué du 23 janvier avoir déposé un recours auprès du Conseil d’État sur la Haute valeur environnementale (HVE) « pour faire reconnaître la tromperie du consommateur qui dure depuis plus de dix ans et mettre un terme au greenwashing ». S’appuyant sur le rapport publié en fin d’année par l’OFB (Office français de la biodiversité) et des bureaux d’études sur l’ancien cadre de la HVE, les signataires estiment que la révision du cadre « n’a pas amélioré la situation ». « L’utilisation d’intrants chimiques comme des engrais et pesticides de synthèse particulièrement néfaste pour l’environnement ou pour la santé humaine reste autorisée ! » s’agacent les organisations, faisant référence aux molécules suspectées d’être cancérigènes ou mutagènes (CMR2). Estimant que les soutiens publics à la HVE « brouillent la perception du consommateur », le collectif souligne qu'« il existe un modèle, certes perfectible, mais qui a l’une des plus hautes performances environnementales : ce modèle s’appelle l’agriculture biologique ».

 

Projet d’accord UE/Australie : des États membres veulent y inclure des critères de durabilité

Alors que l’UE et l’Australie entameront, du 6 au 10 février à Canberra (Australie), leur 14e cycle de négociations en vue de conclure un accord de libre-échange en 2023, huit États européens appellent à conditionner certaines préférences tarifaires au respect de normes spécifiques de durabilité. Une demande formulée dans une note présentée lors du Comité spécial agriculture du 23 janvier. À cette fin, ces États membres demandent à la Commission de soutenir cette mesure qui s’inscrirait dans le cadre d’un chapitre relatif à un « système alimentaire durable », en conditionnant l’octroi de préférences tarifaires pour la viande bovine et ovine australienne (produits sensibles) au respect d’une exigence de durabilité sur l’agriculture pastorale. Une proposition qui contribuerait à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’élevage australien par la séquestration du carbone et comporterait d’autres avantages environnementaux, explique la note. Une telle approche a notamment été mise en œuvre pour la première fois dans le cadre de l’accord commercial UE/Nouvelle-Zélande. Les délégations demandent donc à Bruxelles d’intégrer cette proposition dans la prochaine offre que l’UE soumettra à l’Australie.
* France, Belgique, Irlande, Grèce, Pologne, Roumanie, Slovénie et Slovaquie

 

Salaires agricoles : négociation « tendue » dans la branche production, selon la CFDT

La négociation salariale qui a réuni les partenaires sociaux de la branche Production agricole et Cuma, le 17 janvier, « a débouché sur une sorte de statu quo où tout le monde se renvoie la balle, mais le dialogue est encore ouvert », a confié le secrétaire national de la CFDT Agri-Agro Benoît Delarce en conférence de presse le 23 janvier. Le syndicat de salariés espère obtenir une revalorisation des salaires conventionnels (minima de branche) pour prendre en compte l’inflation. Et ce après l’échec de la dernière négociation en août (le Smic avait augmenté de 2,01 %), et à la suite d’une nouvelle hausse du Smic (+1,81 %) le 1erjanvier. « La négociation est vraiment tendue […] du fait probablement d’une difficulté [pour les entreprises agricoles] à augmenter les prix des produits », a reconnu Benoît Delarce. Face à « une proposition de grille [des salaires] ferme de la FNSEA », la CFDT a fait une contre-proposition qui consiste à « rattraper le Smic en valeur, mais pas en pourcentage », a détaillé M. Delarce. « Entre mai et janvier, le Smic a augmenté de 63,70 euros par mois. La proposition [est] de mettre 63,70 euros par mois à tous les paliers pour qu’au moins cette hausse de pouvoir d’achat soit donnée au salarié. » Le prochain round de négociation aura lieu le 27 janvier, selon le syndicat.

 

Délinquance : les vols reculent sur les exploitations agricoles (ministère de l’Intérieur)

Selon les statistiques de crimes et délits enregistrés par les services de police et de gendarmerie nationales, les vols simples sur exploitations agricoles ont significativement baissé en France métropolitaine depuis dix ans, après un pic en 2014 (voir graphique). Les forces de l’ordre ont recensé 8884 vols de ce type en 2011, contre 6192 en 2021, soit une baisse de 30 %. L’essor des vols dans les exploitations dans les années 2010 avait conduit la gendarmerie et les préfectures à signer des conventions avec des FDSEA, avec notamment la mise en place de référents dans les gendarmeries et la création d’un réseau d’alerte par SMS. Au-delà de cette baisse, les matériels visés semblent changer. Ces dernières années, les vols de matériel de guidage sont de plus en plus souvent rapportés par la presse locale. « On a observé que ce genre de matériel repartait rapidement dans les pays de l’Est, sur des marchés parallèles ou chez des concessionnaires qui ont pignon sur rue, pour des matériels allant jusqu’à 10 000 euros qui se revendent facilement », a expliqué le 18 janvier sur France Inter le général Arnaud Giraud, du groupement de gendarmerie de la Vienne.

 

Produits laitiers : en 2022, la consommation recule de 2,5 % par rapport à l’avant-Covid

Sur les douze derniers mois (année 2022), les ventes de produits laitiers en magasin ont reculé en moyenne de 2,5 % en volume par rapport à 2019, dernière année avant la crise Covid, relève l’Institut de l’élevage (Idele) dans sa publication Tendances du 19 janvier. « On observe une reprise des dynamiques d’avant Covid-19 », soulignent les économistes. La consommation de produits laitiers avait été encouragée pendant la crise par les confinements et la fermeture des restaurants. Certains produits renouent en 2022 avec une dynamique baissière comme les laits liquides (-5 %/2019 en volume), les fromages frais (-5 %), les desserts frais (-4 %) et le beurre (-2 %). Les ventes de yaourts se maintiennent mieux que le reste de l’ultra-frais (+0,3 %) sous l’effet de l’inflation qui oriente les achats vers les produits « moins chers ». A contrario, les ventes de crèmes et de fromages progressent de 3 %. En Allemagne, la consommation de produits laitiers enregistre un recul beaucoup plus marqué : -9 % sur les laits liquides, -10 % sur les fromages frais et -15 % sur le beurre sur les douze derniers mois par rapport à 2019. « L’inflation plus forte dans ce pays affecte plus lourdement qu’en France la consommation de produits laitiers », explique l’Idele. En 2022, l’inflation a été de 7,9 % en Allemagne, contre 5,2 % en France.

 

Lait : France OP Lait dénonce une « mascarade » après l’entrée des OP au Cniel

France OP Lait (FOPL) dénonce, dans un communiqué du 23 janvier, « une mascarade » après la désignation d’une représentation des organisations de producteurs (OP) au sein du collège « producteurs » du Cniel (interprofession laitière). « Toutes les décisions ont été prises par le collège producteurs et in fine par le Cniel dans le dos des OP », affirme l’organisation qui fédère 18 OP (6000 exploitations laitières). « Or, ce n’est pas faute pour [FOPL] et nombre d’OP d’avoir tenté une démarche de co-construction. » Les trois représentants ont été élus par les membres du collège, a précisé la FNPL (producteurs laitiers, FNSEA) le 17 janvier. La Coordination rurale ayant refusé de présenter un candidat, la FNPL, majoritaire, en a proposé deux : Yohann Barbe, membre du collège et président d’OP, et Bruno Lancelot, président d’OP. Le troisième, Ludovic Billard, président de Biolait et membre de FOPL, a été proposé par la Confédération paysanne, sans en être informé au préalable. « Il a reçu un courrier lui indiquant qu’il avait été désigné », explique Loïc Adam. Le principal intéressé confirme l’information et indique qu’il accepte sa désignation, car « il y voit un intérêt pour les OP ». « La vérité est qu’il n’y a pas de représentation des OP au Cniel », tranche FOPL, déplorant que les deux présidents d’OP non membres du collège n’aient pas de « droit de vote ».

 

Salon de l’agriculture : Sodiaal sera présent Porte de Versailles, pas l’Aveyron

La coopérative Sodiaal aura un stand au Salon international de l’agriculture (Sia), qui se tiendra du 25 février au 5 mars, annonce le groupe dans un communiqué le 23 janvier. En septembre 2022, l’absence de la première coopérative laitière française au Space de Rennes, dans un contexte de remous sur le prix du lait, avait été très commentée. La coopérative avait alors expliqué vouloir se concentrer sur les renégociations commerciales en cours avec la grande distribution. De « retour » pour le Sia, Sodiaal aura son stand dans le pavillon 1, « hall emblématique de l’agriculture française ». La coopérative « souhaite profiter de sa présence au Sia pour enrichir le dialogue qui existe avec ses adhérents éleveurs, ses collaborateurs, les visiteurs consommateurs de produits laitiers Yoplait, Entremont et Candia et l’ensemble des acteurs de son écosystème », expose le communiqué. Par ailleurs, l’Aveyron n’aura pas de stand dédié au Sia cette année. Comexposium, la société qui gère le salon, « a demandé à l’Aveyron d’investir le hall 3 » (régions), alors qu’il avait jusque-là une « dérogation pour s’installer dans le hall 1 » (animaux), apprend-on sur Réussir.fr. « Pour nous, il est hors de question, après concertation avec le conseil départemental, d’aller au hall 3 », a déclaré Jacques Molières, le président de la chambre d’agriculture, sur France 3 Occitanie.

 

Vin : un vigneron sur trois « en difficulté » dans le Bordelais

Un vigneron bordelais sur trois s’est déclaré « en difficulté » lors d’une enquête réalisée pour évaluer l’ampleur de la crise du secteur et mettre en place des aides, a annoncé le 20 janvier la chambre d’agriculture de Gironde. Durant un mois jusqu’à mi-janvier, celle-ci avait mis en ligne un questionnaire dans le cadre d’une cellule de crise organisée par la préfecture après une manifestation de la profession le 6 décembre à Bordeaux. L’enquête invitait les exploitants en difficulté à se manifester et 1320 y ont répondu, soit un tiers de l’effectif du département, où environ 4000 exploitants vivent de la vigne. Parmi ces répondants, plus d’un quart veulent arrêter leurs activités et procéder à l’arrachage total de leurs vignes, selon le communiqué. Les autres souhaitent malgré tout poursuivre la viticulture, « en procédant pour certains à des arrachages partiels, dans l’objectif de diversifier leurs productions ». « Beaucoup envisagent de s’engager vers d’autres productions végétales (oliviers et noisetiers étant les plus citées). Ils sont également nombreux à souhaiter développer des démarches d’œnotourisme et d’agritourisme », relève la chambre, qui va proposer un accompagnement « technique, économique et financier » aux candidats à la diversification.

 

Engrais : la baisse des prix « ne se ressentira pas tout de suite », selon FranceAgriMer

Lors d’une conférence de presse à l’issue du conseil spécialisé Grandes cultures du 18 janvier, FranceAgriMer est revenu sur l’apaisement des cours des engrais, observé depuis la fin de l’automne en raison d’une diminution de la demande et d’une baisse du prix du gaz, rapporte Marc Zribi, chef de l’unité Grains et sucre de l’office agricole. Pour expliquer la « forte baisse des prix du gaz naturel par rapport aux évolutions des derniers mois », ce dernier évoque les conditions climatiques douces de l’automne et de l’hiver, l’excédent de production aux États-Unis et l’accumulation des stocks visant à prévenir de possibles coupures. « Les prix reviennent à des niveaux observables avant la guerre en Ukraine, mais restent à des niveaux extrêmement hauts, trois à quatre fois plus élevés qu’avant la crise sanitaire », souligne Marc Zribi. Quant au président du conseil spécialisé Grandes cultures de FranceAgriMer, Benoît Piètrement, il reste néanmoins prudent quant à l’effet « positif » de cette baisse sur les cultures à venir. « Les prix des engrais azotés se tassent un peu, mais enregistrent des niveaux 2,5 fois plus élevés qu’il y a deux ans », souligne-t-il. Et d’ajouter que « 90 % des apports ont d’ores et déjà été achetés à des prix très élevés. Pour la récolte 2023, les baisses ne se ressentiront pas tout de suite. »

 

Bovins viande : l’accès aux cultures creuse les écarts de revenu entre éleveurs (Idele)

Les élevages de bovins viande présentant les plus hauts revenus par actif sont ceux qui exploitent également des cultures, selon les chiffres publiés le 18 janvier par l’Idele (Institut de l’élevage), un phénomène qui s’est accentué en 2022, en raison notamment de prix des céréales très élevés. L’étude présentée lors du Grand angle viande montre des « écarts croissants entre systèmes ». Parmi les six systèmes étudiés, les plus hauts revenus sont ceux des naisseurs-engraisseurs avec cultures (72 400 € par an) et des naisseurs avec cultures (55 600 €). Les autres systèmes se situent entre 28 200 € annuels (naisseurs-engraisseurs de jeunes bovins intensifs) et 12 400 € (naisseurs-engraisseurs de veaux sous la mère) ; les éleveurs uniquement naisseurs (extensifs comme intensifs) se situent entre ces deux valeurs. Ces chiffres correspondent au RCAI (résultat courant avant impôts) par actif calculé pour 205 élevages du réseau Inosys, qui sont « beaucoup plus performants que la moyenne française », selon l’Idele. L’année dernière a été marquée par de fortes hausses des prix de la viande bovine et des charges. Mais seule une partie des éleveurs a pu bénéficier de l’augmentation des prix des grandes cultures. Comme le précise l’institut technique, ce calcul prend en compte les acomptes versés fin 2022 dans 12 départements au titre de la sécheresse (calamités).

 

Foie gras : le recul des ventes a été « contenu » pour la saison festive 2022 (Cifog)

Lors des fêtes de fin d’année 2022, les ventes de foie gras ont reculé de 19,4 % en volume (-2,8 % en valeur), une baisse moins importante que celle de la production (-30 % pour 2022 à cause de l’influenza aviaire), d’après un communiqué du Cifog du 23 janvier. Des résultats qui font dire à l’interprofession du foie gras que « les producteurs de foie gras [ont sauvé] leur saison festive ». Les industriels ont pu maintenir leurs ventes grâce aux conserves « fabriquées tout au long de l’année », explique le Cifog. Sur un an, les ventes de foie gras en conserves dans les grandes surfaces ont chuté de 6 % en volume (+9 % en valeur), d’après IRI (entre le 10 octobre 2022 et le 1er janvier 2023). « Les produits mis en rayon ont même connu un taux d’écoulement historique en magasin », ajoute le Cifog, et ce malgré « une inflation généralisée sur les produits alimentaires » et « un climat de consommation morose ». En octobre 2022, la filière alertait sur l’effondrement de la production, en raison notamment du manque de canetons lié à l’épizootie d’influenza aviaire. Une pénurie amenée à se poursuivre dans les prochains mois, la maladie ayant de nouveau dévasté les élevages de reproducteurs des Pays de la Loire, qui produit 75 % des canetons français.

 

Médias : France Télévisions va tourner une série dans un lycée agricole breton

Le groupe France Télévisions prépare une série quotidienne se déroulant dans un lycée agricole en Bretagne, a-t-il annoncé le 12 janvier. « La série mettra en lumière la complexité des enjeux du monde agricole et rural d’aujourd’hui et de demain, avec humour et loin des clichés », selon un communiqué. Son lieu de tournage est l’ancien lycée agricole privé d’Étrelles, au sud de Vitré (Ille-et-Vilaine), précisent la Région Bretagne et la société de production. Déter (nom provisoire de la série) mettra en scène « une jeunesse rurale, évoluant dans un environnement peu vu jusqu’ici à l’écran et traitant, positivement, de sujets d’actualité majeurs : l’agriculture sous toutes ses formes, mais aussi les préoccupations des jeunes au lycée et la diversité des formations et métiers qu’on y trouve », selon le communiqué commun. Le tournage est prévu dès avril. C’est à partir de l’automne qu’est programmée la diffusion, selon un double format : des épisodes de 7 min du lundi au vendredi, puis un épisode de 35 min en fin de semaine.