Dégâts de gibier
« Nous visons 30 % de cultures détruites en moins »

PROPOS RECUEILLIS PAR BERTY ROBERT
-

Alors que la question des dégâts de gibier fait l’objet de négociations entre la FNSEA et la Fédération nationale des Chasseurs (FNC) qui devraient déboucher sur un accord national d’ici la fin du mois, Florent Leprêtre, président de la commission Faune sauvage au sein de la FNSEA était de passage en Côte-d’Or le 13 janvier. Interview.

« Nous visons 30 % de cultures détruites en moins »
Florent Leprêtre préside la commission Faune sauvage de la FNSEA.

Quels sont les enjeux liés à l’accord qui se négocie actuellement entre la FNSEA et la FNC ?

Florent Leprêtre : Nous travaillons sur cet accord depuis plus de deux ans. Il s’agit de mieux indemniser les dégâts de gibier à l’agriculture. L’amélioration de cette indemnisation passe par la limitation des populations de gibier. L’objectif de l’accord est historique : une réduction de 30 % de volumes de cultures détruits, en fonction de l’année de référence qui sera retenue et qui n’est pas encore tout à fait définie. Dans l’ancienne procédure d’indemnisation, qui remonte au précédent accord de 2012, il y avait un forfait de 76 euros par culture. Avec le nouvel accord, on va passer à 150 euros forfaitaires annuels à l’exploitation. Par ailleurs, les 240 euros de franchise, ou 3 % de la surface minimum sur la culture déclarée, ou encore les 100 euros d’abattement pour les prairies, dispositifs qui étaient très compliqués, vont être supprimés. On passe sur le forfait annuel à l’exploitation.

Sur la régulation des populations de gibier, que va-t-il se passer ?

F.L. : Entre les chasseurs, mais aussi les ministères de l’Environnement et de l’Agriculture, il faut être très actif pour parvenir à prélever au maximum ! Il faut que le sanglier soit classé « Nuisible », qu’il puisse être tiré à l’affût, également dans les parcelles en cours de récolte, il y a la question du tir à la chevrotine, qui fait grincer dans certains ministères… Ensuite se pose également le sujet de l’agrainage. Dans le futur accord, il est rappelé qu’il est interdit. Néanmoins, nous constatons que dans les départements où il y a de gros dégâts, l’agrainage de dissuasion, hors période de chasse, permet de contenir les animaux en forêt, plutôt que dans les parcelles cultivées. En matière d’agrainage, rien n’est simple… Enfin, il y a la question de la protection des cultures. Je rappelle qu’elle ne doit pas être à la charge de l’agriculteur. Nous ne signerons pas une convention pour forcer les agriculteurs à entretenir ces protections. Ils ont autre chose à faire !

Comment intégrez-vous dans ce futur accord la problématique des hausses de certains coûts agricoles ?

F.L. : Nous sommes parvenus à co-construire un véritable contrat d’objectif pour, d’abord, parvenir à faire baisser les populations. Là-dessus, des hausses de prix liés à la guerre en Ukraine sont venues se greffer. Les chasseurs ont négocié, sur le plan Résilience Ukraine, qui ne vient pas du budget agricole, un accompagnement de la part de l’État pour faire face à la hausse des indemnisations qui se pose en lien avec la hausse des coûts de certaines matières agricoles. Nous nous sommes battus pour avoir un prix juste sur les denrées en 2022. Mais l’État ne va pas accompagner de cette manière tous les ans et nous sommes des militants de l’indemnisation au prix juste, d’où la nécessité impérative de parvenir à faire baisser les populations.

La réunion organisée à Bretenière le 13 janvier réunissait des responsables des FDSEA de toute la Bourgogne-Franche-Comté.