Vente de la station de Jalogny
Soulagement et fierté après la réussite de la vente

Marc Labille
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La vente aux enchères de la station de Jalogny a eu lieu vendredi dernier à Charolles. 68 % des veaux présentés ont trouvé preneurs malgré une configuration inédite liée au Covid-19. Un soulagement pour le GIE Synergie Charolais qui, dans une saison hors-norme, est parvenu à adapter son outil et sa vente.

Soulagement et fierté après la réussite de la vente
Ne pouvant être organisée sous le hall des expositions de Charolles interdit pour cause de Covid, la vente de la station de Jalogny a pris place sous un chapiteau ouvert en présence d’un public limité.

Vendredi dernier, c’est avec un sentiment de soulagement et de fierté que l’équipe de Didier Giraud ouvrait à Charolles la vente aux enchères de la station de Jalogny. Malgré le Covid-19 et le contexte sanitaire incertain des semaines passées, le GIE Synergie Charolais est en effet parvenu à organiser la vente de ses 79 veaux évalués à Jalogny. Un premier bilan donnait un taux de vente de 68 % soit 54 veaux vendus sur les 79 présentés. C’est un score très honorable étant donné les circonstances. « Certes, nous avons vendu cinq - six veaux de moins que les autres années, mais vu le contexte agricole, économique et sanitaire, c’est quand même une jolie vente », synthétisait Didier Giraud. 

50 veaux ont d’emblée trouvé preneurs aux enchères au prix moyen de 3.363 €. Quatre autres ont été vendus à l’amiable à l’issue. Les 29 invendus devaient être proposés pendant quelques jours supplémentaires sur une vente en ligne mise en place par le Herd-Book Charolais. 

Contrôle de température à l’entrée

Comme le protocole sanitaire le prévoyait, seuls les naisseurs, les membres de la commission du GIE et les acheteurs avaient accès à la vente sur le site du parc des expositions de Charolles. À l’entrée, un agent de sécurité contrôlait la température de chaque entrant et un membre de la commission prenait les identités de chaque visiteur, vérifiant en même temps la validité du motif de la visite. Grâce à ce contrôle très strict des entrées et l’autodiscipline des éleveurs, la jauge de présence a été respectée. Un sens de circulation dirigeait les participants vers le ring installé exceptionnellement à l’extérieur du hall sous un chapiteau ouvert. Placé sur des chaises judicieusement espacées, le public professionnel de la vente a bien respecté les gestes barrières.

Succès des enchères en ligne

Un des faits marquants de cette vente sous le signe du Covid-19 aura été l’essor des enchères en ligne. En effet, grâce au dispositif « Live » développé par la Sicafome (58) qui animait la vente, 13 acheteurs se sont connectés à distance. Cela représente autant de veaux achetés via les enchères en ligne. Preuve que la technologie est devenue très fiable et cela ouvre de nouvelles perspectives pour ce type d’évènement. Parmi ces acheteurs à distance, figurent sans surprise les étrangers, à commencer par les Tchèques, fidèles clients de Jalogny, lesquels ont acheté cinq veaux cette année. « Ils ont été plus réactifs que lorsque nous misions pour eux », confie Didier Giraud qui note que l’achat en ligne évite de s’en remettre à un intermédiaire. Outre les étrangers, plusieurs éleveurs français ont aussi été séduits par les enchères à distance. Parmi ceux-ci, des agriculteurs du Maine-et-Loire, de Loire-Atlantique, de la Creuse, des Ardennes, de la Moselle, de l’Ardèche, de la Meuse, de l’Allier, du Rhône… La plupart d’entre-eux n’avaient encore jamais acheté de veau à la station saône-et-loirienne, rapporte le président qui se félicite que le procédé en ligne ait permis de toucher des éleveurs de régions jusqu’alors trop éloignées de Jalogny. Pour compléter ce tour d’horizon, il faut citer aussi la Slovénie acheteuse de deux veaux avec Sicarev, ainsi que Simon Génétic acquéreur lui aussi de deux animaux. 19 veaux rejoindront des élevages de la Saône-et-Loire.

Affaire rondement menée…

Au regard du nombre d’animaux proposés et vendus, les organisateurs ne se sont jamais montrés aussi efficaces ! En effet, l’absence de déjeuner en raison du Covid a permis de démarrer la vente dès 13 h et à 18 h, tous les animaux étaient déjà remontés dans les bétaillères direction les fermes de leurs naisseurs ! Une prouesse pour un lot de 79 animaux présentés aux enchères incluant un second passage pour les invendus ! Cette performance en dit long sur le professionnalisme des membres de la commission de la station saône-et-loirienne, lesquels ont dû s’adapter à une configuration différente et plus contraignante que les autres années. Efficacité inédite aussi de la vente en elle-même qui n’a pas souffert de problèmes d’Internet alors qu’elle était relayée simultanément en Loire-Atlantique, dans les Ardennes, en Ardèche et en République tchèque !

Deux records de prix en huit jours pour l’EARL des Quatre Saisons !
Pénalty, né à l’EARL des Quatre Saisons à Boyer, premier de la station en IMOCR et record de prix de la vente.

Deux records de prix en huit jours pour l’EARL des Quatre Saisons !

L’animal qui a atteint le prix le plus élevé est Pénalty, né à l’EARL des Quatre Saisons à Boyer. Il était le premier de la station de Jalogny en termes de performances avec un index morphologie croissance IMOCR de 122. Fils de Lucifer sur une fille de Vittoz, ce futur taureau, aussi bon sur le papier que visuellement, pesait 750 kg en fin de contrôle pour un GMQ proche de 1.800 grammes/jour. Très disputé, l’animal a été adjugé 9.000 € à deux éleveurs : Guillaume Mateuil d’Oudry et l’élevage Millot de la Haute-Saône. Fidèle aux stations charolaises depuis douze ans, le naisseur Jean-Pierre Ferré avait déjà décroché le « top price » de la vente aux enchères de la station côte-d’orienne de Créancey une semaine plus tôt. C’était avec un fils de Latino sur Vigny, lequel était déjà le deuxième en IMOCR de la station de Créancey. Un veau dont le gros point fort était la facilité de naissance avec un index génomique de 130 sur ce critère, confie l’éleveur. Ce futur reproducteur avait été adjugé 4.550 € à des acheteurs tchèques. À l’issue de ces deux belles ventes, Jean-Pierre Ferré savourait ce double exploit. Son père n’avait en effet qu’un petit élevage laitier et c’est le fils Jean-Pierre qui s’est lancé dans la sélection charolaise en misant essentiellement sur la génétique d’insémination artificielle. Cela lui a permis, en l’espace de quelques années, de monter un cheptel de haute valeur génétique, avec lequel il commercialise aujourd’hui une trentaine de mâles chaque année et autant de femelles gestantes. « Et cela sans pub ! », confie l’éleveur de Boyer et d’ajouter : « ce sont les stations charolaises qui m’ont fait connaitre ainsi que la section reproducteurs de mon groupement Feder ».