Exportations
Exportations : les vins et spiritueux français au plus haut

La levée des sanctions américaines a joué en faveur de performances exceptionnelles en 2021. Les ventes de vins et spiritueux français progressent sur toutes les destinations, bénéficiant d’une forte demande mondiale.

Exportations : les vins et spiritueux français au plus haut

Après le coup d’arrêt constaté en 2020, les exportations françaises ont connu en 2021 un immense rebond, battant pour l’occasion plusieurs records. « Les ventes à l’export de notre filière ont atteint 15,5 milliards d’euros (Md€), un plus haut historique que nous n’aurions pas imaginé il y a un an », a expliqué César Giron, le président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) et président de Martell Mumm Perrier-Jouët (Pernod Ricard) à Wine Paris/Vinexpo le 15 février. Les exportateurs ont constaté des ventes supérieures à celles de 2019 en valeur (+10,5 %), mais aussi en volume (+4 %).

Si les explications à cette embellie sont multiples, la levée des sanctions américaines en cours d’année 2020 a joué un rôle déterminant. « La suspension en mars dernier pour une période de cinq ans de ces surtaxes par l’administration Biden a favorisé le retour en force des vins et spiritueux français dans le pays », a rappelé César Giron. Les États-Unis constituent plus que jamais le moteur de l’exportation française. Premier client du secteur à l’export avec pas moins de 4,1 Mds€, le marché américain pèse le double du second, la Chine. « Les États-Unis représentent à eux seuls un quart de la croissance des ventes de vins français en 2021 », s’est félicité le président de la FEVS. Les exportateurs ont également bénéficié de la reprise rapide de l’Asie et notamment de la Chine.

La forte croissance des ventes en 2021 tient également à une évolution de la demande vers des produits plus qualitatifs auxquels la France répond particulièrement bien. « Dans ces périodes de restriction, de nombreux consommateurs ont trouvé du réconfort dans des vins premium ou ont voulu fêter des retrouvailles avec des belles bouteilles », a tenté d’expliquer César Giron. De fait, les vignobles les plus dynamiques à l’export ont été aussi les plus prestigieux, comme Bordeaux (+29 % en valeur), la Bourgogne (+28 %) et bien sûr la Champagne (+42 %), dont les ventes dépassent largement celles de l’avant crise (+13 % par rapport à 2019).

2022 s’annonce plus difficile 

Si les fleurons du vignoble français ont été particulièrement dynamiques, « la croissance a bénéficié à toutes les catégories et à toutes les régions », s’est félicité Antoine Leccia, le président du groupe languedocien Advini. « Les grandes entreprises bénéficient de leur réseau, mais tout le monde en profite ». Les vins du Val-de-Loire, par exemple, ont vu leurs ventes progresser de 27 % par rapport à 2020 et de 20 % par rapport à 2019. Quant aux ventes des vins de Provence, elles ont été multipliées par cinq en dix ans. « Les vins et spiritueux français bénéficient également de l’émergence de nouveaux marchés, comme celui de la Corée du Sud », a abondé le bordelais Philippe Castéja. « Les ventes de vins français y ont bondi de 60 % en valeur en 2021. Dans quelques années, on y vendra peut-être autant de vin qu’au Japon ».

Les exportateurs de vins et spiritueux vont-ils renouveler leurs performances cette année ? Il est probable que non, tant le millésime 2021, le plus faible des dernières décennies, risque de peser sur les capacités exportatrices de la France. Les représentants de la FEVS ont par exemple pointé « la récolte réduite de moitié à Chablis », « la vendange la plus basse de l’histoire » en Languedoc ou encore la situation en Bourgogne « où les stocks sont au plus bas ». L’envolée des prix des matières premières ces derniers mois constitue également un motif d’inquiétude pour les entreprises. « Avec des prix en hausse de 10 % à parfois 30 % sur les bouteilles, les capsules ou le carton, notre compétitivité risque d’en souffrir », a estimé Antoine Leccia qui s’est interrogé sur la capacité des clients à accepter de nouvelles hausses de prix. Les couts d’expédition risquent également de constituer un facteur limitant. « En quelques mois, le prix pour affréter un container vers la Chine est passé de 2.500 à 12.000 dollars », a illustré Antoine Leccia.