Culture du maïs
Cahier spécial Arvalis Culture du maïs : les clefs pour réussir

Diane Chavassieux, Florence Binet-Arvalis
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Afin de vous accompagner au mieux dans l’implantation de la culture du maïs, les ingénieurs régionaux des délégations Arvalis de Bourgogne Franche-Comté et Alsace ont rédigé ce cahier pour votre journal L’Exploitant Agricole de Saône-et-Loire. Y sont présentées les clefs pour réussir la culture du maïs de l’implantation à la fertilisation en passant par la lutte contre les ravageurs.

Cahier spécial Arvalis Culture du maïs :  les clefs pour réussir

De la préparation de sol au réglage du fertiliseur, les choix effectués lors de l’implantation du maïs sont déterminants pour la mise en place de la culture et sa réussite finale. Le semis est l’opération la plus importante de son itinéraire technique car il détermine le peuplement qui est une composante essentielle du rendement. L’objectif est d’obtenir une levée homogène et un bon enracinement.

 

Le semis : une étape capitale pour réussir sa culture

Le maïs est une culture à cycle court et le semis est l’opération la plus importante de l’itinéraire technique car il détermine une composante essentielle du rendement : le peuplement. Un semis réussi, c’est un nombre de graines par hectare conforme à l’objectif, une levée synchrone, avec une répartition régulière et un taux de levée compris entre 95 et 100 %. En amont du semis, contrôlez l’état du semoir : il doit être en bon état pour démarrer les chantiers dans les meilleures conditions. Retrouvez plein de conseils sur ArvalisTV dans la vidéo « réussir son maïs : entretien et contrôle du semoir ».

Optimiser les conditions de levée

Avec ou sans labour, la préparation du sol doit permettre d’obtenir un lit de semence avec assez de terre fine pour garantir un bon contact sol-graine. Quelques mottes en surfaces et un bon rappuyage assurent une continuité sur tous les horizons. Pour une meilleure germination, les graines doivent être placées à 4-5 cm de profondeur dans une terre fine à 10°C. En effet, à partir d’une température de 10°C mesurée dans les premiers centimètres de sol, les conditions deviennent favorables à la germination puis à la croissance du maïs. Mais il faut attendre que le sol soit bien ressuyé pour intervenir. (Illustration Lit semence levée)

Le choix d’une variété à bonne vigueur au départ (www.varmais.fr) et l’apport d’engrais starter, localisé sur le rang, favoriseront le démarrage de la culture. C’est d’autant plus important pour les semis précoces et quand les conditions sont moins favorables. Concernant les ravageurs, en situation à risque (taupins, mouches), une protection insecticide sous forme de micro-granulés ou de traitement de semences permet de sécuriser le peuplement. (Illustration Positionnement micro-granule engrais starter)

En début de chantier et à chaque fois que les conditions changent, il est recommandé de contrôler la qualité du semis et les réglages. On vérifie la distribution et le nombre de grains présents sur le disque (une graine par trou), au besoin, on modifie l’agressivité du sélecteur. Ce contrôle est à réaliser à chaque changement de variété ! On visera un semis à 4-5 cm de profondeur. Trop superficiel, on peut craindre les dégâts d’oiseaux ou le manque d’humidité autour de la graine ; trop profond, la durée de levée sera plus longue et la graine plus exposée aux ravageurs (taupins). Un bon réglage des chasse-mottes ou chasse-débris permettra de dégager la ligne de semis et facilitera la levée. Le sillon devra être bien refermé et rappuyé par les roues du bloc-tasseur pour assurer un bon contact sol-graine.

Prenez le temps de descendre du tracteur en début de chantier, c’est utile pour :

- contrôler la densité de semis : à partir de la densité souhaitée, et après avoir choisi le bon réglage, on contrôlera la densité réellement semée en comptant le nombre de grains sur plusieurs mètres linéaires ;

- vérifier le fonctionnement du micro-granulateur et du fertiliseur. On regarde si l’engrais est correctement distribué sur le rang ainsi que sa profondeur d’enfouissement. On vérifie l’écoulement des micro-granulés insecticides sur chaque rang, ainsi que le réglage des diffuseurs.

La vitesse de travail, autour de 5-7 km/h, devra être ajustée aux conditions de semis (présence de mottes ou débris, état de nivellement…). Des semoirs spécifiques autorisent des vitesses plus élevées, jusqu’à 10-15 km/h. Ce n’est que vers le stade 8 feuilles, lorsque le maïs devient moins sensible aux ravageurs de début de cycle, qu’on pourra juger de la réussite de l’implantation. Le comptage du nombre de plantes présentes, saines et aptes à produire un épi, donnera une première estimation du potentiel. Attention à la sécurité de l’opérateur : pendant le chantier de semis, un équipement adapté (gants en nitrile et masque à poussières à disposition, réserve d’eau claire installée sur le tracteur) et des réflexes simples (manipulation des semences traitées et des micro-granulés insecticides dos au vent) sont indispensables pour limiter les contacts avec les produits phytosanitaires.

 

Fertilisation : quelle conduite adopter pour mon maïs dans le contexte de flambée des cours ?

 

L’ammonitrate a vu son prix plus de doubler depuis début 2022. L’urée et la solution azotée ont subi une hausse des prix similaire voire encore plus importante. Dans ce contexte inédit, deux questions se posent :

- Comment raisonner le calcul de la dose d’azote pour approcher l’optimum technico-économique ?

- Dans les situations où les besoins en approvisionnement n’auront pas été entièrement satisfaits, quelle stratégie de fertilisation faudra-t-il adopter ?

 

Raisonner la dose d’azote sur la base d’un optimum technico-économique

 

En règle générale, la dose d’azote à l’optimum technique et la dose d’azote à l’optimum économique sont quasiment équivalentes. C’était le cas de septembre 2016 à septembre 2021, avec un coût moyen de l’urée sur cette période de 345 €/t soit 0,75 €/kg N et un prix de vente moyen du maïs de 160 €/t. Cependant, compte tenu du cours actuel des engrais azotés, la question de revoir à la baisse les doses d’azote est tout à fait légitime. En effet, lorsqu’on étudie la courbe de réponse à l’azote du maïs, on constate que plus on apporte de l’azote, plus le rendement du maïs augmente jusqu’à un certain palier à partir duquel chaque quintal supplémentaire produit « coûte plus cher en azote » que le précédent. Dans un contexte d’engrais cher, il est nécessaire d’objectiver à partir de quand l’azote apporté n’est plus valorisé en rendement, et l’investissement en azote pénalise finalement la marge. À partir de l’analyse de plus de 108 essais historiques comportant des courbes de réponse à l’azote sur maïs, Arvalis a constitué une matrice (Illustration Matrice azote) illustrant les variations d’écart de dose d’azote à apporter entre une parcelle conduite à l’optimum technique (où l’on vise à maximiser le rendement) et une parcelle conduite à l’optimum technico-économique (où l’on vise à maximiser la marge brute) en fonction de deux critères économiques : le prix de l’azote et celui du maïs. Les prix de l’azote et du maïs sont souvent liés (notamment pour des raisons de fret et de coût de production) et malgré la certaine volatilité des prix, les optima techniques et technico-économiques sont souvent confondus (zone blanche du tableau). Selon la situation (prix d’achat des engrais et prix de vente du maïs), il peut tout de même s’avérer judicieux de prendre en compte la dimension économique dans le raisonnement des doses d’azote à apporter.

Analyse de différents scénarios :

Prix de l’urée ≈ 1 €/kg et prix de vente du maïs autour de 185 €/t (automne 2021) : les doses d’azote à l’optimum technique et à l’optimum technico-économique sont équivalentes (cercle bleu sur la figure).

Prix de l’urée de l’ordre de 1,78 €/kg et prix de vente du maïs autour de 185 €/t (début janvier 2022) : il faudrait réduire la fertilisation azotée d’environ 25 kg N/ha par rapport à l’optimum technique (cercle rouge sur la figure).

Prix de l’urée de l’ordre de 2 €/kg et prix de vente du maïs autour de 250 €/t (début mars 2022, c’est-à-dire avant le déclenchement de la guerre Russie-Ukraine) : les charges restent élevées, il faudrait réduire la fertilisation azotée d’environ 16 kg N/ha par rapport à l’optimum technique (cercle vert sur la figure).

Compte tenu de l’évolution très rapide des prix des engrais et du maïs, ces indications n’ont valeurs que d’exemple et il convient de se reporter à la matrice pour adapter le raisonnement à chaque situation.

Le ratio Prix du maïs (€/t) / Prix azote (€/100 kg N) est également un bon indicateur. Si inférieure à 1,4, la diminution de la dose d’azote devient intéressante en permettant un gain de plus de 5 €/ha de marge brute.

 

Comment actionner tous les leviers pour garantir la valorisation de chaque unité d’azote apportée sur maïs ?

Dans ce contexte de forte volatilité des prix, il est nécessaire de veiller à contenir les charges en intrants. Le calcul de la bonne dose d’azote à apporter est un premier exercice qui doit être complété par des actions concrètes visant à maximiser la valorisation des engrais.

Fractionner pour optimiser l’absorption :

Il est bon de rappeler que la fertilisation azotée doit venir uniquement en complément de l’azote du sol disponible sous forme minérale, pour soutenir les besoins tout au long du cycle de développement.

Début de cycle (levée du maïs à 6-8 F) : la croissance végétative et les besoins en azote sont d’abord modérés puis augmentent progressivement. Durant cette phase, l’azote n’est pas très bien valorisé et tout excès risque d’être perdu par volatilisation ou par organisation microbienne. Si vous avez réalisé des reliquats au semis : s’ils sont élevés (> 60 kg N/ha), il n’est pas utile d’apporter l’azote avant 6 F (ou ne pas dépasser une vingtaine de kg N/ha si une fertilisation starter est prévue). Dans ce cas-là, l’azote ne serait pas très bien valorisé et tout excès risque d’être perdu par volatilisation ou par organisation microbienne.

De 8-10 F à fin floraison : c’est la pleine croissance végétative et période d’absorption maximale d’azote : c’est la période à laquelle l’azote est le mieux valorisé a fortiori en maïs irrigué lorsque les tours démarrent (et limitent les éventuelles pertes par volatilisation)

Fin floraison à maturité : ralentissement progressif de la croissance végétative et de l’absorption de N : au cours de cette période, la minéralisation de l’azote du sol suffit généralement à couvrir les besoins du maïs, en particulier en système irrigué

L’évaluation de la disponibilité en azote minéral du sol à l’aide d’une mesure de reliquat au semis n’est pas une pratique courante en culture de maïs car contrairement aux mesures effectuées pour le blé en sortie d’hiver, la période est propice à une forte minéralisation et la mesure ne serait qu’indicative. Dans ce contexte, il convient de limiter la dose apportée au semis à 50 kg N/ha maximum et fractionner le reste de la dose en 1 ou 2 apport(s). La stratégie d’apport peut être d’apporter entre 1/3 et la moitié de la dose totale restante vers 5-6 F (si possible en enfouissant avec un localisateur d’engrais ou juste avant binage) puis le reste avant le stade limite passage tracteur (vers 8-10 F), si possible juste avant un binage ou un tour d’eau.

 

Bien valoriser tous les apports

Toute unité d’azote épandue doit être absorbée : les conditions de réalisation des apports sont déterminantes. Il faut privilégier les apports localisés et enfouis. Veillez également à ne pas positionner d’apport pendant une journée avec des températures élevées et avec du vent, ou avant une période sèche, qui conduirait à des pertes par volatilisation. Gardons en tête que 15 mm dans les 15 jours sont nécessaires à la bonne valorisation des apports. Une légère pluie de 1 ou 2 mm peut être défavorable car elle permet de déliter les granules d’urée et entraîne de la volatilisation d’ammoniac. En 2014, à Artzenheim, dans un contexte très favorable à la volatilisation (sec, vent,…), Arvalis a pu mesurer 28 % d’azote volatilisé suite à un apport d’urée en surface, cela représente une perte nette de plus d’¼ de la dose apportée ! Dans le même essai, l’enfouissement par binage a limité la volatilisation à 4 % uniquement, c’est-à-dire que 96 % de l’azote apporté a été valorisé. Ces recommandations valent également pour les apports de produits organiques, tels des fumiers, des lisiers ou des digestats. Il est impératif de réaliser les apports dans de bonnes conditions, afin de valoriser au mieux les éléments fertilisants. Les principaux conseils d’apport visent à réaliser en conditions de portance satisfaisantes, avec un matériel d’épandage limitant les pertes par volatilisation (incorporation par le travail du sol juste après l’apport pour les fumiers, système d’enfouissement ou, à défaut, pendillards pour les lisiers et digestats) tout en évitant d’intervenir lorsque les conditions sont venteuses ou avant une période chaude et sèche.

 

Envisager des sources alternatives d’azote

Les agriculteurs qui peuvent avoir accès à des produits organiques, tels des fumiers, des lisiers ou des digestats, pourront compenser une partie de l’azote provenant des engrais minéraux faisant défaut, à condition d’utiliser ces produits à bon escient (voir la calculette gratuite « Fertiliser avec des produits organiques » sur https ://fertiorga. arvalis-infos.fr/FR) Comme pour les engrais minéraux, il est impératif de réaliser les apports dans de bonnes conditions, afin de valoriser au mieux les éléments fertilisants. Les couverts végétaux à base de légumineuses avant maïs peuvent jouer un rôle intéressant pour fournir de l’azote. Une destruction tardive, juste avant le semis de maïs permettra de maximiser la production de biomasse et la fixation symbiotique d’azote. Attention toutefois aux couverts très développés, voire lignifiés : mieux vaut alors les détruire quelques semaines avant le semis pour préserver la réserve en eau du sol et éviter que la phase d’organisation nette d’azote qui suit immédiatement l’incorporation de ses résidus ne pénalise le maïs. Retrouvez nos conseils sur ArvalisTV dans la vidéo « Quel couvert de légumineuses semer avant un maïs ? » ou utilisez la calculette Choix des couverts d’Arvalis sur : https://choix-des-couverts.arvalis-infos.fr/.

Enfin, ne pas oublier que la date de destruction devra aussi être raisonnée selon le type de sol, le travail du sol et le mode d’implantation envisagé pour le maïs (labour, TCS, strip-till ou semis direct) afin de positionner la semence dans les meilleures conditions. Enfin, la date de destruction des couverts devra aussi être raisonnée selon le type de sol, le travail du sol et le mode d’implantation envisagé pour le maïs (labour, TCS, strip-till ou semis direct) afin de positionner la semence dans les meilleures conditions.

Les ravageurs

Les taupins : premiers ravageurs du maïs

 

Pour 2023, le choix des solutions de protection du maïs demeure limité entre des produits microgranulés à base de pyréthrinoïdes. Même si le nombre de spécialités commerciales augmente, le choix reste restreint entre les produits à base de cyperméthrine (Belem 0,8Mg, Daxol) et les produits à base de lambda-cyhalothrine (Karaté 0,4Gr, Trika Lambda, Ercole, etc.). Ces solutions, lorsqu’elles sont appliquées avec un diffuseur de microgranulés, apportent des efficacités globalement comparables dans la grande majorité des essais réalisés par Arvalis. Le produit Force 1,5G (téfluthrine) demeure autorisé pour la protection du maïs mais l’utilisation du diffuseur n’est pas compatible avec les recommandations d’emploi et l’obligation d’enfouir les microgranulés à une profondeur minimum de 3 cm. L’application de produits microgranulés sans diffuseur présente une efficacité de l’ordre de 30-35 % seulement.

 

Corvidés : des attaques globalement plus limitées en 2022

 

Alors que les conditions climatiques rencontrées au début du printemps laissaient craindre des situations a priori favorables aux dégâts de corvidés, les attaques sont restées relativement limitées en 2022 avec moins de problèmes qu’au cours des dernières campagnes. Les éléments susceptibles d’expliquer cette situation sont de trois ordres :

- Des conditions de semis et de levées favorables au maïs :

Les préparations de sol ont été réalisées dans des conditions particulièrement sèches ce qui conduit généralement à un lit de semences plus soufflé et est donc favorable à la déprédation des corvidés sur jeunes plantules. Mais cela a sans doute conduit à enterrer un peu plus les semences. Surtout, les périodes de semis ont été resserrées dans le temps avec des conditions favorables à des levées rapides. Par conséquent, la période d’exposition de la culture aux attaques de corvidés a été réduite. Même si des dommages importants ont pu être subis localement dans certaines parcelles, l’ampleur des dégâts réalisés à l’échelle d’une petite région agricole a été globalement réduite.

- Un retour de la protection des semences :

Après le retrait du marché des produits à base de thirame en 2019, seul le zirame (produit commercial : Korit 420 FS) demeure disponible pour la protection des semis de maïs. Ainsi, les surfaces de maïs protégées avec zirame sont passées de moins de 1 % en 2019 à près de 20 % en 2022 (Illustration Protection corvifuge). La proportion de surfaces protégée à l’aide de Korit 420 FS est très variable selon les régions, avec une proportion de surface protégée plus importante dans les régions où de forts dégâts ont été constatés au cours des précédentes campagnes. Le produit Korit 420FS présente un niveau de protection très intéressant même si son efficacité demeure insuffisante en situation de très fortes attaques de corvidés (Illustration Korit 420 FS).

- Des conditions climatiques extrêmes qui ont peut-être pénalisé les corvidés :

Si les conditions climatiques de 2022 n’ont pas été clémentes pour le maïs, il n’est pas sûr qu’elles aient été plus favorables aux corvidés au cours du printemps. La première décade de mars a connu quelques températures minimales assez froides ce qui n’est pas favorable aux corvidés durant cette période de couvaison. Ensuite, les conditions ont été particulièrement sèches en avril et mai, avec des températures élevées. Durant cette période, bon nombre d’observateurs ont fait part de la présence de corvidés à proximité des céréales à paille irriguées plutôt que dans les parcelles de maïs. Enfin, les mesures de régulation de colonies mises en œuvre localement suite aux forts dommages subis au cours des années précédentes ont permis de limiter l’exposition des parcelles aux risques d’attaques.

 

Quelles solutions pour protéger les semis en 2023 ?

À défaut de disposer d’une solution complètement satisfaisante pour la protection des jeunes maïs, la seule réponse est de mettre en œuvre une protection intégrée avec la combinaison des quelques leviers disponibles.

 

1. La protection des semis commence maintenant et peut être mise en œuvre pour le corbeau freux et la corneille noire. Ces espèces sont classées parmi les nuisibles (Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts - Esod). La réglementation nationale relative à la régulation des espèces nuisibles autorise le piégeage (toute l’année) et le tir (à certaines périodes de l’année) dans la plupart des départements. Cette réglementation est en cours d’évolution avec des modalités de mises en œuvre qui varient localement selon les départements. Il est préférable de consulter l’arrêté du 3 juillet 2019 – JO du 6 juillet 2019 ou version postérieure si disponible. En 2022, le choucas des tours bénéficie d’un statut différent : cette espèce ne figure pas parmi la liste des espèces nuisibles (Esod) et n’est donc pas concernée par la réglementation précitée. Compte tenu des dégâts occasionnés, des mesures de régulation peuvent néanmoins être autorisées localement grâce à des arrêtés préfectoraux qui précisent le nombre d’individus pouvant être prélevés. Il convient de se renseigner pour savoir si un arrêté est en vigueur dans le département concerné.

2. L’adaptation des pratiques agronomiques peut contribuer à abaisser l’exposition des jeunes plantes aux attaques de corvidés sans pour autant garantir l’absence d’attaques :

La date de semis. Grouper les semis permet de diluer les attaques dans le paysage. Il convient d’éviter tant que possible les semis décalés dans l’espace et dans le temps. Une parcelle de maïs isolée géographiquement ou dans le temps (semis tardif par exemple) aura toutes les chances de concentrer les individus, et donc les dommages. Éviter les préparations en conditions trop sèches pour ne pas avoir des sols motteux ou soufflés, conditions favorables aux dégâts d’oiseaux, tout en évitant de semer trop tôt après le labour (en sol limoneux). Un compromis doit être trouvé pour satisfaire ces conditions pouvant parfois être antagonistes. Rappuyer correctement la ligne de semis : lorsque les oiseaux ont le choix, des différences sont notables selon le type de préparation de sol et le type de semoir. Si les conditions le permettent (selon le type de sol, la période de semis, la météo annoncée…), privilégier un semis profond (4-5 cm ou plus profond). Les dégâts seront ralentis à défaut d’être empêchés. À l’inverse, certaines situations seront plus favorables aux attaques de corvidés : faible vitesse de levée du maïs (conditions climatiques défavorables, semis profond, sol argileux) et croissance ralentie jusqu’au stade 4-5 feuilles, situations favorables à l’activité biologique du sol et la présence de macrofaune du sol (techniques culturales sans labour, semis sous couvert, présence de résidus et de graines, apport de fumier…) dont des ravageurs telluriques.

3. Il existe une solution pour protéger le maïs contre les attaques de corvidés : le produit Korit 420FS (traitement de semence, substance active : zirame) est homologué et disponible pour les prochains semis (date de fin d’approbation UE : 30/4/2023). Sur le plan technique, les essais réalisés par Arvalis ont permis de démontrer l’intérêt corvifuge du produit Korit 420FS même si le niveau de protection demeure partiel, voir largement insuffisant lorsque les populations de corvidés sont trop abondantes et que les conditions agronomiques et climatiques sont favorables aux attaques d’oiseaux. Aucune autre solution disponible à ce jour – autorisée pour l’usage corvifuge ou n’importe quel autre usage permettant une mise en marché – ou en cours d’évaluation dans les essais réalisés par Arvalis n’a démontré à ce jour un intérêt technique pour la protection contre les attaques de corvidés. Sur le plan réglementaire, Korit 420FS présente les mentions de danger H330, H373, H317, H335 et H401 qui contraignent son application sur semences. Comme pour n’importe quelle solution phytopharmaceutique, l’utilisation de ce produit ne peut donc pas être généralisée et doit être réservée aux parcelles concernées par un risque d’attaque par les ravageurs ciblés.

4. En cas d’attaques sur vos prochains semis, signaler les dégâts subis via les formulaires mis à disposition par les organismes départementaux (DDT, CA, FDSEA, FNC selon département…) et ceci même si vous avez déjà signalé les dégâts les années précédentes. Le signalement ne donne droit à aucune indemnisation mais le recensement des dégâts occasionnés par les oiseaux – ou l’absence de signalement – est pris en considération pour l’étude de leur classement ou non sur la liste des espèces nuisibles.

 

 

Découvrez l’outil Varmaïs

Arvalis - Institut du Végétal, le Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences (Geves) et l’Union française des semenciers (UFS), se sont associés pour développer Varmaïs, un outil gratuit et en libre accès, de consultation et de comparaison des références de l’évaluation variétale issues des réseaux d’expérimentation France, et d’aide au choix des variétés de maïs grain et fourrage. Varmaïs est le nouveau site web de référence pour consulter, comparer et choisir les variétés de maïs grain et fourrage. (Illustration Varmaïs)

 

 

Intérêt des diffuseurs de microgranulés pour protéger contre les taupins et la géomyze

Pour les produits microgranulés à base de cyperméthrine (Belem 0,8MG, Daxol) ou de lambda-cyhalothrine (Karaté 0,4GR, Trika Expert, Ercole…), l’emploi du diffuseur demeure autorisé et techniquement indispensable. Il est recommandé d’utiliser le diffuseur proposé par le fournisseur de produit microgranulés. Le plus grand soin doit être apporté au montage des diffuseurs pour que la répartition des microgranulés soit optimale : un positionnement trop haut ou trop éloigné par rapport à la ligne de semis diluera le produit et éloignera les microgranulés de la zone à protéger. Un diffuseur positionné trop bas concentrera les microgranulés en fond de raie de semis ce qui permettra de protéger les semences mais non pas le collet des futures plantules, zone cible privilégiée des larves de taupins. L’installation est propre à chaque diffuseur, à chaque type de semoir et même à chaque modèle. Se référer aux sites internet des fournisseurs de produits microgranulés – ou de semoirs – pour plus de détails. L’installation du diffuseur est essentielle mais il faut aussi apporter le plus grand soin au réglage du microgranulateur (pour apporter la bonne dose de produit) et au semoir lui-même. Disques, socs et pneumatiques méritent une bonne révision. La moindre usure d’un des éléments du semoir est susceptible de dégrader la qualité du semis et par conséquence la protection de la culture. Dernière étape à ne pas négliger, la préparation du sol : elle doit permettre de bien positionner les microgranulés lors du semis. Si les débris et cailloux peuvent aisément être écartés de la ligne de semis grâce à l’installation des équipements adaptés sur le semoir, une attention particulière doit être apportée dans le cas de conditions trop sèches aboutissant à un sol trop motteux, trop aéré qui est à la fois favorable aux attaques de taupins et défavorable à un bon positionnement des microgranulés. En effet, ceux-ci tombent dans des interstices profonds et ne forment pas le rempart de protection à l’emplacement du collet de la future plantule. Il peut être nécessaire de réaliser un rappuyage de la ligne de semis pour compenser partiellement un défaut de qualité de la préparation du lit de semences.