Marchés alimentaires
Que veut le consommateur ?

Transition, compétitivité, consommateurs. Tels sont les trois enjeux que La Coopération agricole se sont fixés pour l’année 2023 sur fond d’incertitudes géopolitiques, climatiques, et économiques. La troisième et dernière des trois tables rondes était consacrée au thème « Regards croisés sur les attentes des consommateurs en 2023 ».

Que veut le consommateur ?

Directrice de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) chez Jacquet-Brossard, filiale de Limagrain, Marie-Laure d’Hoop résume très bien le sentiment du consommateur « aux attentes multiples et contradictoires », comme celle de vouloir un prix de très bonne qualité mais peu cher. Cependant, il se dégage des tendances de fond dont l’une des plus récurrentes est le besoin d’information et de transparence du produit, notamment en termes d’origine et de composition. Le consommateur ne veut pas non plus transiger sur le plaisir, « valeur refuge de tous les Français », selon Marie-Laure d’Hoop et avoir, à sa disposition une gamme de produits diversifiés et sains. C’est ce que confirme Olivier Adda, dirigeant d’AMKC, une société de conseils, spécialisée dans la stratégie d’entreprise : « Le consommateur achète malin et compare les prix, devenant plus écolos en scrutant attentivement les fins de date limite de vente (DLV) et de consommation (DLC) », indique-t-il soulignant que, dans un souci de lutte anti-gaspillage, les consommateurs recyclent ou terminent leurs repas de la veille. Mieux, les achats deviennent plus raisonnés, notamment à travers la liste de course dont on s’éloigne beaucoup moins.

Remettre du sens 

« Ces tendances doivent faire réfléchir le monde agricole », a soutenu Christophe Brossault, responsable du développement des filières chez Auchan. Il remarque dans le comportement de ses clients « une sensibilité au prix, à la promotion et aux achats “citoyens” relatifs au bien-être animal, à l’environnement, etc. ». Il s’enorgueillit que sa marque soit engagée depuis 2015, dans 240 filières sur les produits frais (lire encadré) et sur les produits transformés. « D’ailleurs, 9 % de notre chiffre d’affaires repose sur les quatre piliers de la RSE que sont l’environnement, le social, la qualité et le partage de la valeur ». C’est aussi dans ce sens que Jacquet-Brossard a fait évoluer ses produits, notamment à travers leur composition, pour parvenir à un Nutriscore acceptable et valorisable auprès de ses acheteurs. « Nous avons notamment baissé le taux de sucre, en lien avec les enjeux de santé publique », confie Marie-Laure d’Hoop. En amont de la chaîne, les 400 agriculteurs qui fournissent la matière première à Jacquet-Brossard « y trouvent leur compte », assure-t-elle. Plus encore depuis qu’un tracteur trône sur le logo de la marque comme pour mieux affirmer l’ancrage agricole du produit. « C’est là où il faut apporter la preuve des initiatives, en particulier environnementales », soutient Olivier Adda. D’autant qu’à « iso proposition, les produits avec des engagements environnementaux performent mieux » que des produits “conventionnels”, assure-t-il. En peu de mots, il faut remettre du sens au cœur de l’acte de consommation.