Plantation vigne
L’anticipation, une des clés de la réussite

Françoise Thomas
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L’Institut français de la vigne et du vin a proposé fin janvier un webinaire autour de la question de la plantation de vigne. Cette conférence, ayant pour intitulé "plantation de la vigne : anticiper pour un projet réussi", était menée à distance par Olivier Yobrégat, de l’IFV pôle Sud-ouest. L’ingénieur agronome a proposé un résumé précis des éléments à prendre en compte.

L’anticipation, une des clés de la réussite
En plus des maladies traditionnelles de la vigne, l’évolution climatique met à mal nombre de parcelles. Parfois il n’y a d’autres choix que de replanter… Un projet qui va nécessiter du temps.

Les sources de dépérissement de la vigne sont multiples. La surveillance et une action appropriée restent les clés d’un assainissement de l’ensemble.

Cependant, s’il n’y a d’autres solutions que de complanter ou de replanter des ceps, le succès ne sera garanti que grâce à un minimum de préparation. Et cela peut vite se chiffrer en nombre important d’années…

Olivier Yobrégat a bien rappelé lors du webinaire proposé par l’Institut de la vigne et du vin que le repos reste souvent une bonne thérapie. Par exemple avec le court-noué, devant l’impasse technique à laquelle les viticulteurs sont confrontés, l’idéal serait, dans les cas de contamination les plus graves, « un repos de sept à dix ans ! ». Dans les faits, il convient surtout de respecter un repos de 18 à 24 mois « avec un sol recouvert par un engrais vert nématicide », (les nématodes étant les vecteurs du virus du court-noué).

Cet exemple souligne à quel point l’anticipation sera fonction de la situation et du précédent. Déterminer tout ceci passe aussi par une analyse du sol pour établir les carences s’il y en a, notamment les manques de potassium ou de bore, et les corriger le cas échéant. Une fumure de fonds adaptée et à la bonne profondeur permet bien souvent de rétablir les équilibres.

Anticiper la commande

Pour ce qui est du matériel végétal, le choix s’opère entre 310 cépages pour les variétés autorisées de raisins de cuve. Parmi ceux-ci, 191 cépages anciens, 25 hybrides, 55 variétés d’origine étrangère, « dont 29 récemment inscrits notamment pour faire face au réchauffement climatique », souligne l’ingénieur agronome. Ces variétés « habituées aux conditions sèches et aux chaleurs extrêmes » viennent de Grèce, d’Espagne, du Portugal, etc.

Là aussi, « que ce soit sur les cépages secondaires régionaux ou sur les porte-greffes, il faut anticiper, insiste Olivier Yobrégat, la réserve de greffon des premiers étant limités », les demandes concernant les seconds sur les plus résistants à la sécheresse « étant de plus en plus importantes ». Une pression confirmée par le fait que six porte-greffes seulement concentrent 75 % des greffages…

Pour une livraison dans le délai souhaité, la règle est la suivante : « pour les plants en pots, la commande s’effectue au moins à l’automne n-1, précise encore l’intervenant. Pour les plants traditionnels, c’est à l’automne n-2 ». Ainsi, les pépiniéristes ont préparé à l’automne dernier les plants qui seront mis en place en 2022.

Quant aux plantations en elles-mêmes, elles se planifient entre l’hiver et le printemps pour les plants traditionnels, et entre le 15 mai et le mois de juillet pour les plants en pot.

Ainsi pour résumer le propos d’Olivier Yobrégat, « entre l’étude du sol, la préparation de la parcelle, la fumure de fond et le choix et la commande du matériel végétal », une plantation s’anticipe au moins trois ans à l’avance.