Fertilité des sols
Le lombricompost, un engrais naturel qui régénère les sols

Pépiniériste à Saint-Étienne-des-Oullières dans le Beaujolais, Jean-Pierre Chapelle présente son lombricompost, un engrais naturel qui n’a rien d’innovant.

Le lombricompost, un engrais naturel qui régénère les sols
Jean-Pierre Chapelle travaille sur ce projet de lombricompost depuis quatre ans. Pour le pépiniériste de Saint-Étienne-des-Oullières, le ver de terre à la particularité d’ingérer les déchets qui le recouvrent et ses déjections s’appellent le lombricompost.

Dans le Beaujolais, et probablement dans d’autres vignobles voisins, Jean-Pierre Chapelle à Saint-Étienne-des-Oullières est principalement connu pour son entreprise de pépiniériste viticole, l’une des rares à encore exercer dans le Beaujolais. Mais depuis plusieurs mois, c’est une activité complémentaire qu’il a développée, toujours en rapport avec la plantation : la fabrication de lombricompost, un fertilisant naturel certifié et utilisable en agriculture biologique et biodynamique, et obtenu à partir de déjection de vers de terre. « Mon épouse, Sophie, est passionnée de semences légumières et par la recherche sur les graines de semence. Elle est notamment membre du Centre de recherche de biologie appliquée (CRBA). Ils sont connus pour expérimenter leurs recherches sur le vivant et le végétal, collaborant avec l’antenne lyonnaise de l’Institut Vavilov. Et voilà plusieurs années que j’avais ce projet en tête », raconte-t-il.

Deux productions par an

La fabrication de son lombricompost repose avant tout donc sur l’élevage de vers de terre, dans ce qu’il appelle une nurserie. « C’est le nerf de la guerre », dit-il, fourche à la main. Ces vers de terre, déposés il y a quatre ans, se sont reproduits naturellement dans plusieurs rangs de fumiers de vache, récupérés auprès de deux éleveurs locaux. Une fois que sa litière est bien remplie de lombrics, elle est ensuite déplacée sur un autre terrain, qu’il surnomme comme son site de production de lombricompost. Son fumier est à nouveau réparti sur différents rangs, chacun espacé de quelques mètres. « La précédente étape, c’était de l’élevage de vers de terre. Ici, ils ingèrent et digèrent toute la matière organique durant cinq mois environ. On peut donc réaliser deux productions par an. Les vers de terre vont naturellement se déplacer vers les autres lignes de fumier frais que j’aurais déposé ensuite. Et celui qui reste, c’est le lombricompost », détaille le pépiniériste de Saint-Étienne-des-Oullières. 

Le procédé paraît long. Il nécessite aussi suffisamment d’espaces et des conditions climatiques propices, « un temps chaud et humide. Le mieux c’est d’avoir 75 % d’humidité », précise Jean-Pierre Chapelle. Mais le travail en vaut la chandelle, puisque les sols vont gagner en fertilité. « Le fumier, c’est le meilleur des engrais naturels, sauf qu’à l’état naturel justement, il est acide. Mon lombricompost vaut cinq fois la valeur d’un fumier naturel. Surtout, il a un pH neutre. Ce lombricompost n’a rien d’innovant. Le seul point innovant, c’est que je l’ai couplé à du basalte, qui contient de la silice. Pour les sols et les végétaux, c’est très intéressant. Les feuilles des plantes sont plus brillantes. D’ailleurs, les vignerons qui ont utilisé mon produit ont constaté une belle évolution. C’est signe de vitalité. J’ai constaté que mon produit couplé avec le TCO, le thé de lombricompost oxygéné, me permet de baisser d’un tiers les produits phytos sur mon exploitation », ajoute le pépiniériste, qui recommande son produit pour les professionnels du maraîchage ainsi que les jardiniers. « On peut faire des semis de tomate, de salade, etc. Rien ne brûle ».

David Duvernay

Un appareil pour mesurer la fertilité des sols

Un appareil pour mesurer la fertilité des sols

En plus de la production et commercialisation de son lombricompost, Jean-Pierre Chapelle a investi dans une machine permettant de mesurer le taux de vitalité et fertilité du sol. Fabriquée aux États-Unis, « il faut huit mois d’attente », l’appareil appelé PCSM – Phil Callahan Soil Meter – du nom de son inventeur, mesure le pouvoir de déplacement des éléments dans le sol, exprimé en centimètre gramme/seconde (CGS). Plus le chiffre est élevé, plus les micro-organismes du sol ont à disposition des éléments mobiles qu’ils peuvent capter pour se nourrir et se développer. « Je vais bientôt recevoir cet appareil. Je pourrai ainsi diagnostiquer les sols chez mes clients avant et après le dépôt du lombricompost », précise-t-il.