Les brèves du 24 mars 2023

Mis en ligne par Cédric Michelin
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Les brèves du 24 mars 2023

Les brèves du 24 mars 2023

Circuits courts : une PPL RN propose d’expérimenter la TVA à 0 % sur les produits locaux

Les députés RN ont déposé, le 21 mars, une proposition de loi (PPL) visant à expérimenter une exonération de TVA (taxe sur la valeur ajoutée) pour les produits alimentaires commercialisés en circuits courts dans les territoires ruraux. Cette expérimentation serait menée pendant trois ans dans des départements volontaires. Elle constituerait « un levier majeur pour développer les circuits courts et ses implications positives sur l’environnement et le soutien aux producteurs locaux, tout en assurant la promotion d’une alimentation durable et de qualité́ », estiment les élus. Contrairement aux idées reçues, l’impact carbone des circuits courts serait plus important que celui des circuits longs, selon une récente étude. Pour cibler les produits bénéficiant d’une TVA à 0 %, la PPL prévoit d’introduire une notion de « produit alimentaire local » dans le Code rural et le Code de la consommation. Pourront être considérés comme « locaux » les produits « commercialisés directement du producteur au consommateur » et d’autres produits « dès lors qu’une ou plusieurs étapes de leur production ont lieu à une distance raisonnable du lieu de commercialisation et qu’il n’existe pas d’intermédiaire entre le producteur et le commerçant ». Selon les députés, la suppression de la TVA sur certains produits ne serait pas contraire à la réglementation européenne, étant donné que cette mesure est limitée dans le temps. Récemment, la Pologne et l’Espagne ont suspendu temporairement la TVA sur certains produits dans le cadre de politiques « anti-inflation ».

Circuits courts : malgré le contexte économique, les Français gardent leurs habitudes

Les Français continuent à « plébisciter » les circuits courts : ils sont 61 % à déclarer avoir consommé « des produits issus des circuits courts au moins une fois par mois », d’après un baromètre du panéliste Kantar réalisé pour la plateforme Pourdebon.com (produits frais et épicerie fine en circuits courts). Ce pourcentage est en recul de quatre points depuis la fin de la pandémie de Covid, mais se maintient entre 2022 et 2023, malgré le contexte inflationniste. Les 25-34 ans sont les plus adeptes de la vente en circuit court : 71 % d’entre eux déclarent acheter ces produits plusieurs fois par mois, contre 52 % pour les plus jeunes (18-24 ans). La grande majorité des consommateurs interrogés achètent en circuit court via des points de vente physique (79 %), mais les ventes en ligne (application, site internet) progressent de 4 % par rapport à 2022. La première motivation pour acheter en circuit court est « le goût et la qualité des produits » (78 %), « la préférence pour une production française » (54 %) et « la relation de proximité avec le producteur » (52 %). Enfin, 61 % des Français se déclarent prêts à payer entre 5 et 15 % plus cher « pour de la qualité et soutenir une plus juste rémunération de nos producteurs et agriculteurs ».

RHD : davantage de végétal et de local, les grandes tendances à l’horizon 2030

La tendance à la végétalisation des assiettes en restauration hors domicile (RHD) se poursuivra à l’horizon 2030, projette une étude commandée par Geco Food Service, qui fédère les fournisseurs de la RHD. « Le poisson et la viande vont se consommer de façon plus occasionnelle, et ce seront des produits plus haut de gamme », a expliqué son président Laurent Repelin, le 22 mars, en conférence de presse. Cette tendance est poussée par « une volonté de se faire plaisir tout en étant responsable », mais aussi par « une pression économique forte, notamment sur les classes moyennes ». « On sent que les chefs de demain vont créer une identité culinaire française forte autour du végétal », indique Laurent Repelin. Les chefs cuisiniers de la nouvelle génération sont aussi plus enclins à se fournir auprès des producteurs locaux que leurs aînés. Le marché de la RHD devra aussi s’adapter aux changements socio-démographiques, et en premier lieu au vieillissement de la population. Les plus de 75 ans représentent aujourd’hui 6,5 millions de personnes, ils seront 8,4 millions en 2030 et 11,3 millions en 2050. Autre tendance démographique : un foyer sur deux sera composé d’une seule personne adulte, contre un sur trois aujourd’hui. Enfin, la population active comptera « 36 % de nomades numériques avec des modalités de travail plus flexibles », avec notamment du télétravail.

Eau : la Conf’ demande à l’ONU d’enquêter sur les effets des « méga-bassines » en France

À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau le 22 mars, la Confédération paysanne a fait une déclaration devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, à Genève, afin de « porter à la connaissance des Nations unies la situation d’accaparement de l’eau provoquée par les méga-bassines en France ». Pour ce faire, elle demande au rapporteur spécial sur le droit à l’eau d’effectuer une mission en France afin de mener une enquête sur les effets de ces ouvrages « sur les conditions de vie et de travail de la paysannerie familiale ». Pour cela, le syndicat est passé par le Cetim, une association à but non lucratif active à l’Onu, qui « joue un rôle d’interface entre les communautés affectées sur le terrain et les mécanismes de protection des droits humains de l’ONU », souligne la Conf’. Et d’ajouter qu’avec cette déclaration, elle demande « l’arrêt de ces projets et exhorte le gouvernement français à privilégier la concertation plutôt que la répression des militants ». Les « méga-bassines » sont au cœur d’une mobilisation à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), où seize réserves de substitution doivent être construites pour l’irrigation et les agriculteurs. Une nouvelle mobilisation est prévue ce week-end.

HVE : hausse de 21 % du nombre de certifications, l’élevage en forte croissance

Le rythme de certification environnementale des exploitations reste élevé à +21 % en 2022, selon les chiffres officialisés le 22 mars et repérés par nos confrères de Référence agro. « Les données au 1er janvier 2023 confirment la tendance haussière […] : 36 225 exploitations agricoles sont désormais certifiées Haute valeur environnementale », peut-on lire sur le site du ministère de l’Agriculture. Cela représente 9,3 % des fermes, couvrant 8 % de la surface agricole utile. Toutes les filières progressent, mais « une diversification progressive » est observée. La part des exploitations viticoles « continue à diminuer, pour s’établir à 62,3 % (-6,8 points), sous l’effet du développement des certifications des exploitations d’élevage, spécialisées ou non », qui pèsent 20,3 % (+6,9 points) des fermes HVE, note le ministère. Concernant la voie de certification, les tendances antérieures se poursuivent : les exploitations sont « toujours plus nombreuses à être certifiées par la voie A » (celle des « pratiques »), grimpant à 93 % (+2,1 points en six mois) des fermes HVE. Il est observé « pour la première fois, une réduction en nombre des exploitations passées par la voie B (-194 exploitations) ». Cette voie B (basée sur le chiffre d’affaires) est réglementairement vouée à disparaître.

Alcool : une PPL pour interdire la pub par des influenceurs « non spécialisés »

Une proposition de loi (PPL) de Karine Lebon (communiste, La Réunion) a été déposée, le 21 mars à l’Assemblée nationale, pour interdire la publicité pour des marques d’alcool par des influenceurs non spécialisés sur les réseaux sociaux. Le texte vise à « protéger notre jeunesse en réduisant son exposition aux publicités en faveur de l’alcool », selon l’exposé des motifs. Des contenus valorisant la consommation d’alcool ou mettant en avant des boissons alcoolisées sont publiés « régulièrement » par des influenceurs. « Sur les 7000 contenus collectés par Addictions France, le champagne et le vin représentent 1053 contenus. Le secteur viti‑vinicole sera donc peu concerné » par la PPL, soulignent les députés signataires. L’interdiction de publicité ne vise pas les influenceurs possédant moins de 1000 abonnés ; ou « spécialisés » (dont le métier est lié à l’industrie des alcools ayant une AOP ou une AOC) ; ou publiant de l’information œnotouristique, d’après le texte.

Énergies renouvelables : FNSEA et SER veulent favoriser l’acceptabilité des projets

La FNSEA et le SER (industries des énergies renouvelables) ont signé le 23 mars un protocole d’accord visant à « promouvoir conjointement la souveraineté alimentaire et l’indépendance énergétique ». Objectif : partager une « vision commune » pour le développement du photovoltaïque, des biocarburants, de la méthanisation, de l’éolien. Citant l’exemple du solaire, la présidente de la FNSEA Christiane Lambert a dit vouloir « éviter d’avoir un climat d’hostilité, de non-acceptabilité locale ». « Pour réussir à développer les énergies renouvelables, il faut renforcer le dialogue », selon elle. Et le vice-président Henri Biès-Péré de soutenir « un dialogue local entre nos représentants et les porteurs de projet, afin d’anticiper les difficultés ». L’idée consiste à mettre « tout le monde autour de la table » (élus locaux, associations…) pour notamment « choisir les bons lieux » d’implantation. Dans le protocole signé le 23 mars figurent des axes de coopération entre la FNSEA et le SER, portant notamment sur la diffusion de bonnes pratiques. « Rien ne vaut la vulgarisation des expériences réussies, sur des projets reproductibles », a souligné Christiane Lambert.

Foie gras : l’influenza pèsera encore sur la production pour les fêtes 2023 (Cifog)

En raison du manque de canetons dû à l’influenza aviaire, le marché du foie gras connaîtra « de fortes tensions sur l’offre » pour les fêtes de fin d’année 2023, prévoit le Cifog (interprofession) dans un communiqué le 22 mars. « Les élevages seront confrontés à une disponibilité [en canetons] en recul de 6 % pour assurer la saison festive 2023. » Une baisse moins prononcée que l’année dernière (-35 %). Selon le Cifog, la pénurie de jeunes animaux « est partie pour durer », car les Pays de la Loire envisagent pour l’hiver prochain un vide sanitaire synchronisé dans les communes les plus denses, à l’instar du Sud-Ouest cet hiver (Plan Adour). Produisant trois quarts des canetons et 20 % du foie gras français, les Pays de la Loire ont subi deux vagues d’influenza aviaire, au printemps 2022 puis à l’hiver 2022-2023 ; la production n’y reprend que très progressivement. Autre signal inquiétant pour la fin 2023 : les stocks chez les industriels sont actuellement « au plus bas ». Lors des fêtes 2022, la filière avait réussi à « contenir le recul des ventes » dans la grande distribution à 19,4 %, alors que la production s’effondrait de 30 %. Le Cifog appelle les distributeurs à « tenir compte de ces tensions » sur le marché, tout en demandant le « soutien des pouvoirs publics », lesquels n’ont pas annoncé d’indemnisations pour l’aval et les couvoirs pour l’épisode 2022-2023.

Porcs castrés : le bonus de 3 ct€/kg « n’est pas suffisant » (FNP)

Interrogé par Agra Presse sur le récent accord trouvé au Marché du porc breton (MPB) pour valoriser les porcs castrés sous anesthésie, le président de la FNP (éleveurs, FNSEA), François Valy, estime que le montant de 3 ct€/kg « est un début de reconnaissance, mais ce n’est pas suffisant ». Selon ses calculs, il couvrira « le produit [anesthésiant] et une partie de la main-d’œuvre, mais pas les incidences techniques économiques, que sont le moins bon indice de consommation qu’un mâle entier, et le moins bon classement au taux de muscle ». En juillet 2022, les dix organisations de producteurs (OP) de l’AOP Porc Grand Ouest avaient demandé d’appliquer un bonus de 7 ct€/kg. Il s’agissait d’une position intermédiaire entre la position des abatteurs (+2 ct€/kg, correspondant au coût de l’anesthésie/analgésie) et celle des éleveurs (+13,7 ct€/kg, couvrant toute la différence de coût de production entre mâles entiers et castrés). Mais ce prix n’a jamais été appliqué par la filière. L’éleveur met en garde : « Aujourd’hui, nous avons déjà des difficultés à recruter de la main-d’œuvre dans les élevages, et la castration n’est pas une partie de plaisir. Si les abatteurs veulent du castré – car ils disent que c’est une viande de qualité –, il faut la payer. »

Fraise : l’AOPn Fraise de France dénonce un faible référencement en GMS

L’AOPn Fraise de France déplore que « de nombreuses enseignes de distribution tardent encore à référencer » la fraise française sur leurs étals, dans un communiqué du 22 mars. Elle remarque que les magasins privilégient la fraise d’import « premier prix ». Un comble pour les professionnels, alors que le pic de production des variétés gariguette et ciflorette est attendu la semaine prochaine. « Certaines enseignes n’ont même pas encore référencé la fraise française dans leurs rayons, ou alors y dédient une toute petite place sur les étals. Pendant ce temps, le produit d’import est correctement mis en avant dans les rayons et se vend comme des petits pains », affirme l’AOPn. L’association d’OP regrette que les enseignes aient opéré un virage à 180 degrés dans leur communication, passant du « consommer français » pendant la crise sanitaire au pragmatisme du « meilleur prix en réponse à l’inflation ». De plus, elle rappelle que les prix français devraient baisser vu que « la saison de la fraise bat son plein », et rappelle que la fraise est un produit non stockable car périssable.

Viande bovine : la Chine lève son embargo sur la viande brésilienne

Le gouvernement chinois a levé son embargo sur la viande bovine brésilienne lié à un cas d’ESB, a annoncé le ministre brésilien de l’Agriculture le 23 mars, depuis Pékin, quelques jours avant l’arrivée de Lula dans le pays asiatique. Comme le rappelle l’AFP, le Brésil est le premier exportateur mondial de viande bovine, et la Chine est son plus gros acheteur, avec 8 Mrd$ en 2022. Ces exportations vers la Chine étaient suspendues depuis le 23 février, après la confirmation d’un cas « isolé » et « atypique » (non lié à l’alimentation) d’ESB dans une ferme de l’État du Para (nord). Cette mesure avait été prise pour respecter un protocole bilatéral entre les deux pays, même si le gouvernement brésilien avait assuré que la viande destinée à la consommation n’était « pas affectée ». D’autres pays, comme la Thaïlande, l’Iran ou la Jordanie, avaient suspendu à leur tour leurs importations de viande bovine brésilienne, tout comme la Russie, uniquement pour celle venue du Para. Toutes destinations confondues, le Brésil a exporté 2,3 Mt de viande bovine l’an dernier, pour une valeur de 13,1 Mrd$.

Importations de miel : la Commission européenne confirme l’ampleur des fraudes

Quelque 46 % des miels importés dans l’UE ne seraient pas conformes aux exigences de la directive européenne sur le miel en raison principalement d’ajouts illégaux de sirops de sucre, constate le Centre commun de recherche de la Commission européenne qui a publié le 23 mars les résultats d’une action de contrôle menée à l’échelle de l’UE (document en anglais). Près de 74 % des échantillons de miel chinois, 93 % des échantillons de miel turc et 100 % des échantillons de miel britannique ont été considérés comme « suspects » Ces chiffres sont bien plus élevés que ceux du précédent audit mené en 2015-2017, quand seulement 14 % des échantillons analysés ne respectaient pas les normes d’authenticité du miel. Entre-temps, le CCR a renforcé ses méthodes de détection tout en admettant que « la capacité des laboratoires de contrôle officiels à détecter le miel frelaté avec des sirops de sucre » pourrait encore être améliorée. « Il est grand temps que l’UE agisse ! », ont réagi les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca) dans un communiqué. Les ministres de l’Agriculture de l’UE se sont à plusieurs reprises prononcés pour un étiquetage plus précis du miel imposant d’indiquer les pays exacts de production et la part de chacune de ces origines dans les mélanges de miel. La Commission européenne est en train de préparer une révision de la directive européenne sur le miel qui devrait comprendre des mesures en ce sens.

Champagne : Pinault veut céder Henriot au géant coopératif TEVC

La société viticole du milliardaire François Pinault, Artémis Domaines, est entrée en négociation exclusive avec le géant coopératif Terroirs et Vignerons de Champagne (TEVC) pour lui céder l’historique maison rémoise Champagne Henriot, a-t-elle annoncé le 23 mars. « Le rayonnement international de Champagne Henriot, son ancrage dans les circuits de distribution traditionnels, sa relation particulière bâtie avec la famille du vignoble et son positionnement prestigieux s’inscrivent pleinement dans la stratégie de "premiumisation" de TEVC », selon un communiqué commun. Artémis Domaines a fusionné en octobre 2022 avec l’historique Maisons et Domaines Henriot, indiquait-elle. Leur objectif est de créer « un acteur de référence dans le monde des très grands vins », où se joue une compétition féroce entre maisons. Artémis Domaines vient également de finaliser l’acquisition de Champagne Jacquesson (300 000 bouteilles par an). De son côté, Terroirs et Vignerons de Champagne (TEVC), qui détient notamment la marque leader Nicolas Feuillatte, est la première union de coopératives champenoises en France, réunissant 6000 vignerons et plus de 80 coopératives, soit près de 10 % du vignoble.