Une innovation à découvrir à VinEquip
Vineis Projets se lance dans le zonage climatique

Berty Robert
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L'entreprise, adhérente du pôle Agronov, développe un système de collecte de données destinée à établir une cartographie de l'exposition aux aléas climatiques de certaines parcelles de vigne.

Vineis Projets se lance  dans le zonage climatique
Sur cette carte, les points bleus figurent l’implantation des capteurs nécessaires à l’élaboration d’une cartographie climatique précise. Crédit photo : Vineis project

Étudier le terroir ou le matériel végétal sont des approches aujourd’hui bien instaurées dans le milieu viticole, a fortiori face aux effets du changement climatique. Mais justement, ce climat, qui peut être très différent d’une parcelle de vigne a une autre, n’a pas, jusqu’alors, fait l’objet d’études particulières.

Tout l’objet du travail effectué par Vineis Projet, une société fondée et dirigée par Marc Ouvrié et qui fait partie du pôle d’innovations agroécologique Agronov, basé près de Dijon, consiste justement à apporter des enseignements de ce point de vue. À l’automne 2022, elle a lancé un projet de zonage climatique en milieu viticole, en partenariat avec l’université de Bourgogne et l’Institut de la vigne et du vin. Vineis Projets fait partie des exposants qui seront présents, du 28 au 30 mars, au salon VinEquip et Marc Ouvrié aura l’occasion de présenter son dispositif lors d’une table ronde organisée dans le cadre du salon, le 28 mars et consacrée aux innovations technologiques. Ce zonage climatique fait pour l’heure l’objet d’un programme de R & D qui va courir jusqu’en 2024 et qui a pris place sur des parcelles de vignes à Morey-Saint-Denis et Chambolle-Mussigny, en Côte-d’Or.

Agir sur la gestion des aléas

Le projet est à l’initiative des vignerons de ces deux appellations et cofinancé par les Organismes de défense et de gestion (ODG) et l’aide du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). L’objectif, pour Marc Ouvrié, est de parvenir à établir des cartographies climatiques de secteurs viticoles, de proposer des zonages à l’échelle d’un vignoble, d’une exploitation ou même d’une parcelle. « Par exemple, explique-t-il, des domaines viticoles qui veulent mettre en place des dispositifs antigel, doivent savoir où ils doivent les positionner et connaître les impacts que ça aura sur leurs vignobles. On peut donc établir une cartographie avec la partie climatique sans protection, et l’incidence éventuelle de la protection… On peut ainsi juger de l’efficacité de ce qui est mis en place et adapter si nécessaire ». Cette solution pourra, à terme, permettre d’agir sur la gestion des aléas climatiques, sur les orientations techniques pour le vignoble, on pourra juger de l’intérêt d’implanter une haie. « On fait le lien entre le climat et le végétal » souligne Marc Ouvrié. Concrètement, Vineis Projets part de la carte du vignoble et fait une étude sur la topographie du site afin de déterminer l’implantation optimale des capteurs qui permettront d’effectuer les mesures et d’enregistrer les données (température, hygrométrie, vitesse et orientation du vent, exposition au soleil, disponibilité en eau des sols…) Le but est d’obtenir une vision complète de l’ensemble des paramètres climatiques sur une période de deux ans (2022-2024). « On ne fait pas une étude météo, mais bien une étude climatique, précise Marc Ouvrié, c’est ainsi qu’on pourra, par exemple, cartographier les zones froides, même en été ».

Une différence entre climat et météo

À terme, Vineis Projets veut améliorer sa méthode de récupération de données pour la rendre accessible au plus grand nombre, à des domaines viticoles de plus en plus demandeurs sur les données climatiques. Cet outil devrait aussi permettre d’affiner le conseil délivré à la viticulture dans son ensemble, dans le but de faire évoluer des itinéraires techniques. « On voit toujours le climat au travers de la météo, conclut Marc Ouvrié, c’est important et il peut y avoir des variabilités météo, d’une année sur l’autre, mais les conditions climatiques sur un secteur sensible au froid ou au choix ne varient pas énormément quant à elles. La topographie joue un rôle. On peut donc créer des cartes de risques d’exposition à des aléas climatiques ». Le dispositif de prise de données est opérationnel depuis ce mois de mars.