Colloque orges brassicoles
Le 6 rangs hiver a la côte

Berty Robert
-

Organisé par Arvalis à Dijon, le dernier colloque « Orges brassicoles » aura consacré une large part de ses travaux aux orges 6 rangs hiver qui semblent présenter bien des atouts, en particulier pour les zones à faible potentiel.

Le 6 rangs hiver a la côte
Mickaël Mimeau, responsable agronomique au sein d’Alliance BFC, est intervenu sur les atouts agronomiques des orges 6 rangs hiver.

Il était normal que, pour son 23è colloque consacré aux orges brassicoles et organisé le 13 avril, au palais des congrès de Dijon, Arvalis (*) choisisse comme thème central les orges 6 rangs hiver (O6RH) brassicoles : il s’agit d’une culture traditionnellement bien implantée dans une zone à faible potentiel comme l’est la Bourgogne. L’intérêt pour ces orges n’est pas nouveau, localement, comme le rappelait Didier Lenoir, président de la commission Orges au sein de l’AGPB : « Déjà en 2007, nous nous interrogions sur les performances des orges brassicoles ». Une grosse partie du colloque fut donc consacrée au thème du déploiement durable des variétés O6RH brassicoles dans toute la zone à faible potentiel du centre-est de la France. Ceci dans un contexte global où les orges de printemps ont souffert des conditions climatiques de 2022, où les surfaces implantées en orges d’hiver sont en hausse et où, en parallèle, les charges flambent.

La France en tête

En introduisant ce thème, Luc Pelcé (Arvalis) a rappelé quelques chiffres clé concernant ces O6RH qui constituent aussi une spécificité française : notre pays en produit en moyenne 1,8 M de t par an depuis dix ans. Un niveau de production qui place la France dans les nations de premier rang en termes de fournisseurs d’O6RH pour la production de bière. De plus, des perspectives intéressantes s’ouvrent pour cette production : on annonce l’arrivée de variétés d’orges d’hiver brassicoles tolérante à la Jaunisse nanisante (JNO). Une perspective confirmée par Amélie Genty (Société d’encouragement pour les orges de brasserie-Secobra) qui indiquait qu’en 2023, la quasi-totalité des lignées en essais officiels étaient résistantes. Marc Schmitt (Institut français des boissons, de la brasserie et de la malterie-IFBM) est revenu sur les avantages qualitatifs de ces O6RH par rapport aux autres orges brassicoles. Un intérêt économique d’abord : ils sont rémunérés 15 à 20 euros de plus par tonne par rapport aux orges 2 rangs (O2H). Leur poids spécifique est globalement plus favorable, ils se comportent mieux face aux problèmes sanitaires et apportent des enzymes en quantité supérieure, ce qui contribue à la saveur de la bière. Les O6RH ont enfin beaucoup progressé sur le plan génétique, aussi bien en rendement agronomique qu’en calibrage. En illustration locale, Mickaël Mimeau, responsable agronomique au sein d’Alliance BFC (Dijon Céréales, Terre comtoise et Bourgogne du Sud) a précisé que ces O6RH représentent aujourd’hui 17 % de la collecte de Dijon Céréales.

Plus résistants au manque d’eau

Il constate aussi que, sur les orges d’hiver, les variabilités de rendements sont moindres, par rapport au blé ou orges de printemps en BFC. Autre atout non négligeable : les orges d’hiver se montrent plus tolérantes au déficit hydrique. Les teneurs en protéines sont plus stables en O6HR et même si les calibrages sont plus faibles que pour les orges de printemps, l’écart a tendance à se réduire grâce aux progrès de la génétique. De manière générale, la dynamique est forte en matière de sélections variétales et, si l’on prend l’exemple d’Alliance BFC, chaque année, trois essais de variétés d’orges d’hiver sont menés.

(*) Le colloque était organisé en partenariat avec Brasseurs de France, Malteurs de France, Intercéréales et l’AGPB.

Du changement chez Arvalis
De gauche à droite : Luc Pelcé, Mélanie Franche, Philippe Dubief et Didier Lenoir.

Du changement chez Arvalis

Le colloque du 13 avril a été l’occasion de présenter une réorganisation dans l’animation de la filière Orges brassicoles chez Arvalis. Pour l’animation de la filière, Mélanie Franche succède à Luc Pelcé, en fin de carrière à Bretenière (21). Il assurait cette mission depuis 2010. Diplômée de l’Ensaia, la jeune femme est ingénieure régionale depuis 8 ans chez Arvalis. Elle est basée à la station de recherche et d’expérimentation de Châlons-en-Champagne, dans la Marne. La Commission Orges brassicoles d’Arvalis a aussi un nouveau président en la personne de Philippe Dubief, agriculteur dans le sud de la Côte-d’Or et vice-président de l’AGPB. Il succède à Didier Lenoir qui souhaite consacrer tout son temps à ses responsabilités régionales dont la présidence de Dijon Céréales.