Les brèves du 24 avril 2023
Voici les brèves du 24 avril 2023
Fruits et légumes, miel, volaille : Bruxelles propose de nouvelles normes de commercialisation
Attendues initialement en octobre 2022, la Commission a proposé le 21 avril, malgré la technicité du dossier, plusieurs révisions des normes de commercialisation de l’UE pour un certain nombre de produits agroalimentaires. Cela concerne les fruits et légumes, les jus de fruits et les confitures, les volailles, les œufs ou encore le miel. Pour ce dernier, Bruxelles a proposé, dans la perspective de la modernisation de la directive miel, de rendre obligatoire l’étiquetage de l’origine des mélanges de miel. Cette mesure permettra un étiquetage plus précis en indiquant les pays exacts de production et la part de chacune de ces origines, alors qu’actuellement il est seulement possible d’indiquer une origine « UE » ou « hors UE ». Les ministres de l’Agriculture et le Copa-Cogeca (organisations agricoles) avaient à plusieurs reprises appelé Bruxelles à modifier la législation dans ce sens afin de faire face aux fraudes pratiquées dans les miels importés. L’étiquetage de l’origine sera également obligatoire pour les fruits à coque et les fruits secs, les bananes mûres, ainsi que les fruits et légumes parés, transformés et coupés (p. ex. salade 4e gamme). Pour les confitures et marmelades, la teneur minimale en fruits passera de 350 à 450 g/kg de produit fini (550 g pour les produits de qualité supérieure). Enfin, le marquage des œufs se fera directement à la ferme afin d’améliorer la traçabilité.
S-métolachlore : en mai, la France demandera une interdiction au niveau européen
Après la confirmation le 20 avril du retrait par l’Anses des autorisations de mise sur le marché (AMM) de 13 herbicides à base de S-métolachlore, le ministère de l’Agriculture souligne que ces produits pourront être utilisés en France « jusqu’en octobre 2024 », d’après un communiqué du 21 avril. Cette échéance, ainsi que rapport de l’Efsa (Autorité européenne de sécurité alimentaire) « permettent de viser […] un alignement des calendriers d’interdiction national et européen ». En février, l’Efsa avait en effet conclu à « une non-conformité majeure relative à la contamination des eaux souterraines ». À l’occasion du prochain comité de gestion des substances actives de la Commission européenne du 24 et 25 mai, la France « portera la demande de statuer sans délai sur le retrait de la substance », et ce « pour faire en sorte que les règles d’utilisation des produits à base de S-métolachlore soient les mêmes pour tous les agriculteurs européens », souligne le communiqué. Par ailleurs, le gouvernement a annoncé durant le Salon de l’agriculture un « plan d’action stratégique pour l’anticipation du retrait des substances actives et le développement de techniques alternatives de protection des cultures ». Il s’inscrit « dans les travaux en cours sur la planification écologique et la nouvelle stratégie nationale sur l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, annoncée par la Première ministre Élisabeth Borne qui devrait être finalisés à l’été 2023 », précise le communiqué.
Pesticides : la Rue de Varenne exclut de « revenir sur la loi » confiant les AMM à l’Anses
« La question n’est pas du tout de revenir sur la loi » de 2014 qui a donné à l’Anses la main sur les autorisations de mise sur le marché » (AMM) des phytos, réagit l’entourage de Marc Fesneau auprès d’Agra Presse, interrogé sur la possibilité de rendre ces décisions au pouvoir politique. Cette éventualité avait été évoquée devant la presse par Christiane Lambert au Salon de l’agriculture. Quelques semaines plus tard, au congrès de la FNSEA, Marc Fesneau avait semblé répondre favorablement à cet appel en indiquant vouloir « changer de méthode » et en promettant « des décisions ». « L’Anses n’a pas vocation à décider de tout, tout le temps, en dehors du champ européen et sans penser aux conséquences pour nos filières », avait-il lancé. Dans sa réponse à Agra Presse, le ministère précise que les évolutions consisteront à « essayer d’anticiper collectivement et planifier » les fins d’AMM de certaines molécules, conformément au programme dévoilé par l’Élysée et Matignon au Salon de l’agriculture. Mais le rôle de l’Anses, comme le rappelle l’écotoxicologiste de l’agence sanitaire Jérôme Lozach, n’est pas de prendre en compte les données économiques. « Nous évaluons uniquement sur la base de données scientifiques dans un souci de sécurité sanitaire et environnementale, dans un cadre réglementaire », indique le chercheur au quotidien Libération (article payant).
Céréales ukrainiennes : reprise officielle du transit via la Pologne
À la suite d’un accord conclu le 18 avril entre Varsovie et Kiev, le transit dans le cadre des « Voies de solidarité » des céréales et autres produits agricoles par la Pologne a repris officiellement le 21 avril. Ces flux étaient suspendus depuis le 15 avril, date à laquelle les autorités polonaises avaient décrété unilatéralement – tout comme la Hongrie, la Slovaquie et la Bulgarie (sauf pour le transit) – d’interdire jusqu’au 30 juin toute importation de produits agricoles ukrainiens bon marché, accusés de tirer les prix vers le bas. Le transit sera effectué sous strict contrôle, impliquant la mise en place de scellés électroniques munis de traceurs GPS sur les transports. Après l’entrée en vigueur d’une réglementation gouvernementale, le premier convoi comprenait cinq camions transportant de la viande, des œufs et du maïs vers les Pays-Bas. « Nous supposons que les contrôles seront assez fluides, jusqu’à présent il n’y a pas de signes que des files d’attente se formeront », a déclaré Bartosz Zbaraszczuk, chef de l’agence polonaise des Douanes, à la radio RMF24 vendredi. Ces produits agricoles en transit sont ainsi destinés aux autres États membres de l’UE et aux pays tiers (Afrique du Nord, Moyen-Orient, Asie) afin de garantir la sécurité alimentaire mondiale.
Bovins viande : la FNB dénonce des essais d’importations par les grandes surfaces
Alors que les importations de viande bovine sont majoritairement destinées à la restauration, la FNB (éleveurs de bovins viande, FNSEA) dénonce le 20 avril « des "ballons d’essai" de l’ensemble de la grande distribution sur un approvisionnement à l’import ». Dans son communiqué, l’association spécialisée cite notamment Carrefour. Le président de la FNB Patrick Bénézit appelle les distributeurs à « donner impérativement un signal positif aux producteurs ». Et de menacer : « Nous saurons leur faire entendre [le message des éleveurs] en direct à brève échéance ». Pour le syndicat, « toute baisse de prix au producteur » serait « totalement artificielle et injustifiable au regard de la conjoncture ». Comme le rappelle la FNB, la production française a reculé en 2022, tandis que la consommation est restée stable, ce qui a soutenu les prix à la production (et profité aux importations). En hausse constante ces derniers mois, le PMP (prix moyen pondéré national entrée abattoir) relevé par FranceAgriMer s’est récemment dégradé. Cet indicateur a perdu 7 ct€ en deux semaines pour s’établir à 5,33 €/kg en semaine 15 (du 10 avril). Un recul que nos confrères des Marchés (article payant) attribuent à un déficit de demande (inflation, vacances scolaires, météo défavorable aux barbecues).
Tuberculose bovine : un plan de lutte contre la maladie déclenché dans l’Orne
Un plan d’action pour lutter contre la tuberculose bovine, maladie infectieuse transmissible à l’Homme, se déploie dans le département de l’Orne, indique un communiqué préfectoral du 18 avril. Il a été signé le 11 avril par la préfecture, la chambre d’agriculture, le groupement de défense sanitaire et le groupement technique vétérinaire. Environ 45 000 bovins seront testés dans 665 exploitations lors de la campagne de prophylaxie 2022-2023. Ces élevages sont situés dans une « zone de surveillance renforcée » comptant 85 communes à cheval entre l’Orne et le département voisin du Calvados ; celle-ci a été créée en 2017 après la survenue de deux cas de tuberculose en 2015 et 2017. La situation préoccupe les autorités et les professionnels alors que cinq cas ont été diagnostiqués depuis le début de la campagne 2022-2023, dont quatre en janvier. À titre de comparaison, seuls huit cas avaient été trouvés entre 2015 et le printemps 2022. Première priorité du plan : identifier les exploitants qui n’ont pas réalisé le dépistage obligatoire et les sanctionner avec des retraits de cartes vertes (attestation sanitaire des animaux) et des poursuites pénales, par exemple. La formation des vétérinaires et les mesures de biosécurité dans les élevages seront renforcées. Les partenaires s’engagent aussi à davantage surveiller la faune sauvage et à mieux accompagner les éleveurs.
Lait de brebis : la filière demande une « aide exceptionnelle » pour les éleveurs
L’association France Brebis Laitière (FBL) demande aux pouvoirs publics de débloquer une « aide exceptionnelle » à destination des éleveurs de la filière, en difficulté face à la baisse de leurs revenus, a appris Agra Presse auprès de l’organisation qui réunit les producteurs, les coopératives et les industriels privés. L’association à vocation interprofessionnelle avait adressé une demande d’aide au ministère de l’Agriculture en octobre, pour le moment restée sans réponse. À l’occasion de son assemblée générale organisée le 20 avril, elle réitère son appel. Dans les principaux bassins laitiers, l’Occitanie et les Pyrénées-Atlantiques, le revenu des exploitants a diminué de 27 %, selon l’Idele. « L’enjeu est de maintenir les exploitations et d’assurer le renouvellement des générations », insiste l’animateur de FBL, Sébastien Bouyssière. Les prix du lait et des agneaux ont augmenté (+2,3 % et +8,3 %), moins que les charges (+17,7 % pour l’indice Ipampa sur la campagne 2021/2022). « On peut s’attendre à ce que les coûts de production augmentent encore en 2023 », explique Sébastien Bouyssière. Des hausses d’environ 10 % du prix du lait ont été négociées pour la campagne 2022/2023. Positionnée sur des produits « plaisir », la filière a fortement souffert des arbitrages de consommation (-7 % en volume pour les fromages).
Île-de-France : bientôt une plateforme d’approvisionnement local pour les cantines
La région Île-de-France, le département de Seine-et-Marne et la chambre d’agriculture régionale ont inauguré, le 21 avril à Provins, le chantier d’une future plateforme d’approvisionnement pour la restauration scolaire destinée à assurer la collecte, la transformation et le conditionnement de produits locaux achetés dans des exploitations de la région. Le projet Approv’Halles vise à approvisionner les 129 collèges de Seine-et-Marne et les 170 lycées de l’académie de Créteil, soit plus de 15 millions de repas par an, à partir de la rentrée scolaire 2024. Différents types de produits agricoles ont été ciblés : la viande de volaille (principalement le poulet), des fruits et légumes (pommes, poires, pommes de terre, carottes, oignons…) et des produits laitiers (yaourts, fromages blancs, faisselles). L’approvisionnement sera assuré via une société publique locale (SPL) constituée entre le Conseil départemental et la Région. L’activité du site pourrait croître les années suivantes. « L’outil a été dimensionné pour pouvoir assurer au maximum la transformation de denrées destinées à la conception de 20 millions de repas », précise un communiqué du département. Le projet représente un investissement global de 48 M€. La plateforme emploierait près de 80 personnes.
Tomates : le breton Solarenn résiste et se diversifie face à la flambée de l’énergie
Le chiffre d’affaires de Solarenn, n°5 français de la tomate, a progressé de 3 % en 2022, à 54,5 M€, a indiqué son président Christophe Rousse jeudi 19 avril, lors d’une conférence de presse au siège de la coopérative à Saint-Armel (Ille-et-Vilaine). L’opérateur breton a commercialisé 25 000 t de tomates, issues de 24 exploitations (30 producteurs). Le marché a été bien orienté pour l’ensemble de sa gamme, à l’exception des petits fruits concurrencés par les tomates cerises marocaines. Toutefois, Solarenn n’a pas pu répercuter vers ses clients la hausse des charges de ses producteurs, estimée « entre 5 et 15 % selon les situations ». Face au renchérissement du prix de l’énergie, ses adhérents ont su s’adapter, notamment en diversifiant leurs productions (fraises, melons « petits gris de Rennes » et mini-pastèques). Les 20 % de serristes qui ont conservé leur chaudière gaz classique ont été les plus touchés. Ces producteurs-là « ont implanté leurs cultures de tomates en mars plutôt qu’en décembre-janvier. Leur production et leur chiffre d’affaires ont été moindres, parce qu’ils ont mis leur production sur le marché au moment où les prix s’ajustaient à la baisse », selon M. Rousse. Au contraire, les producteurs chauffant leurs serres en cogénération (les 2/3 des structures) ou grâce à l’énergie fatale (15 %) ont connu moins de difficultés. (Franck Jourdain)
Protéines de tournesol : Avril rachète l’extracteur allemand Sunbloom
Dans un communiqué de presse du 21 avril, le leader français des huiles et protéines végétales Avril a annoncé l’acquisition de l’entreprise allemande Sunbloom Proteins, spécialisée dans la production et la commercialisation d’ingrédients riches en protéines de tournesol dédiés à l’alimentation humaine. Située à Munich (Allemagne), cette dernière emploie 35 personnes et gère une unité industrielle en Hongrie. L’activité de cette dernière repose « sur l’utilisation d’un procédé unique et breveté pour produire des concentrés de protéines […] à partir de graines de tournesol, une matière première végétale européenne, non allergène et non OGM ». Les protéines obtenues permettent de couvrir un ensemble de besoins, tels que des solutions de remplacement « aux produits laitiers, aux plats cuisinés, aux boissons ou desserts végétaux, à la boulangerie pâtisserie, ou encore à la nutrition pour sportifs ». « Cette acquisition permet à Avril de renforcer ses positions sur le marché alimentaire mondial de la protéine végétale et ainsi de répondre à l’évolution des tendances de consommation », précise le communiqué. En juillet 2020, Avril avait signé un partenariat sur l’extraction de protéines de colza avec le néerlandais Royal DSM. Puis, en juin 2022, le groupe avait finalisé le rachat de Vivien Paille (Soufflet Alimentaire), entreprise spécialisée dans la production d’ingrédients à base de légumineuses.
Biosolutions : De Sangosse acquiert une « part stratégique » de l’indien Kan Biosys
Dans un communiqué de presse du 21 avril, le spécialiste français des biosolutions De Sangosse a annoncé avoir signé un accord pour acquérir une « part stratégique » de l’entreprise de biotechnologie agricole indienne Kan Biosys, spécialisée notamment dans les microorganismes. Ces derniers permettent « d’accompagner la lutte contre les différents stress biotiques (ravageurs, maladies) et abiotiques (sécheresse, excès d’eau, salinité, températures basses et hautes) », souligne l’entreprise De Sangosse. Elle précise que cette « nouvelle alliance » se concentrera sur l’expansion des biosolutions en Inde. Ce pays « compte plus de 140 millions d’hectares de terres arables, c’est un marché stratégique pour notre groupe », soutient Nicolas Fillon, directeur général de De Sangosse. Et d’ajouter que « les deux entreprises profiteront de leurs complémentarités pour développer de nouveaux produits ». Installée à Pune dans l’État du Maharashtra, l’entreprise Kan Biosys est placée sous la direction de Sandeepa Kanitkar. « Chaque semence peut être optimisée grâce à l’enrobage de solutions à base de microorganismes, chaque ravageur peut être maîtrisé grâce à une solution de biocontrôle et tous les sols ont besoin de microorganismes pour préserver leur fertilité », s’enthousiasme dans le communiqué la fondatrice et p.-d.g. de Kan Biosys.