EXCLU WEB / Santé au travail : le burnout des vétérinaires

Selon une étude commandée par l’Ordre des vétérinaires, les vétérinaires sont davantage exposés au burnout et au suicide que les agriculteurs et que la moyenne de la population française.

EXCLU WEB / Santé au travail : le burnout des vétérinaires

4,7 % des vétérinaires ont déjà tentés de se suicider. Ils ont trois à quatre fois plus de risque de suicide que la population générale et deux fois plus de risque que les professions de santé humaine. Autre chiffre : 20 % d’entre eux auraient eu des idéations* suicidaires, c’est-à-dire des envies de se suicider au cours des douze derniers mois qui ont précédé l’enquête. Ces résultats sont issus d’une étude sur la santé psychologique des vétérinaires menée par Didier Truchot, professeur de psychologie sociale à l’Université de Bourgogne Franche-Comté, pour le compte de l’Ordre des vétérinaires et de l’Association Vétos-Entraide. Sans aller jusqu’au suicide, les vétérinaires ont également un indice d’épuisement émotionnel (burnout) 1,2 fois supérieur à celui des agriculteurs et 1,5 fois supérieur à celui de l’échantillon de référence de la population générale.

Cet épuisement frappe davantage les jeunes femmes. Celles-ci ont plus de mal à concilier vie professionnelle et vie familiale, dans la mesure où « elles contribuent davantage aux taches domestiques et à la prise en charge des enfants que les hommes », observe Didier Truchot. Sans parler des stéréotypes machistes qui leur colle à la peau à cause d’une vision encore traditionnelle des femmes dans la profession, « elles doivent faire plus leurs preuves par rapport aux clients, mais aussi par rapport à certains patrons ».

D’une façon générale, les vétérinaires qui vivent seuls sont davantage frappés par l’épuisement émotionnel que ceux qui vivent en couple. Mais la vie en couple est plus bénéfique aux hommes, alors que « les femmes ont le même burnout », quelle que soit leur situation matrimoniale, observe Didier Truchot. 

Workaholisme 

Sont davantage frappés par le burnout les vétérinaires qui exercent en milieu urbain, peut-être parce que la profession y est davantage féminisée, et les salariés davantage que les libéraux. Des témoignages recueillis révèlent que « la rémunération des salariés n’est pas à la hauteur des responsabilités du vétérinaire et de la haute pression qu’ils ressentent de la part de leurs employeurs et surtout de la part de leurs clients ». Également évoqué par l’enquête les gardes et les astreintes de nuit. Beaucoup de vétérinaires s’en plaignent : « le seul fait d’avoir un téléphone de garde est un stress de fond, même s’il ne sonne pas ».

L’enquête identifie huit facteurs de stress. Arrivent en tête la charge et les longues journées de travail qui empiètent sur la vie privée. Suit, surtout pour les plus jeunes, la peur de l’erreur du diagnostic et du traitement notamment pour les vétérinaires qui travaillent sur les animaux de compagnie. De nombreux vétérinaires évoquent « le temps morcelé, en miette » et le fait d’être dérangé sans arrêt ainsi que les conflits entre collègues et les tensions avec la hiérarchie. Enfin, plus d’un tiers des vétérinaires (37,6 %) - davantage chez les femmes et les salariés - sont frappés par ce qu’on appelle le workaholisme, c’est-à-dire l’addiction au travail, qu’elle soit compulsive et excessive, qui les empêchent de s’en détacher que ce soit psychologiquement ou physiquement.

* Idéation : processus de création et de formation d’une idée