Prospective
« Un pacte de confiance doit être passé »

L’assemblée générale de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) s’est achevée par une table ronde sur le thème « Agriculteur professionnel, garant de la souveraineté alimentaire ».

« Un pacte de confiance doit être passé »
David Chauve, secrétaire général de la FRSEA. ©FRSEA_TC

Pour toutes les personnes réunies à l’assemblée générale de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), vendredi 7 juillet à Précieux (Loire), il ne fait aucun doute : les agriculteurs sont garants de la souveraineté alimentaire. Pour autant, le constat établi par le recensement général agricole est lui aussi sans appel : le nombre d’agriculteurs est en recul en Aura comme sur l’ensemble du territoire national. Seule la filière horticulture-maraîchage connaît une augmentation du nombre d’exploitations en dix ans quand les exploitations d’élevage accusent, elles, une forte baisse (- 28 %). Alors les défis qui se présentent face à l’agriculture sont nombreux. En tête, celui du renouvellement des générations. « Les agriculteurs ont envie de transmettre leurs entreprises. Nous avons un vrai travail de prospective à conduire pour voir comment notre métier va évoluer. Beaucoup pensent pour nous et dans ces scénarios, l’agriculteur est considéré comme un exécutant. Nous devons retrouver notre liberté d’entreprendre, dans le cas contraire, nous perdrons des vocations », souligne Yannick Fialip, membre du bureau FRSEA.

Évolutions sociétales

Et pour beaucoup, à l’image d’Aurélien Clavel, également membre du bureau, la « nouvelle génération ne souhaite pas être prisonnière du travail. Il y a des choses à adapter ». À Bruno Ferreira, directeur régional de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (Draaf) d’ajouter : « Cet enjeu social était au cœur des discussions lors des consultations auprès des jeunes concernant la PLOA. L’un des plus gros défis sera de trouver les formes qu’il convient pour maintenir une activité agricole pérenne ». Pour relever ce défi, David Chauve, secrétaire général de la FRSEA l’affirme : « Quand nous aurons la rémunération et les moyens nécessaires, nous pourrons analyser les choses différemment. Nous avons besoin d’être réalistes et de ne pas faire courir les gens derrière des illusions ».

Un prix à plusieurs composantes

Pour que les illusions deviennent réalités, des outils législatifs et financiers existent. Loi Égalim avec la prise en charge des coûts de production et la construction du prix en marche avant, politique agricole commune, rémunération pour services environnementaux ou crédit carbone, production d’énergie… des leviers existent aujourd’hui. Toutefois, les professionnels mettent en garde : il ne faut pas tomber dans les contradictions. Et le prix du produit demeure le nerf de la guerre. « Nous avons en France la plus belle agriculture au monde. Un pacte de confiance avec les consommateurs doit être passé et cela doit être conduit par les politiques au plus haut niveau, note Michel Joux le président de la FRSEA. L’État devra revoir sa copie et afficher clairement les choses. » Pour le président du syndicat, il est urgent de trouver des solutions qui ne seront pas toutes financières, mais également fiscales et politiques. « Nous devons travailler dessus pendant les trois prochaines années de notre mandat ». Si l’agriculture a d’énormes défis à relever pour continuer à garantir la souveraineté alimentaire demain, pour Gilbert Guignand, président de la chambre régionale d’agriculture d’Aura, « notre capacité d’adaptation est bien plus grande que ce l’on pense ». Interrogé sur la détention de capitaux par une tierce personne, l’agriculteur de Haute-Loire l’affirme : « C’est quelque chose de nouveau et les jeunes vont être capables de s’adapter. Il faudra les accompagner. Nous ne devons pas avoir peur, mais mettre en place une législation qui protège les futurs agriculteurs. Nous devons réaffirmer notre volonté d’installer des jeunes et trouver des solutions pour les sécuriser financièrement. Le foncier est notre outil de travail et nous devons servir en priorité les jeunes qui s’installent. Nous devons construire ces outils tous ensemble ».


Marie-Cécile Seigle-Buyat