Que faire en Saône-et-Loire ?
Le château de Cormatin, une histoire de plusieurs siècles

Auriane Devaux
-

La Saône-et-Loire propose de nombreuses pépites culturelles à visiter. L’une d’elles est le château de Cormatin situé sur la commune éponyme. Ce château (1606-1625), véritable trésor culturel, a été racheté il y a près de 40 ans par trois amis historiens Anne-Marie Joly, Marc Simonet-Lenglart et Pierre-Albert Almendros. Ensemble, ils continuent de faire vivre le château et d’écrire son histoire.

Le château de Cormatin, une histoire de plusieurs siècles
XXXX

À l’aube, lorsque le soleil éveille la nature et réchauffe doucement le château de Cormatin, d’autres sont déjà en pleine activité. Pierre-Albert Almendros avec deux jardiniers et une aide-ménagère embellissent et astiquent la bâtisse avant l’arrivée des touristes.

Situé en plein cœur du village de Cormatin, le château est une véritable œuvre d’art architecturale. Depuis son rachat dans les années 1980, les trois amis ont entrepris des travaux de restauration afin de lui redonner sa splendeur d’antan.

Après 40 ans de travaux, le château arbore aujourd’hui plusieurs décorations du plus fastueux appartement Louis XIII conservé en France, aux décors les plus divers laissés par son ancien propriétaire Raoul Gunsbourg. C'est ainsi un bâtiment aussi charmant qu’emblématique que le visiteur découvre. 

Une restauration de plus de 10 ans

Malgré la période de confinement, 2020 marque pour le château la fin de la restauration de la mythique chambre du Maréchal Nicolas du Blé d’Huxelles commencée depuis plus de 10 ans. À la fois maréchal de France et gouverneur d’Alsace, il vivait à Versailles et faisait partie des intimes de Louis XIV.
Exilé en 1722 par le régent, Nicolas du Blé rentre à Cormatin et décore ses quartiers à la mode de Versailles. « Cette chambre c’est l’idée d’un Maréchal de France qui a vécu à la cour de Louis XIV et qui devient à son retour à Cormatin une chambre de parade ».
Dans cette chambre, s'y découvrent des meubles d’époque comme le lit, les commodes, une sublime table et une cheminée du 17e. S'y trouvent également deux somptueuses tapisseries de Charles Le Brun racontant l’histoire de Méléagre – un héros grec qui s’illustre pendant la chasse contre le sanglier de Calydon -.

60.000 visiteurs

Véritables mécènes du patrimoine, les 60.000 visiteurs par an contribuent à la restauration du château. « Sans eux, nous ne pourrions pas l’entretenir. C’est grâce à tous nos visiteurs que nous pouvons chaque année proposer de nouvelles choses à visiter », souligne Pierre-Albert Almendros.
Si cette année, à cause de la crise du Covid-19, tous les visiteurs ne pourront pas être au rendez-vous, cela n’empêche pas les propriétaires de redoubler d’efforts.

« Chaque année, nous essayons d’apporter un plus au château. Et pour l’année prochaine, nous avons bien l’intention de terminer les travaux de restauration du théâtre de verdure : il y sera présenté de nouveaux spectacles de théâtre ! »

Ainsi, en plus des nouvelles surprises de cette année, d’autres sont en préparation pour l’année prochaine…

L'emblème du château, la famille du Blé d'Huxelle

L’histoire du château commence avec la famille bourguignonne du Blé, dont les membres sont considérés comme des « nobles hommes », qui acquiert la demeure en 1022. Possédant déjà un château, la famille limite grandement ses interventions et délaisse Cormatin pendant plusieurs siècles.

C’est en 1605 qu’Antoine Du Blé décide de reconstruire le château. Pour cela, le descendant du Blé adopte une architecture « monumentale et parisienne afin de magnifier la plus ancienne possession de la famille ».

En 1611, il laisse sa place à son fils Jacques du Blé. Connu pour ses réussites militaires et son échec en 1628 face à Charles-Emmanuel de Savoie, celui-ci sera finalement tué en mai 1629 d'un coup de mousquet aux abords des murailles de Privas. Son fils Louis Chalon du Blé, alors âgé de 10 ans, lui succède.
Le château connaitra cependant une époque de « désertion » puisque les descendants de Jacques du Blé délaissent le château jusqu’en 1722 lorsque Nicolas du Blé s’y trouve exilé.  

En 1766, le château est vendu à la famille Verne. Nina la fille s’occupe de magnifier le château. Cette dernière donnera naissance à un petit garçon, fruit de sa relation avec Lamartine. Puis en 1898, le château est mis en vente et racheté par Raoul Gunsbourg, alors directeur de l’opéra de Monte-Carlo. Il décore le château à la mode de l’époque et organise de somptueuses fêtes jusqu’à l’arrivée de la Grande Guerre qui met un terme à cette courte période d'insouciance...
Dans les années 1980, Anne-Marie Joly, Marc Simonet-Lenglart et Pierre-Albert Almendros, trois amis historiens, rachètent ensemble le château et entreprennent les travaux de restauration.
Entre amours, passions, guerres et religion, le château recèle en ses lieux de nombreux trésors que les trois propriétaires proposent de dévoiler tout au long de la visite. Ainsi, continue jour après jour l’histoire de cette demeure âgée de plus de quatre siècles.