Fête de l’agriculture 2022
La promo de l’agriculture

Frédéric RENAUD
-

La Fête de l’Agriculture s’est déroulée les 13 et 14 août à Montbellet, sur des terres de grandes cultures situées au hameau de Thurissey. La météo, responsable de terres trop sèches pour le labour puis de précipitations malvenues, était au centre des échanges durant la fête, notamment à l’heure des discours.

La promo de l’agriculture
Le site de la Fête de l’Agriculture, à Montbellet, résume le paysage agricole diversifié du Mâconnais, avec des vignes, des grandes cultures et des prairies pour l’élevage.

« Je suis venu pour les aider, relate Christian Varrault, car mon fils Clément est viticulteur. Ce n’est pas de famille : moi j’ai longtemps été menuisier et je travaille aujourd’hui pour la commune de Montbellet. Mais j’habite à Thurissey, donc juste à côté et on m’a sollicité pour toutes sortes de matériels. Je les connais bien tous, c’était dur de refuser des bras. Il me semble que c’est important de venir participer, car c’est plutôt positif tous ces jeunes qui se réunissent pour organiser un événement aussi important. »

Beaucoup d’agriculteurs, des JA bien sûr, mais aussi des plus âgés et des non-agriculteurs donc, sont venus prêter main-forte au canton JA du Mâconnais qui a organisé la Fête de l’Agriculture sur ce territoire à dominante viticole.

Le temps n’adoucit pas les mœurs !

Hélas, la météo a une fois de plus joué les trouble-fêtes. Après presque deux mois sans précipitation, le ciel a livré quelques gouttes le dimanche matin qui ont à peine humidifié les parcelles prévues pour le labour, puis les températures fraîches se sont invitées et ont peut-être dissuadé des convives pour le repas de midi. En fin de journée, des trombes d’eau ont fini par arroser la plaine et les coteaux mâconnais. « Nous attendions tous la pluie, mais nous aurions préféré qu’elle ne tombe pas ce jour-là », résume Bernard Lacour, le président de la chambre d’agriculture, à l’heure des discours.

Lors de l’inauguration, les élus agricoles avaient évoqué la nécessaire adaptation à ces sécheresses récurrentes : « Nous anticipons ce phénomène de sécheresse depuis deux ans, avec un travail mené sur de nouvelles variétés de fourrage. Une animatrice dédiée a d’ailleurs été recrutée par la chambre d’agriculture ». La viticulture cherche aussi des palliatifs, « des solutions pour nous adapter à l’évolution climatique : expérimenter des cépages plus résistants, préparer des projets d’agroforesterie et revoir les modes de taille », signalait Marc Sangoy, qui représentait pour l’occasion la chambre d’agriculture. « Nous devons nous serrer les coudes », confirmait Jérôme Chevalier, président de l’Union des producteurs des vins mâcon, pour la clôture du concours des vins.

Raffermir le lien agriculture - viticulture

Ce concours des vins s’est en effet déroulé le samedi matin au foyer rural de Viré, à proximité du site de la fête. Avec près de 40 échantillons, tous du millésime 2021, cinq caves coopératives et 12 viticulteurs ont présenté leur production à un jury de 12 dégustateurs, « des consommateurs, partenaires de l’événement ainsi que des professionnels habitués à cette pratique », décrit Jérémy Gravallon, le président du comité d’organisation. « La production viticole est majoritaire sur notre territoire, mais ce n’est pas la seule. Il nous semblait important de rassembler la viticulture et l’agriculture que l’on dissocie bien trop souvent », poursuivait-il.

« Montbellet réussit d’ailleurs bien cette mixité de productions agricoles, le choix du site est réussi », a souligné Patrick Desroches, maire de Viré et conseiller départemental. « Nous avons de la viticulture, des grandes cultures et de l’élevage, qui sont pratiqués par une dizaine d’exploitations qui valorisent ainsi une bonne partie des 2.000 hectares de la commune », assure Marie-Thérèse Drevet, maire du village. « Nous avons un territoire rural » , confirme Christophe Ravot, président de la Communauté de communes Mâconnais Tournugeois, « avec des atouts reconnus, le Viré-Clessé, des caves coopératives et plusieurs responsables professionnels agricoles ».

Plusieurs animations ont ensuite animé les deux journées, notamment le spectacle de l’humoriste Olivier de Benoist après le repas de gala et avant un premier bal. Tout le dimanche, les visiteurs ont profité d’un marché de produits gourmands, de démonstrations de "moiss-batt’cross" et de course de "traîne-culs", des automobiles largement modifiées sur leur train arrière ; des démonstrations de chien de troupeau ; des démonstrations de travaux viticoles…

Retrouver le lien avec les citoyens

Après la remise des prix, les présidents d’organisations agricoles ont félicité les JA pour cette fête « qui permet de mettre en relation les citoyens et les acteurs de l’agriculture », a rappelé Bernard Lacour, alors que Christian Bajard, président de la FDSEA 71, soulignait que ces Fêtes « permettent de remercier les agriculteurs pour leur implication du quotidien et de montrer les différents aspects de notre agriculture à mettre en avant, pour valoriser nos métiers ».

Car la situation est difficile. « Nos préoccupations restent d’accompagner les évolutions de l’agriculture, par rapport à toutes les problématiques que nous connaissons : l’évolution climatique, le renouvellement des générations en agriculture, l’évolution des modèles d’exploitation », développe Bernard Lacour. Christian Bajard évoque lui « le paradoxe entre, d’une part, les demandes à l’agriculture d’apporter un niveau de production suffisant, ainsi que de la qualité alimentaire ; et d’autre part, des critiques constantes par rapport à nos pratiques. »

Autre point d’attention, « la nécessité de trouver des rémunérations très positives pour les agriculteurs pour continuer d’attirer des jeunes dans ce métier », poursuivait le président de la FDSEA 71. Une réponse sans doute à l’affirmation, lors de l’inauguration, du député Louis Margueritte de la 5e circonscription, « qu’il est impossible de croire en même temps à la baisse des prix à la consommation et à la création de prix rémunérateurs pour les producteurs ».

Un concours de labour particulièrement délicat !
Les raies d’ouverture sont droites, mais peu profondes.

Seulement quatre concurrents se sont présentés sur les parcelles réservées au labour. La difficulté était au rendez-vous avec un terrain limoneux particulièrement dur, miné par l’absence de précipitations depuis deux mois.

« Ce sont plutôt de bons labours au vu des parcelles proposées ». Jérôme Maure hoche la tête, alors que le concours de labour se termine. Cet éleveur de l’Ain, basé près de Chalamont, qui a disputé à plusieurs reprises le championnat de France, « a rarement travaillé dans un terrain aussi sec ».

Avant le démarrage du concours, les concurrents tenaient un discours fataliste. « C’est un terrain compliqué, très sec. Dans ces conditions, cette terre limoneuse sera difficile à travailler. Malgré les réglages, nos charrues pourraient bien n’en faire qu’à leur tête », soupiraient Jérôme Prieur et Stéphane Deroche.

Les deux amateurs de labour présentent pourtant une forte expérience de cette discipline. Jérôme Prieur participera en 2022 à sa dernière finale régionale, ayant épuisé les cinq années en planches et à plat, un quota fixé dans le règlement du championnat de France de labour. Stéphane Deroche a lui disputé deux fois la finale nationale, d’abord en 2010, puis en 2016 lorsqu’il revient avec le titre de champion de France. « Entre ces deux éditions, j’ai mené une réflexion pour reconstruire ma charrue. Et j’ai tenté de retrouver du temps pour m’entraîner plus souvent au labour », commente l’exploitant en polyculture-élevage de Chalmoux, près de Bourbon-Lancy.

La raie d’ouverture confirme les propos des laboureurs, souvent droite, mais à la profondeur inégale. « Ils ont un peu tendance à exagérer la difficulté. Les réglages du matériel devraient permettre de compenser », commentent les jurys qui doivent évaluer le travail de chaque concurrent. Après avoir vérifié la conformité du travail réalisé, certains critères, comme la régularité ou la propreté du sillon, permettront d’établir le classement final. « Les conditions météo ont façonné un terrain très difficile à aborder », soulignait le jury lors de la remise des prix.

Jean-Jacques Lahaye, l’un des jurys, a salué Marc Roux qui vient chaque année de Viévy, en Côte-d’Or, pour disputer le concours de labour en Saône-et-Loire « au prix de 4 heures de route en moyenne, pour environ 100 kilomètres, avec son tracteur et sa remorque ». Dans son département, il n’y a pas de concours de labour d’où ce déplacement vers la Bourgogne du sud.

Quatre concurrents ont aussi participé au concours de labour à l’ancienne. Un pari qu’ils ont relevé, car le terrain ne se prêtait pas non plus à leur travail, « de surcroît avec du matériel d’autrefois, pour montrer comment on travaillait avant », souligne Jean-Jacques Lahaye.

Les deux premiers du concours de labour sont attendus pour la finale régionale de labour qui se déroulera en Haute-Saône ces 27 et 28 août.

Labour à plat :

1 Stéphane Deroche (3)

2 Fabien Guillot (4)

Labour en planches :

1 Jérôme Prieur (1)

2 Marc Roux (2)