Volailles Fermières du Charolais
L'avenir des Volailles Fermières du Charolais en question…

Marc Labille
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La volaille fermière du Charolais est à un tournant de son histoire. Souffrant de ne jamais avoir vraiment pu bénéficier d’un débouché commercial à la hauteur de son potentiel, l’appellation envisage un rapprochement avec sa cousine des volailles de Bourgogne. Une restructuration qui n’exclut pas un nouveau départ pour le label volaille charolaise.

L'avenir des Volailles Fermières du Charolais en question…
La vente du groupe d’abattage auquel les volailles fermières du Charolais étaient livrées pourrait bien ouvrir un nouveau chapitre pour cette appellation dont la place est indiscutable sur les marchés de proximité.

Pour le syndicat des Volailles Fermières du Charolais, l’année 2020 aura été marquée par la vente de l’abattoir auquel ses adhérents livraient leurs productions. Dès le mois de mai 2020, le groupe Ronsard entrait en effet en négociation avec le leader européen LDC pour une reprise de ses outils. La cession du site de Saint-Jean-sur-Reyssouze (01) à un autre acteur était cependant évoquée. Un repreneur potentiel se disait intéressé à la fois par l’appellation « volailles du Charolais » et par du poulet blanc plutôt que du noir. Cette perspective a conduit le syndicat à mettre en place une nouvelle production de « Charolais Blanc Label Rouge ». Ces poulets sont en fait de la même souche et produits selon le même cahier des charges que les volailles fermières de Bourgogne. 29 des 34 adhérents du syndicat des Volailles Fermières du Charolais sont aujourd’hui habilités pour le label rouge volailles fermières de Bourgogne. Les premières mises en place de Charolais blanc chez les éleveurs charolais ont eu lieu en juin 2021. Entre temps, le potentiel repreneur de Ronsard Bresse, n’a pas donné de nouvelle, regrettait Jean-Jacques Minjollet, président du syndicat. Souffrant depuis de nombreuses années du peu d’entrain de la part de son abatteur à positionner la volaille fermière du Charolais sur son marché, le syndicat a été contraint de voir sa production écoulée en « Noirs Bourguignons. Les volailles du Charolais disparaissant ainsi de leur environnement », déplore le président. 

Abattage transféré à Cuisery

Le site Ronsard Bresse de Saint-Jean-sur-Reyssouze a finalement intégré LDC en mai dernier, mais en vertu de la loi contre les monopoles, il doit toujours être cédé à un autre repreneur. Quoi qu’il en soit, depuis la fin du mois de juin, les poulets IGP Charolais sont abattus en totalité sur le site de Guillot Cobreda (LDC) à Cuisery. Et l’abattoir du groupe LDC a fait du tri dans les acheteurs habituels de la volaille charolaise, débouché qui n’étaient pas à la hauteur d’un tel produit. Dans le même temps, les éleveurs ont cessé de mettre en place des poulets Charolais noirs et nombre de leurs volailles sont commercialisées en filière volailles de Bourgogne.

« Un espoir au bout du tunnel »

Cet épisode qui s’est déroulé durant les dix-huit derniers mois est un tournant pour le syndicat des Volailles Fermières du Charolais. Créé il y a plus de quarante ans, le syndicat attendait un « sursaut » prouvant « l’attachement de son abattoir » au label. Malheureusement, « il n’en fût rien. À aucun moment, un avenir serein et une entrevue de développement ne se sont dessinés », regrette aujourd’hui Jean-Jacques Minjollet. La situation décrite plus haut amène aujourd’hui les responsables du syndicat à envisager un rapprochement avec le syndicat des volailles de Bourgogne. Une évolution qui serait toute naturelle puisque les deux syndicats sont déjà très liés. Le remplissage des poulaillers serait assuré étant donné les besoins et les débouchés. Et en dépit de cette restructuration, « le poulet Charolais doit perdurer », défend Jean-Jacques Minjollet. « Nous sommes persuadés que la place du poulet Charolais dans notre environnement est incontournable », poursuit-il. Forte d’un ancrage territorial évident, les Volailles Fermières du Charolais ont de quoi retrouver une place de choix auprès des consommateurs, moyennant un travail commercial adéquat. « Un espoir au bout du tunnel » est donc permis, rassure Jean-Jacques Minjollet.

Influenza aviaire…

L’Influenza aviaire a touché le territoire en automne 2020. Tous les élevages avicoles se sont vus contraints de claustrer leurs animaux ou bien de demander une dérogation. Les éleveurs de volailles label et leurs organismes de défense se sont alors mobilisés pour argumenter la difficulté de l’application des mesures sanitaires de réduction des parcours. Au printemps 2021, les restrictions ont été levées mais cet automne, un nouvel épisode d’influenza hautement pathogène touche à nouveau la France.  

Louis Accary, adhérent depuis 41 ans !

Cette fin d’été, Louis Accary vient de cesser son activité d’éleveur de trois poulaillers label à Versaugues. L’heure de la retraite a en effet sonné pour cette personnalité incontournable de la filière avicole. À l’issue de leur assemblée, les responsables du syndicat des Volailles Fermières du Charolais ont tenu à lui rendre hommage au terme de 41 années d’adhésion à la structure. Administrateur de longue date et trésorier jusqu’à aujourd’hui, Louis Accary est devenu président du syndicat en 2000 jusqu’à ce qu’il cède sa place à Jean-Jacques Minjollet en 2007. Il intégrait alors le Synalaf à l’échelon national où, au sein du conseil d’administration puis du bureau, « sa voix était écoutée car il disait tout haut ce que les plus petits pensaient tout bas », salue Jean-Jacques Minjollet. La voix de la filière avicole départementale, Louis Accary l’a longtemps été notamment en temps de président de la section avicole de la FDSEA. Touché par cet hommage rendu par le syndicat des Volailles Fermières du Charolais, Louis Accary a redit son attachement à « ce produit auquel nous avons toujours cru ». Et pour l’ancien éleveur du Charolais et responsable avicole, la volaille du Charolais ne peut être abandonnée à l’heure où les productions de proximité ont la faveur des consommateurs. « À condition que les éleveurs y croient et défendent leur produit », conclut - dans un message toujours aussi mobilisateur - Louis Accary.

 

Résultats technico-économiques impactés

Au cours d’une assemblée générale tardive en raison du Covid, le syndicat des Volailles Fermières du Charolais a fait le bilan de l’année 2020. Les mises en place étaient en baisse par rapport à 2019 de – 5,7% ce qui équivaut à 6 bâtiments et demie (28.500 volailles). Cette baisse est essentiellement due à une pénurie de poussins noirs auprès du couvoir, expliquait-on. Les effets de la crise liée au Covid ont aussi pesé avec la perte de débouchés dans la restauration collective. Au premier confinement, des retards d’enlèvement ont été constatés et certains lots ont été vendus hors label. De ce fait, les rotations ont été ralenties sur 2020 : près de 16 semaines par lot alors que la rotation minimum est de 15 semaines. Cela a induit des pertes économiques pour les éleveurs. À l’échelle nationale, les mises en place ont baissé de – 9% en poulets noirs tandis que les poulets blancs et jaunes évoluent de + 4%. Cette tendance confirme un recul général du poulet noir au profit des autres souches, plus performantes et plus faciles élever.

En moyenne, les marges éleveurs étaient en baisse de – 5€/m2 sur 2020. 23% des volumes de poulets enlevés n’ont pas obtenu la prime qualité en 2020. Un chiffre qui était en hausse depuis trois ans mais qui s’est tout de même amélioré au cours de l’année 2020. 70% des volumes n’avaient pas obtenu non plus la prime liée au poids alors que ce taux n’était que de 53% en 2019. Les retards d’enlèvement liés au Covid et les baisses de performances des poulets noirs en seraient les explications.