Section bovine de la FDSEA et FNB
« Négociez des hausses »

Pour le président de la section bovine de la FDSEA, Guillaume Gauthier - qui siège également à la FNB -, l’heure est venue pour les éleveurs de « négocier les prix à la hausse car les signaux des marchés sont au vert ». La consommation de viande augmente et les effets de la décapitalisation sont là.

« Négociez des hausses »

L’été dernier, la section bovine appelait à retenir les animaux en fermes ? Cet été, à nouveau (lire ci-dessous). Y-a-t-il des différences ?
Guillaume Gauthier : Oui, l’an dernier au tout début, nous étions focalisés sur le maigre et sur l’export des broutards notamment avec un appel à leur rétention afin que les prix montent. Clairement, les cours ont remonté mais très légèrement.
Cette année, il y a une déconnexion totale entre les prix de nos broutards et les cours de référence des JB sur l’Italie, qui sont eux à des niveaux corrects. Mais l’appel vaut aussi pour les femelles, génisses, vaches et veaux donc.
L’an dernier, avec trois sécheresses de suite, c’était difficile pour les éleveurs de retenir. Cette année, les éleveurs ont refait du stock et peuvent laisser plus facilement les animaux à l’herbe.

Quelles conséquences ont eu ces sécheresses ?
G.G. : Nous avions sonné la sonnette d’alarme et la décapitalisation se poursuit, -2% chaque année, sur les femelles et sur les veaux. Ce qui veut dire qu’après la première phase maintenant est venu la seconde, tout ce qui n’ai pas né ne sera pas à l’engraissement pour la boucherie plus tard.

Est-ce que les marchés s’en ressentent ?
G.G. : oui, les cours des animaux gras remontent mais trop faiblement depuis l’été dernier, de 1 à 2 centimes par semaine. C’est trop peu. Car dans le même temps, la consommation de viandes est bien là. Le Covid a certes un temps déporté le marché vers la consommation à domicile mais aujourd’hui, la consommation en restauration (RHD) se rajoute et l’économie tourne bien. Le haché se consomme bien. Bref, tous les voyants sont au vert.
D’ailleurs, partout en Europe, les cours des vaches O - seule classification disponible – augmentent fortement : en Allemagne, en Irlande… les cours sont supérieurs à ceux Français. La filière française reste à la traîne de ces hausses.

N’assiste-t-on pas à un effet ciseau du coup entre l’offre et la demande ?
G.G. : Oui et non. Oui, le rythme d’abattage reste très élevé. Le pire est peut-être le marché du JB où il n’y a plus de stock en fermes : 16.000 JB sont déjà sortis, en avance. Il va manquer d’animaux pour la fin d’année. Des abattoirs ne tournent pas à plein faute de JB.
Et en même temps, le marché français ne réagit pas ou peu. Le JB à 4€ n’est pas le bon prix. Le bureau national de la FNB a donc décidé de ne plus siéger à l’Interprofession (Interbev), sauf pour suivre les dossiers engagés, car nous attendons de nombreuses réponses, notamment sur la contractualisation pluriannuelle, sur l’intégration des coûts de production, sur les objectifs de vente en Labels rouge… Le collège « transformation/abattage », Culture viandes, semble réagir et vouloir faire des propositions.

Et quelles sont les vôtres de propositions ?
G.G. : Encore et toujours : ramener du prix aux éleveurs. À la FNB et à la section bovine de la FDSEA, nous travaillons à améliorer la filière, voire à créer la filière idéale de demain.
Nous continuons surtout de pousser pour une contractualisation dans les règles de l’art, dans les règles de la loi EGAlim2, voté ce mardi au Sénat. À Terres de Jim, le président de la République nous a réassuré sur ses objectifs initiaux. Nous travaillons sur des paliers réalistes en Label rouge car il s’en vend mais trop peu par rapport à l’objectif de 40% du total des ventes. Etc.

Il y a donc de réels motifs d’espoirs cette année ?
G.G. : Tous les signaux - de la consommation de viandes et venant des marchés - sont au vert. Les éleveurs doivent par contre avoir bien en tête la hausse de leurs coûts de production. On a de l’herbe cette année ici et les animaux peuvent rester au pré. Par contre, les éleveurs ne doivent plus être des producteurs mais bien des vendeurs, reprendre la main sur leurs ventes, arrêter d’accepter les baisses. Il faut tous négocier les prix à la hausse !