Roman
Exode climatique et voyage au bout de soi

Françoise Thomas
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L’histoire se déroule à Paris puis dans le Morvan. On se retrouve (dans quelques années ?) en pleine crise caniculaire, alors que les migrants climatiques arrivent par ferrys en Europe. 

Exode climatique et voyage au bout de soi

L’histoire se déroule à Paris puis dans le Morvan. On se retrouve (dans quelques années ?) en pleine crise caniculaire, alors que les migrants climatiques arrivent par ferrys en Europe. On découvre Stan le trader cynique, qui doit composer avec Sophie, sa femme qui s’ennuie et rêve d’une autre vie et Jonathan, leur ado rebelle, pro écolo et anticapitaliste, à des années-lumière des préoccupations et lubies de son père. Puis dans la moiteur de la chaleur excessive, le malaise et le doute s’installent chez Stan, qui assiste au délitement de ses repères…

Lorsqu’ils décident de s’enfuir de Paris devenu étouffant, au moment de ce « cataclysme que tous pensaient impossible », ils le font à vélo, emmenant avec eux Dédé, le SDF qui vit en bas de chez eux, bien utile car bon bricoleur. Ils fuient Paris pour rejoindre la ferme que Stan a acheté récemment dans ce secteur paisible et plus frais qu’est le Morvan. Dans ce climat aux températures très élevées, c’est un accueil glacial qu’ils auront sur place…

Mais la débrouillardise, les remises en question, les compromis entre ces Parisiens débarqués comme des fleurs et les locaux pas forcément fans de ces opportunistes, l’adaptation à ce monde bouleversé seront forcément de la partie.

Nicolas Vanier signe là une nouvelle fois un appel à la nature autant qu’un manifeste au sursaut et à la prise de conscience. Il est juste encore temps pour cet ardent défenseur de la biodiversité et des acteurs de terrain, que sont aussi bien les agriculteurs que les chasseurs. Ce roman lui donne l’occasion de dénoncer en creux ces vérités toutes faites, clamées haut et fort par des individus déconnectés du monde rural, ces a priori qui font perdre du temps en orientant sur de mauvaises pistes et de mauvais choix. Celui qui revendique manger de la viande mais pas celle « produite avec de la forêt amazonienne » et qui invite tous les pro loups à venir « passer huit jours avec un berger » va bientôt porter cette histoire sur grand écran.

C’est le monde à l’envers, de Nicolas Vanier, aux Éditions XO – 384 pages, 19,90 €.