Méteils
Une culture fourragère intéressante mais technique

Marc Labille
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Les méteils gagnent du terrain en élevage allaitant. Ils sont un bon moyen de sécuriser les stocks fourragers d’une exploitation mais leur réussite nécessite de savoir pourquoi on les cultive.

Une culture fourragère intéressante mais technique
De valeurs variables, les méteils imposent de réaliser des analyses de fourrages.

Les méteils sont des cultures multi-espèces associant des graminées (céréales) et des légumineuses. Intéressantes pour sécuriser le stock fourrager et se substituer en partie aux tourteaux ou à de l’enrubannage, elles ont cependant quelques inconvénients : semences de légumineuses onéreuses, besoin d’espèces avec stades de récolte en adéquation, risque de verse, désherbage chimique impossible, appauvrissement du sol en P et K pour la culture suivante… Les mélanges doivent être choisis avec soin : complémentarité des espèces, précocités comparables, une espèce tutrice, hauteurs de végétation proches.

Sécuriser le stock ou autonomie protéique ?

« Quand on veut faire du méteil, il faut savoir pourquoi », met en garde Pierre-Antoine Comte. De fait, tout dépend si l’on cherche à sécuriser le système fourrager auquel cas, on optera pour un méteil à ensiler. Ou bien si l’on vise l’autonomie protéique, auquel cas, c’est une récolte en grain qui sera privilégiée. Dans l’option « ensilage », soit on opte pour une majorité de légumineuses si l’on veut favoriser une valeur alimentaire azotée ; soit on choisit une majorité de céréales si l’on recherche le rendement. En grain, on privilégiera une majorité de céréales en se réservant malgré tout la possibilité de récolter en ensilage.  

L’implantation du méteil se fait au printemps (mars-avril) ou en automne (fin septembre à début novembre). Semé au printemps, la récolte pourra intervenir à la fin de l’été ou en automne après un minimum de 100 jours pour avoir un rendement minimum. Plus précoce qu’une céréale pure, le semis d’automne permettra une récolte printanière. Un minimum de cinq mois de culture est nécessaire pour atteindre quatre à cinq tonnes de matière sèche par hectare en récolte précoce ou 8 à 12 T MS/ha en récolte tardive.

Prairie semée sous couvert de méteil

Le semis sous couvert est possible avec du méteil. La technique est même un moyen de favoriser l’implantation d’une prairie, fait valoir Pierre-Antoine Comte. Il s’agit de semer un méteil et une prairie en même temps dans une même parcelle. Le méteil est semé à 3 – 4 cm de profondeur tandis que la prairie est implantée entre les rangs de méteil à une moindre profondeur. Au printemps, le méteil qui a pris le dessus est fauché. Puis la lumière fait se développer la prairie. Cette dernière aura profité de la protection du méteil et de l’apport d’azote fourni par les légumineuses. Bien développé, le système racinaire de cette nouvelle prairie résistera mieux à la sécheresse et au piétinement des animaux.

Valeurs alimentaires variables…

À la récolte, les valeurs alimentaires des méteils peuvent décevoir, prévient Pierre-Antoine Comte. Tout dépend du choix du stade de récolte et de la proportion de légumineuses. Une analyse de fourrage est indispensable. Les valeurs énergétiques sont variables et les valeurs azotées supérieures à des graminées pures. D’un point de vue économique, les méteils reviendraient à 156 € la tonne de matière sèche (781 €/ha) pour une récolte précoce et 102 €/T MS (1.020 €/ha) pour une récolte tardive. À comparer avec un maïs revenant à 122 €/T MS ou un ray-gras italien à 117 €/T MS, indique Pierre-Antoine Comte.