Conseil départemental et préfecture
Présents à tous les étages

Cédric MICHELIN
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Les 19 et 20 novembre, l’assemblée départementale de Saône-et-Loire se réunissait pour la première fois en dehors de Mâcon, à l’Alto au Creusot pour être précis. En face du dernier Centre départemental de Santé, le sixième du genre, le Département a réaffirmé sa stratégie agricole. Le préfet de Saône-et-Loire est quant à lui intervenu pour faire le bilan annuel de l’action de l’État et de ses services.

Présents à tous les étages

Le président du Conseil départemental, André Accary se réjouissait du « travail pragmatique et consensuel qui fonctionne très bien » avec le nouveau préfet, Julien Charles. Ce dernier est d’ailleurs venu ce 19 novembre, avec tous ses directeurs départementaux (DDT, DDPP, DDFIP…) pour faire un bilan des activités de l’administration départementale. « Vous avez tout eu – crise sanitaire, économique, sociale, terrorisme… - et ce n’est pas fini monsieur le préfet », rappelait André Accary à l’attention des conseillers pour souligner l’importance du travail effectué en 2020 et la « réactivité » de la préfecture sur de nombreux sujets.
Julien Charles retournait le compliment en « rendant hommage aux élus locaux et collectivités, tous et toutes mobilisées dès les premiers jours » de la crise Covid-19. Avec en première ligne, les personnels de santé, sans oublier le laboratoire départemental Agrivalys. L’autre volet de la crise sanitaire est économique et « 40 millions d’€ ont d’ores et déjà été versés ». Après le premier confinement printanier, « près de 9.000 établissements ont bénéficié de la mesure de chômage partiel » pour « jouer un rôle d’amortisseur » avant la reprise au 3e trimestre. La pandémie n’étant pas finie, impossible d’en faire le bilan complet mais une chose est sûre, le Covid-19 va laisser des traces durables. Négatives, comme le montre l’augmentation de l’aide alimentaire pour des familles nécessiteuses, ou positives « pour transformer notre modèle économique en intégrant la transition écologique, la compétitivité, le patriotisme et la cohésion sociale », voulait croire le préfet de Saône-et-Loire. L’aménagement des territoires semble aussi un peu revenir en grâce avec notamment différents plans (cœur de villes...) pour nos zones rurales, villages et villes moyennes (territoire d’industries…).

L’agriculture à sec

Julien Charles adressait un message de soutien fort et appuyé aux agriculteurs de Saône-et-Loire qui affrontent de « nombreux défis » : fermeture de débouchés avec le Covid-19, export de bovins, taxes sur les vins à l’export… et surtout une nouvelle sécheresse, « la quatrième en l’espace de dix ans ». La profession travaille avec ses services pour monter un nouveau dossier de reconnaissance en calamité et autres (dégrèvement TFNB…). Et si cela ne suffisait pas, « le retour du loup est venu se rajouter aux préoccupations des éleveurs et ils n’en avaient vraiment pas besoin ».
Julien Charles « estime et soutient » la profession agricole et viticole qui avance des propositions, notamment pour s’adapter à ces crises. L’État gère évidemment les aides Pac, soit 156 M€ à l’échelle départementale, ou encore les fonds de modernisation. Un travail est lancé avec la chambre d’agriculture pour notamment « renouveler du matériel plus respectueux de l’environnement ou pour changer des process » dans le cadre du Plan de relance.

Le loup « rend impossible » l’élevage 

Interrogé par Josiane Corneloup et Frédéric Brochot, le préfet développait sa vision sur le « sujet délicat du loup qui soulève inquiétude et passion ». Garant de la « ligne équilibrée du Plan loup », Julien Charles estime néanmoins que le loup « ne doit pas rendre impossible l’activité d’élevage », d’où ses autorisations « de gradation de tirs pour faire cesser ce bilan extrêmement lourd et les cas de détresse » qu’il a pu directement constater auprès d’éleveurs victimes d’attaque(s). Il mettait cependant en garde : « nous sommes sur un front de colonisation » et avec la section ovine de la FDSEA, ses services vont travailler à de nouveaux dispositifs.

Le défi du renouvellement des générations

Anticipant quelque peu les débats du lendemain sur la stratégie agricole du Département, Frédéric Brochot rappelait le poids humain et économique de l’agriculture :  12.000 actifs agricoles, 7.000 exploitations, un milliard d’€ de chiffre d’affaires, soit « environ 7 % du produit intérieur brut du Département (contre une moyenne de 1,5 % au national) », « un agriculteur génère sept emplois » en moyenne… mais aussi trois sécheresses d’affilées, « des terres appauvries, des animaux affaiblis… des cours de broutards bas, le Covid-19 qui frappe les ventes de volailles, de bovins et même de vins ». Pour lui, « l’État doit maintenant être au rendez-vous de l’installation », grand défi de la décennie, au risque sinon de voir disparaître une grande partie des agriculteurs et de leurs savoir-faire. 
Le préfet ne s'est pas défilé et va débloquer des « outils d’urgence » face au Covid-19, réunir la profession début 2021 sur « les multiples facettes » des problèmes d’eau, et s'est dit « interpelé », voire paraissait inquiet « du cumul des difficultés qui pèse sur la volonté de nos jeunes (agriculteurs, NDLR) » pour s’installer. Enfin, sur les cours des produits agricoles, l’organisation sera, selon lui, « à réévoquer ensemble même si une partie des réponses se trouve au niveau régional ou national ».
Le lendemain, 20 novembre, le Département votait donc à l’unanimité « l’avenant » prolongeant sa stratégie agricole. Et ce pour permettre de rester « aux côtés des agriculteurs et accompagner les filières », en attendant de l’adapter à la future Pac 2023-2027 actuellement en débat à Bruxelles et à Strasbourg. Le Département n’en reste pas moins fortement mobilisé à travers différentes politiques, environnement ou tourisme notamment. Et évidemment autour de la structuration des filières alimentaires locales, notamment en direction de la restauration collective, le tout coordonné avec les autres institutions (Com’com, Pays…).

Les cinq axes de la politique agricole départementale

Agir pour inciter à « manger local » avec une alimentation saine et de qualité en favorisant le développement de l’approvisionnement de proximité : plateforme Agrilocal71. com (4,4 M€ de denrées alimentaires commandées ; 110 fournisseurs ; 70 acheteurs - collèges, lycées, Ehpad ; « J’veux du local » (352 références - producteurs et artisans, marchés, magasins de producteurs).
Agir pour s’adapter au changement climatique avec le Plan pour la compétitivité et l’adaptation des exploitations agricoles (PCAE) : modernisation/adaptation des bâtiments d’élevage ; création du Vinipôle Sud Bourgogne ; prêt sécheresse de 13 M€ ; soutien aux nouvelles pratiques en faveur de la transition écologique et énergétique (plan arbres, aide pour la récupération des eaux de pluies, etc.).
Soutenir l’agriculture, facteur d’attractivité pour le territoire à travers la promotion du territoire (subventions pour les événements agricoles ; pour les candidatures Unesco, etc.) ; en accompagnant la filière équine ou en développant l’agritourisme notamment.
Agir pour la solidarité et la santé en accompagnant les agriculteurs en difficulté ou victimes de risques psycho- sociaux, en travaillant sur la recherche d’emploi et l’insertion par l’activité économique.
Agir pour accompagner les territoires en suivant le développement des projets alimentaires territoriaux et en adaptant son intervention aux actions de sensibilisation, formation, conseils aux agriculteurs.