Tracteurs agricoles
Pourquoi régler le parallélisme sur les tracteurs agricoles ?

David Laisney
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Un mauvais réglage du parallélisme engendre inévitablement l’usure prématurée des pneus. Son contrôle n’est pas réservé qu’aux tracteurs agricoles en service, car certains modèles neufs sortent d’usine avec des essieux mal paramétrés par rapport aux travaux à réaliser. 

Pourquoi régler le parallélisme sur les tracteurs agricoles ?
Le coût du réglage du parallélisme s’amortit vite par l’augmentation de la longévité des pneumatiques. Crédit : D. Laisney

Vu le prix des pneumatiques des tracteurs et des automoteurs agricoles, il est important de mettre tout en œuvre pour les utiliser le plus longtemps possible. Un défaut de pression de gonflage, un déréglage du parallélisme du pont avant sur le tracteur ou un mauvais positionnement des essieux sur le véhicule remorqué peut les détériorer rapidement. « Par exemple, un sous gonflage peut conduire à la destruction de la carcasse et à une usure irrégulière des crampons. Des essieux mal alignés sur une remorque créent des contraintes latérales sur les roues arrière du tracteur et provoquent généralement une dégradation sur un seul côté de la bande de roulement. Une charrue mal réglée agit aussi sur la longévité des pneus. Les causes d’une usure anormale sont donc multiples », avertit Stéphane Tenot, spécialiste du pneu agraire chez France Pneus Sélection. Il est aussi possible que la dégradation prématurée soit due à un défaut de conception ou de qualité de gomme, mais ce cas de figure reste rare et fait l’objet d’une expertise par le manufacturier.

Adapter le réglage à l’usage

« Comme certains tracteurs réalisent de plus en plus de trajets routiers, nous avons régulièrement des appels de clients confrontés à une usure anormale. L’incidence d’un défaut de réglage est d’ailleurs accentuée par le poids en hausse des convois et la vitesse de circulation grandissante, auxquels s’ajoute l’effet abrasif du goudron », remarque Pierre Bouzat, responsable grands comptes agricoles pour le groupe Simon Chouteau. Le problème de parallélisme des roues avant des tracteurs est souvent à la source d’une dégradation anormale. Le souci peut être dû à une usure des articulations du pont avant, telles que les rotules et les pivots. Il est également causé par une mauvaise préparation d’origine par rapport à l’utilisation. « Nous avons développé un service de contrôle et réglage du parallélisme au laser et disposons notamment d’un accord avec des concessionnaires chez qui nous contrôlons systématiquement les tracteurs neufs et d’occasion. Cette opération permet de corriger un éventuel défaut, mais surtout d’ajuster le parallélisme en fonction de l’usage, notamment si le tracteur est appelé à travailler avec une charge importante à l’avant (relevage ou chargeur frontal) », précise Pierre Bouzat.

Intervenir en préventif plutôt qu’en curatif

Également accessible aux agriculteurs, Cuma et ETA, la prestation est facturée 95 euros HT pour un tracteur et 167 euros HT pour un chariot télescopique ou un automoteur de pulvérisation. Ce montant peut paraître élevé, mais il s’amortit vite, car avec un parallélisme bien réglé, il est possible de gagner un an, voire plusieurs années d’utilisation supplémentaires. « Attention, lorsque le défaut d’usure est bien visible, il est déjà trop tard, alerte Pierre Bouzat. Mieux vaut intervenir en préventif qu’en curatif ». En cas de dégradation irrégulière de la bande de roulement, il n’est pas recommandé d’effectuer un contrôle de parallélisme aussitôt. Il faut d’abord intervertir les pneus avant entre le côté gauche et le côté droit, afin de rééquilibrer l’usure et d’opérer le réglage ensuite. Bien sûr, cela ne dispense pas de remplacer les éventuels rotules et pivots de roues ayant pris du jeu.

Mettre de l’ouverture avec un chargeur frontal

Les angles de pincement ou d’ouverture appliqués lors du réglage du pont avant sont conformes aux préconisations des constructeurs. « Sur les tracteurs équipés d’un chargeur frontal, l’idéal est de mettre entre 0 et 2 mm d’ouverture, car sous l’effet de la charge, le pont avant reprend naturellement du pincement », souligne Wilfried Mottier, technicien pneumatiques industriels et agricoles chez Profil Plus à La Souterraine (Creuse).