EXCLU WEB / Ce qu’il faut retenir de la COP15

À Montréal, un accord a été trouvé le 19 décembre sur un nouveau cadré mondial sur la biodiversité, avec de nouveaux objectifs et une augmentation de financements. Agra presse résume les enjeux de ce sommet, et la manière dont ses avancées pourraient transformer ou non l’agriculture mondiale. 

EXCLU WEB / Ce qu’il faut retenir de la COP15

Cop 15 : de quoi parle-t-on ? 

Les 196 pays signataires de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CBD) se sont réunis à Montréal, entre le 7 et le 19 décembre, afin de définir un nouveau cadre international sur la biodiversité. Les précédents accords, dits d’Aïchi, étaient arrivés à leur terme en 2020, avec des résultats insuffisants selon la plupart des observateurs. Durant quinze jours, les négociateurs ont donc discuté des détails d’un texte plus ambitieux, dont la première version avait été publiée en juillet 2021. Le texte tel qu’adopté comprend cinq objectifs et une vingtaine de cibles visant à enrayer la destruction de la nature d’ici 2030. Rare exception parmi les grands pays agricoles : les États-Unis ne sont pas signataires de la CBD. 

En quoi le texte concerne-t-il l’agriculture ? 

L’agriculture est identifiée par les scientifiques comme l’une des pressions majeures sur la biodiversité, aux côtés de l’urbanisation et de l’exploitation forestière notamment. Le texte adopté à Montreal cite donc explicitement le secteur dans plusieurs de ses objectifs. C'est le cas de la «cible 7», dédiée aux pollutions, qui prévoit de diviser par deux le risque causé par les pesticides à l’échelle mondiale ainsi que les fuites de nutriments dans l’environnement d’ici 2030. La «cible 10» est encore plus spécifiquement agricole, en encourageant la « gestion durable » des champs et prairies, que ce soit au travers de l’agroécologie ou de « l’intensification durable ». Prévoyant d’identifier les subventions néfastes à la biodiversité d’ici 2025, et d’en éliminer 500 Md$ d’ici 2030, la «cible 11» pourrait également s‘attaquer aux aides accordées aux producteurs. Avec 33 % du territoire national sous protection, la France a en revanche déjà atteint l’objectif global de protéger 30 % des terres émergées («cible 3»). 

Quelles sont les avancées par rapport au cadre précédent ? 

Le président de la République et ses ministres se sont tous félicités, au lendemain de la signature, d’un accord « historique ». Sébastien Treyer, directeur de l’Iddri (cercle de réflexion) salue également « un grand pas avec un paquet d’ensemble qui comporte progrès notables dans trois dimensions ». En matière d’objectifs, l’ambition de protéger 30 % des surfaces était l’un des principaux enjeux politiques de ces négociations. Côté financement aussi, les aides des pays du Nord passeront de 10 à 20 Md$ par an d’ici 2030, avec un fonds dédié au sein du fonds mondial pour l’environnement. Le texte prévoit enfin un nouveau mécanisme de responsabilisation, avec un engagement des pays à publier des plans nationaux de biodiversité. 

Cet accord aura-t-il des conséquences concrètes pour les agriculteurs ? 

Malgré les avancées, l’Iddri signale plusieurs limites, dont la difficulté de mettre en œuvre l’objectif sur les pesticides, ou la nécessité d’aligner l’ensemble des flux financiers de l’aide au développement au-delà du fonds pour l’environnement. Par ailleurs, comme la plupart des textes des Nations Unies en matière d’environnement, le cadre adopté à Montréal n’est pas juridiquement contraignant. Il ne devrait pas non plus modifier sensiblement la trajectoire en matière d’environnement pour les agriculteurs européens, puisqu’il reste moins ambitieux que les objectifs du Green deal et des textes associés. Il pourrait s’agir en revanche d’un argument supplémentaire dans les discussions avec nos partenaires commerciaux. Lors d’un échange avec la presse fin décembre, l’Élysée a réaffirmé sa volonté : « nos futurs accords avec les pays exportateurs intégreront des objectifs de réduction des pesticides ». 

Qu’en disent les ONG ? 

La plupart des associations de protections de l’environnement se sont montrées plutôt prudentes. Pour Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, « tout se jouera dans la mise en œuvre, sur laquelle l’accord ne donne quasiment aucun engagement chiffré ». Regrettant l’absence de moyens dédiés, d’outils d’application et d’indicateurs plus précis, l’association Noé Conservation estime de son côté « fort à craindre qu’encore une fois, nous passions à côté des objectifs ». Alors que la mention d’une évaluation de risque ne figure pas dans la version finale de la cible 17, « rien ne s’oppose à ce que les États signataires de la Convention sur la diversité biologique puissent mettre sur le marché de nouvelles biotechnologies », regrette également l’association naturaliste Pollinis.