Oxygène
Melay, le village des crèches

Ariane Tilve
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Cela fait 22 ans que le maire du village, Jean-Claude Ducarre, a repris l’exposition qui était organisée par le curé du village, l’Abbé Duclaux, aujourd’hui disparu.

Melay, le village des crèches

Ce curé, artiste peintre à ses heures perdues, eut l’idée, dans les années soixante-dix, de faire des crèches animées. Il récupérait des emballages en carton qu’il peignait pour reconstituer progressivement plusieurs lieux saints de la planète. Il avait installé des monnayeurs et, pour un franc, la crèche prenait vie. Les moteurs sont des moteurs de tournebroches récupérés. Son œuvre est le point de départ de ce qui est devenu le village des crèches. À l’époque, des bus entiers de curieux venaient de plusieurs kilomètres à la ronde pour découvrir son travail. Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’exposer uniquement l’œuvre de l’Abbé Duclaux mais des centaines de crèches, dans deux salles d’expositions. Dans la première salle, une ancienne scierie qui abrite un magnifique pressoir ancien, une vidéo retrace le parcours de l’Abbé Duclaux. On y trouve également, en bonne place, l’une de ses œuvres. Un travail qui représente le point de départ de cette exposition qui donne à voir des crèches du monde entier, de Pologne, d’Ukraine, du Pérou ou encore de Palestine. C’est un foisonnement de matières et de cultures. Au fil des années, Melay a notamment reçu plusieurs dons, l’occasion pour le maire de nous raconter une histoire émouvante : « Une élue de Cambrai, gravement malade, s’est présentée un jour en mairie, raconte Jean-Claude Ducarre. Elle cherchait un lieu où laisser sa crèche familiale à laquelle elle tenait énormément. Non seulement elle nous a laissé sa crèche, mais elle nous a aussi offert un gros sac de bêtises de Cambrai pour nous remercier des bons soins prodigués à ce petit trésor familial ». Des coups de cœur, des dons, mais aussi des échanges, des locations et même des prêts, à l’instar de la collection du père Galerne. Originaire du Centre Bretagne, ce prêtre a plus de 3.000 crèches. « L’année dernière nous avons présenté une partie de sa collection et cette année, il m’en a confié encore une cinquantaine », précise le maire. Une véritable passion pour Jean-Claude Ducarre qui avoue souvent prendre son bâton de pèlerin, lui qui se qualifie de mécréant, par amour de cet art populaire. Dans les vitrines de cette première salle, on découvre l’incroyable travail d’Andrzej Wrzecionko, artiste polonais qui a élaboré une incroyable nativité en foin tressé. Non loin de là, on découvre des personnages peints sur des gourdes en métal, d’autres en laine ou en métal martelés tout droit venus de Haïti. Un véritable tour du monde des crèches en plein Melay ! Une fois sorti de cette première salle, direction l’arrière-cour de la mairie où une installation de bénévoles surprend par son ampleur et son ingéniosité. Une crèche tout en mouvement qui évolue au fil des ans… Une fois admirée l’installation de la cour, direction la crèche du Charolais – Brionnais avec ses costumes d’époque. Un régal pour les yeux. On admire les coiffes typiques des dames du Brionnais, tout en dentelles, les musiciens en habit et leurs instruments traditionnels. La mise en scène de Gilles Lauprêtre s’inspire d’une chanson traditionnelle. Enfin, dernière étape de cette exposition officielle, les desserts de Noël à travers les régions. On y retrouve les célèbres 13 desserts de Provence, mais aussi le Kouglof d’Alsace ou encore les gaufres extrêmement élaborées du champenois qui représentent la façade de la cathédrale de Reims. Une fois les deux salles d’exposition visitées, c’est dans le village que la visite suit son cours. À Melay, tout le monde, ou presque, joue le jeu pour parer ses fenêtres et ses vitrines de scènes de nativités ou de décorations de noël plus innovantes les unes que les autres. La mairie investie dans les sapins qui jalonnent le parcours pour accompagner le visiteur. Le village des crèches vous réserve bien des surprises, jusqu’au 15 janvier.