EXCLU WEB / Vers un renouveau de l’agriculture algérienne ?

Le ministre algérien de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, nommé à ce poste courant novembre 2022, entend augmenter les rendements agricoles et les surfaces cultivées, notamment pour la filière céréalière. 

EXCLU WEB / Vers un renouveau de l’agriculture algérienne ?

« Atteindre l’autosuffisance ». Tel est l’objectif que s’est fixé le président de la république algérienne, Abdelmadjid Tebboune qui est arrivé au pouvoir le 19 décembre 2019 et qui avait alors fait de l’agriculture « la pierre angulaire du renouveau économique », avec l’espoir de « faire sortir le pays de sa dépendance des hydrocarbures ». Mais la crise du Covid a rebattu les ambitions présidentielles et Abdelmadjid Tebboune a revu, un temps, ses ambitions à la baisse. Avec le changement de gouvernement opéré à la mi-novembre 2022 et le remplacement d’Abdelhamid Hemdani par Mohamed Abdelhafid Henni, l’exécutif algérien ambitionne « d’augmenter, d’ici fin 2024, la production de céréales et de lait », a annoncé le nouveau ministre de l’Agriculture. Les objectifs sont multiples : renforcer la sécurité alimentaire du pays ; réduire le déséquilibre de la balance commerciale des produits agroalimentaires de base et contribuer à la diversification de l’économie nationale. Selon le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, le gouvernement aspire à couvrir 80 % de ses besoins nationaux en matière de production agricole en 2023. Mohamed Henni entend aussi consacrer 3 millions d’hectares pour les céréales avec des rendements de 30 quintaux/ha.

Agriculture saharienne : une priorité absolue 

Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement a débloqué dans son projet de loi de Finances 2023 (PLF), un budget de 700 milliards de dinars algériens (MdDA) soit environ 4,790 milliards d’euros, au soutien et au développement de filières agricoles comme les céréales mais aussi les fruits et légumes. Selon les prévisions du PLF, le secteur de l’Agriculture devrait enregistrer un taux de croissance de 6,9 % en 2023, 5,5 % en 2024 et 5,7 % en 2025. Ce même gouvernement a mobilisé ses services pour élaborer une cartographie qui prend en compte la nature du sol, la main d’œuvre, la mécanisation et aussi les prévisions climatiques. En effet, la bande côtière, au nord du pays où se concentrent la très grande majorité de l’activité agricole, a été sévèrement touchée par la sécheresse. Cependant, les autorités algériennes encouragent les agriculteurs à investir dans… le désert saharien qui recèle une gigantesque nappe phréatique. Il les incite, y compris financièrement, à forer des puits pour l’irrigation. « L’agriculture saharienne est une priorité absolue dont nous sommes convaincus. Nous avons des disponibilités foncières, la création de l’Office de développement de l’agriculture saharienne en 2021 et la mise à disposition d’un portefeuille qui avoisine les 250 000 hectares et qui sont exploités dans l’immense majorité des cas », a récemment déclaré Mohamed Henni. Ce dernier entend aussi augmenter les surfaces irriguées qui ne couvrent aujourd’hui qu’1,6 million d’ha (sur 8,5 Mha de SAU).  Les efforts déployés depuis deux ans par le gouvernement algérien commencent cependant à produire leurs effets. La production de céréales a augmenté de 48 % entre 2021 et 2022. Les légumineuses ont aussi cru de 20 % pour atteindre 1,2 million de quintaux et la récolte de pommes de terre s’est envolée de 30 % (4,2 millions de tonnes en 2022).

Quelques chiffres clés

- Surface agricole : 48,7 Mha dont 8,5 Mha de surface agricole utile (SAU) dont 7,5 Mha de surface arable

- 1 million d’exploitations agricoles, dont 50 % ont moins de 20 ha, avec une taille moyenne de 8 ha. Environ 800 000 sont sous statut privé et occupent 69 % de la SAU, et un peu plus de 100 000 exploitent par concession le domaine privé de l’État (30 % de la SAU)

- Cheptel : 26,4 millions ovins, 4,8 millions de caprins, 1,9 million de bovins et 385 000 camelins (dromadaires)

- Le secteur agricole représente 13 % du PIB du pays et emploie environ 11 % de la population algérienne

- L’industrie agroalimentaire emploie près de 700 000 personnes, soit 10 % de la population active, et contribue à plus de 50 % du PIB hors hydrocarbures

- La balance agricole et agroalimentaire entre la France et l’Algérie est excédentaire de 8 Md€ au profit de la France. Pour les importations agricoles et agroalimentaires, la France est troisième fournisseur de l’Algérie, l’Algérie le 73e fournisseur de la France. Pour les exportations, la France est le troisième client de l’Algérie et ce dernier, le 13e client de la France (Chiffres 2021. MinAgri).