Union viticole 71
Union viticole 71 : 2021 va laisser des séquelles

Cédric MICHELIN
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Le 17 février à Lugny, l’Union viticole 71 tenait son assemblée générale. De riches débats et interventions ont porté sur le fonds de calamités déclenché à la suite du gel de 2021, sur les ZNT et la remise en cause des Chartes riverains à nouveau pour 2022, sur les hausses des cours et des fermages, sur les problématiques liées à l’emploi de main-d’œuvre ou encore sur les conséquences en cours du changement climatique pour la viticulture de Saône-et-Loire.

Union viticole 71 : 2021 va laisser des séquelles

La nouvelle animatrice de l’Union viticole 71, Coralie King, détaillait donc un rapport d’activité encore très chargé sur l’année 2021. À commencer par l’accompagnement quotidien des adhérents et des syndicats locaux. Que ce soit sur des dossiers syndicaux (fonciers…) ou pour des services (capsules congés, fioul…). Mais il y a aussi tous les dossiers départementaux et même parfois régionaux ou nationaux avec la FRSEA et la FNSEA.
Après le gel historique d’avril 2021, le dispositif des calamités a été obtenu exceptionnellement pour la filière viticole mais pour l’heure, le dispositif est loin d’être simple. « Nous avons fait de nombreuses réunions spécifiques pour ces aides mais toutes nos questions n’ont pas encore eu de réponses. Nous continuons de négocier car il y a un trop gros déséquilibre entre assurés et non-assurés », déplorait Patrice Fortune, le président de l’Union viticole 71. Pourtant, le syndicat avait rapidement multiplié les tournées gel avec les services de la DDT et de la DDFip (dégrèvement TFNB). Avec le Conseil départemental également, très vite un plan d’aide (avance de trésorerie de 10.000 € à taux zéro, complantation…) avait été annoncé. Le président de la MSA Bourgogne, Dominique Bossong, en profitait pour préciser que la règle pour les prises en charge de cotisations sociales avait « changé fin d’année. L’État a inversé le sens des aides : si vous avez 100 de calamité et que l’État vous donne 80 en calamités, nous vous verserons ensuite les 20 complémentaires ». Avant de poursuivre : « Nous sommes prêts mais la balle n’est pas dans notre camp », mais bien au niveau européen puisque les règles calamités doivent encore être harmonisées entre pays. La profession espère un déblocage « avant la fin de ce semestre ». En attendant, il est toujours important de faire remonter à l’UV71 vos données précises, anonymisées ensuite, sur vos pertes ou indemnisation d’assurance climat. Même un an après donc…
C’est la réalité des lourds dossiers que porte bien souvent l’Union viticole. Multiplier les rencontres avec les parlementaires et les réunions bureaucratiques pour faire avancer les pouvoirs publics. « Cela paraît loin aujourd’hui mais nous avions mobilisé tout notre réseau national de parlementaires sur les taxes Trump et continuons à les alerter sur les problèmes de main-d’œuvre », notamment au moment des vendanges. La FNSEA reste le seul syndicat représentatif de la profession à même de négocier avec les représentants des salariés et l’État (lire encadré).

Quatre axes sur les ZNT riverains

Le syndicat continue de critiquer les ZNT riverains qui font littéralement reculer les cultures. Mais le mal est fait et il faut « désamorcer » les conflits de voisinage au sujet des traitements phytosanitaires. « Depuis six ans, nous faisons des réunions dans les villages dans tout le département », rappelait Marc Sangoy, responsable Environnement à l’UV71 et à la chambre d’Agriculture. Un éternel combat semble-t-il, notamment avec les procédures réglementaires nationales. Peu de temps après l’obligation de publier des Chartes sur les zones de non-traitement pour les riverains à la toute fin 2020, « nous étions parvenus à une Charte départementale, saluée par le préfet, mais retoquée – comme les autres au national – par le Conseil constitutionnel et Conseil d’État, sans savoir que faire ». Le dossier est à nouveau sur la table du préfet. Et les ONG environnementales aux abonnés absents pour la Charte.
Avec les filières grandes cultures notamment, la FNSEA pousse pour clarifier « quatre sujets » dans ces futures Chartes : « pas de durée de prévenance fixe, juste un gyrophare » surtout s’il faut comme en 2021 faire des traitements en urgence face à la pression sanitaire ; une « compensation foncière, y compris côté fermage si les ZNT nous obligent à arracher » ; « savoir jusqu’où va la notion de travailleur à proximité et les protections que cela englobe » et enfin « continuer de pouvoir utiliser les produits CMR2 qui ont une autorisation de mise sur le marché ».
Derrière ces quatre demandes se cache surtout une politique de « pas d’interdiction sans solution » alternative, chère à la FNSEA, alors que le Plan pollinisateur européen ou l’interdiction du glyphosate continuent de faire polémique. En parallèle, l’Union viticole pousse pour la mise en place de solutions pour réduire de façon volontaire les doses de phyto ou « prévenir les voisins », comme avec l’application Agricivis de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire. L’Union viticole donne aussi rendez-vous à tous ses adhérents intéressés pour constituer un groupe « Bio » en son sein, le 28 février prochain à Davayé.

« Ça pèse sur le moral »

À l’heure des élections présidentielles, le gouvernement semble pourtant avoir choisi de « figer » ce dossier ZNT, brandi sans relâche par les partis et ONG environnementalistes. En attendant, des contrôles ZNT avec des courriers d’avertissement ont été envoyés et reçus en Saône-et-Loire. « Six mois de prison et 150.000 € d’amendes, cela fait peur. Sommes-nous des criminels lorsqu’on désherbe à trois mètres au lieu de cinq mètres ? » avec des produits autorisés, questionnaient plusieurs vignerons dans la salle qui témoignaient : « on a eu le gel, la grêle, les maladies de la vigne, on se fait engueuler de partout, on a des plaintes… ça commence à faire beaucoup. Ça pèse lourd » sur le moral et l’attractivité du métier de vigneron ou pour recruter des salariés demain.
Et malheureusement, ce n’est pas fini, bien au contraire, comme avec la dernière polémique en date sur « la pollution liée aux brûlages des sarments », critiques faisant suite à « l’Objectif climat des vins de Bourgogne vers la neutralité carbone » lancé pourtant par le BIVB et l’Adelphe.

Des fermages à faire évoluer

Autre sujet de tension actuellement, le dossier des fermages. La hausse des cours des vins et la multiplication des petites récoltes, notamment celle de 2021, rendent le « sujet chaud » entre fermiers et bailleurs. Patrice Fortune se montrait cependant confiant : « cela fait des années qu’on se réunit en commission départementale et une solution sera prête pour novembre. Le préfet demande de faire évoluer le mode de calcul pour prendre en compte les effets du changement climatique. Il faut donc des évolutions, ce qui ne veut pas dire des baisses systématiquement car on pense aussi aux bailleurs pour qui cela constitue souvent un complément de retraites ». Ce qui faisait réagir dans la salle : « OK pour ne pas baisser les fermages mais pas d’accord pour les voir augmenter de 30 % non plus ».
Outre ce dossier de fond, l’Union viticole travaille également avec la Safer sur la question « des investisseurs ». Enfin, avec la chambre d’Agriculture, un important travail sur des solutions au changement climatique est enclenché (lire dans notre prochaine édition).

Le mieux disant pour l’emploi

La responsable du service Emploi et Paie de la FDSEA de Saône-et-Loire, Cécile Parent, est venue présenter le fruit des dernières négociations de la Commission Emploi. Une nouvelle convention collective nationale pour les salariés agricoles et les Cuma est en effet rentrée en vigueur en 2021, débouchant sur de nouveaux classements des compétences et postes des salariés, ainsi qu’une nouvelle grille de salaires minimaux. Cette convention nationale n’a cependant pas remplacé celle départementale dans tous les cas. « L’ancienne convention continue d’exister avec le principe de faveur au mieux disant ». Ce qui a aussi permis de maintenir l’accord à la tâche notamment dans le département « alors qu’il y a un vide juridique ailleurs ». La FDSEA est également entrée en négociation sur les accords prévoyance santé. « Le taux d’appel a été revalorisé à la hausse mais reste largement maîtrisé, surtout dans ce contexte d’augmentation des arrêts Covid ».
Enfin, sur la partie recrutement de main-d’œuvre, le GED Agri Emploi Rural 71 a totalisé en 2021 plus de 7.000 h de mise à disposition, principalement pour la viticulture. Si auparavant les besoins se faisaient sentir au moment des vendanges, les tensions et le manque de main-d’œuvre font que le GED développe les services tout au long de l’année pour des travaux liés à la taille, tirage des bois…