Ferm’Inov à Jalogny

Ferm’Inov à Jalogny : bienvenue au cœur de l’innovation !

Le 9 février dernier à Jalogny, la ferme expérimentale était le théâtre de sa toute première journée technique sous la nouvelle bannière Ferm’Inov. La Ferme de Jalogny vient en effet d’évoluer dans son organisation adoptant au passage un nouveau nom. Elle est désormais gérée par une association impliquant une trentaine de partenaires agricoles mais pas seulement, introduisait Jean-Jacques Lahaye, responsable professionnel du site.

Grâce à cette nouvelle ouverture, la ferme de Jalogny se veut « un lieu de rencontres et d’échanges » avec les entreprises, les écoles, les organismes techniques agricoles, présentait Adrien Demarbaix, nouveau responsable du site.

Sur la ferme sont explorés quatre grands axes : conduite du troupeau, alimentation, numérique et communication, exposait le responsable. Les recherches s’inscrivent aussi dans l’adaptation au changement climatique, une meilleure rémunération des éleveurs, l’optimisation de la charge de travail et la prise en compte des attentes de la filière, complétait-il.

Le troupeau repose sur 100 vaches charolaises pour 50 vêlages d’automne et 50 vêlages de printemps. Tous les mâles sont vendus maigres tandis que les femelles sont engraissées sur place. Chaque année, 50 génisses sont achetées à l’extérieur pour des expérimentations sur différentes conduites d’engraissement. La ferme emploie quatre salariés ainsi qu’un apprenti BTS. Encadrée par deux ingénieurs, cette équipe technique doit composer avec les contraintes spécifiques d’une ferme expérimentale : pesée de toutes les bottes, analyses de tous les fourrages, pesées des animaux…

Innover l’engraissement

Cette première porte ouverte de Ferm’Inov avait pour thème « les rations innovantes d’engraissement ». Jérémy Douhay de l’Institut de l’Élevage qui, avec Adrien Demarbaix, co-pilote les travaux de recherche de la ferme, en a profité pour présenter les résultats de trois programmes de recherche auxquels Jalogny a pris part. De 2016 à 2019, la ferme expérimentale était impliquée dans le programme EFFI-J portant sur l’efficacité alimentaire de jeunes bovins engraissés à partir de deux régimes contrastés : le premier à base de ration cellulosique (ensilage d’herbe) et le second avec une ration riche en amidon (ensilage de maïs). Pour cette expérimentation inédite et complexe, le site s’est équipé d’auges peseuses dans l’un de ses bâtiments d’engraissement. Ce dispositif ingénieux permet de connaître les consommations individuelles de chaque animal grâce à une reconnaissance par boucle électronique. L’équipement a permis une nouvelle expérimentation de 2019 à 2021 sur l’engraissement de jeunes bovins avec de l’ensilage de maïs. Cette fois, ces travaux ont été menés avec le semencier Pioneer pour étudier l’effet d’une variété hybride dentée « M3 » comparé à un hybride simple.

L’herbe au menu

La troisième expérimentation en date porte sur l’engraissement de jeunes génisses charolaises pour la filière qualité Carrefour « Prim’Herbe ». Mené dans le cadre du programme Cap Protéines, cet essai permet de tester des régimes riches en fourrages, donc plus autonomes et économes pour une production de viande attendue par une filière déficitaire. 36 génisses rajeunies sont actuellement en pension dans le bâtiment équipé d’auges peseuses de Ferm’Inov. Cet essai doit prendre fin en 2023.

La quête d’autonomie alimentaire à travers une meilleure valorisation de l’herbe et une réduction des coûts de production continue d’inspirer les travaux de la ferme de Jalogny. Une expérimentation est menée sur des dérobées d’été (après orge) avec un mélange de sorgho et de légumineuses. Ce fourrage est comparé avec un enrubannage d’herbe classique. Ferm’Inov conduit également un essai sur le méteil protéique ensilé au printemps. Dans le domaine de l’alimentation toujours, un travail est conduit sur la complémentation hivernale des veaux mâles nés en automne en misant sur l’effet compensateur du pâturage de printemps.

Récupération des eaux de pluies

La ferme de Jalogny n’a pas attendu pour tester l’usage des eaux de pluies pour l’abreuvement des animaux. Un système de récupération de ces eaux de toitures a été installé en 2022. Deux cuves d’une capacité totale de 270 mètres cubes de stockage sous-terrain ont été posées. Elles recueillent les eaux de 3.000 mètres carrés de toitures. De quoi tenir un mois sans pluie en théorie. Avant d’être conduites vers les animaux, ces eaux passent par un filtre à la liparite (argile). Elles subissent une potabilisation grâce à un traitement au dioxyde de chlore. Un impressionnant système de compteurs et de vannes alimente tous les bâtiments de la ferme. Les consommations sont ainsi scrupuleusement et méthodiquement mesurées, enregistrées pour les besoins expérimentaux. Le système est également raccordé au réseau d’eau potable capable de prendre le relais en cas de nécessité. Ce projet expérimental doit établir des références techniques et économiques sur l’usage des eaux de pluie en élevage. La question de la conservation de cette eau et de sa qualité sera traitée. De même que l’intérêt économique d’une telle autonomie en intégrant le coût du filtrage et du traitement au regard du prix du mètre cube d’eau qui atteint 3 à 4 € aujourd’hui, fait remarquer Adrien Demarbaix.