Pratique
L’assistant qui permet de travailler plus tout en se préservant

Françoise Thomas
-

Comment gagner en confort et en performance ? C’est le défi que tentent de relever des solutions telles que les exosquelettes. Dans des travaux répétitifs comme le travail dans les vignes, il peut être intéressant de se pencher sur les solutions existantes et en développement.

L’assistant qui permet de travailler plus tout en se préservant
Auxivo travaille sur un double effet : les accumulateurs d’énergie situés aux épaules la restituent lorsque l’on se relève et le soutien lombaire de la conception vise à limiter les risques musculo-squelettiques.

En partenariat avec le Vitilab, le pôle d’innovation Agronov et la MSA dans le cadre de ses missions prévention, la cave des Vignerons des terres secrètes a organisé une après-midi démonstration « d’exosquelettes et d’ergo squelettes » à destination de ses coopérateurs. « L’idée est bien ici de proposer des solutions pour le travail dans les vignes. La période de taille dure quatre mois sur des journées entières », rappelle Émeline Favre, avec les conséquences que l’on peut imaginer en matière de troubles musculo-squelettiques. « Nous répondons là à une demande du terrain d’essayer de trouver des solutions innovantes », poursuit la responsable du développement durable à la cave. Libre à chacun ensuite, à l’issue de l’après-midi, de s’équiper ou non, de tester plus longtemps les produits ou pas. Mais pour une première approche, ce mini-atelier a permis d’appréhender le gain et les contraintes de chaque produit en démonstration.

À chacun son modèle

Quatre équipements différents étaient à essayer sur une parcelle de vigne non encore taillée. Une vingtaine de coopérateurs se sont montrés intéressés par ces tests. Pour leur bien-être « et pour celui de mes salariés », en préventif « avant d’avoir mal au dos, comme mes parents » ou pour tenter de « compenser des douleurs déjà présentes », chacun avait une bonne raison et surtout la curiosité de venir se rendre compte de l’aide que ces équipements peuvent apporter.

Équipé de leurs sécateurs électriques et d’un harnais, pour trois des appareils en test, ou de prothèses aux jambes, pour le quatrième, chacun y est allé de son essai.

De leur côté, les représentants des différents produits ont particulièrement apprécié le retour en direct des utilisateurs. Pourquoi ça convient, ou pas, quelle prise en main : « Ce qui est bien avec celui-ci, c’est qu’on peut conduire avec », « il aide vraiment à se relever », « on se sent soutenu comme avec une chaise », « on ne le sent pas, il ne pèse rien », mais aussi des « je n’ai pas ressenti une aide », « il me gêne pour faire le tour du pied », « il fait trop forcer ». Alors si un réglage précis et une parfaite adaptation de l’équipement à chaque personne sont primordiaux, il reste aussi le fait que la réponse pour ce type d’assistance ne peut pas être unique : à chaque utilisateur ses habitudes de travail, ses pathologies et son gabarit.

« Se poser dans la machine »

S’ils viennent en soutien, ces équipements servent aussi en principe à corriger les mauvaises postures « il vous permet d’avoir le dos droit, tout en soulageant la posture penchée en avant », explique un revendeur. « C’est comme si vous étiez soutenu par un crochet », fait le parallèle une autre démonstratrice.

Développés pour certains dans le secteur des travaux publics et de la manutention, ils servent à soulager les lombaires et les articulations. Les modèles avec harnais permettent de se sentir « comme retenu par les épaules », ce qui permet « un gain de 30 % de son propre poids », et avec par ailleurs le poids du haut du corps redirigé sur les cuisses. « Cela soulage ceux qui ont mal au dos et a un effet préventif pour les autres ». Les testeurs étaient ainsi invités à « se poser dans la machine ».

Autre modèle, autre concept consistant en des attelles pour les jambes. Cela conduit plus à tailler en pliant les jambes, modèle dérivé d’un produit développé pour le ski. En cours d’élaboration, l’après-midi de mardi a permis de voir que si le concept a su intéresser plusieurs testeurs, des améliorations sont encore à apporter notamment sur le système d’accroche à la chaussure, et sur l’adaptation aux terres argileuses de Bourgogne.

L’idée étant pour tous ces modèles d’apporter une aide permettant de travailler plus dans la journée, de façon plus efficace et surtout moins traumatisante, et… « plus longtemps dans sa vie ! ».

Priorité au préventif

Les modèles en démonstration mardi représentent un budget qui s’échelonne de 850 € à 1.500 €, « si le gain de confort est là, je suis prêt à y mettre le prix », souligne un viticulteur. Pour le poids, entre 800 gr et 1,3 kg…

Si les produits peuvent encore avoir besoin d’évoluer, il semble malgré tout certain, à l’instar du sécateur électrique, que ce genre d’équipement va se développer à l’avenir, tant le préventif est entré dans les réflexions de chacun. « Avant, être fracassé à la fin de la journée signifiait que l’on avait bien travaillé, faisait remarquer l’un des viticulteurs. Désormais, il n’y a plus de honte à chercher à tout prix à préserver son dos et ses articulations ». Heureusement !