Dégâts de corvidés
Une charge supplémentaire pour l’exploitation

Mis en ligne par Cédric MICHELIN
-

Le 12 juin à Saint-Germain-du-Plain à l’initiative de la FDSEA de Saône-et-Loire, une visite d’exploitation a été organisée pour constater les dégâts causés par les corvidés en cette période de semis. Pour cela, la DDT et la Fédération départemental de la chasse (FDC71) étaient présents chez Guillaume et Jean-Yves Chaumont.

Une charge supplémentaire pour l’exploitation
Durant le confinement, les agriculteurs et chasseurs ont pu constater la "lourdeur" administrative pour chasser les espèces nuisibles. Une simplification des procédures aurait été nécessaire pour diminuer les dégâts des corvidés.

Guillaume et Jean-Yves Chaumont sont en SCEA sur la commune de Saint-Germain-du-Plain. Depuis quelques années, une difficulté toute particulière s’ajoute sur leur exploitation, celle de la gestion des corvidés. Une problématique largement partagée cette année sur le département. En effet, en 2019, à l'image de leurs confrères cultivateurs, « nous avons dû resemer 5 ha de maïs et utiliser huit doses supplémentaires de semis, pour un coût de plus de 800 €, sans compter le temps de travail », explique Jean-Yves. En plus de cela, s’ajoutent des pertes à la récolte : près de 300 quintaux en 2019. Au total, la perte est évaluée à environ 4.500 € !
Pourtant, Jean-Yves et son fils ont tout tenté pour effaroucher ces corvidés : traitement de semences et même la mise en place d’effaroucheurs. Cependant, leur efficacité reste limitée. De plus, des plaintes de riverains ont émergé à cause du bruit des canons imitant le bruit des rapaces. Pourtant, les exploitants avaient respecté les règles de mise en place et d’utilisation des effaroucheurs (voir encadré). Les agriculteurs faisaient l'effort de rentrer les canons la nuit en raison des risques de vol de matériels.

Hausse des populations

Ce témoignage est légion cette année dans notre département. À Saint-Germain-du-Plain, les quinze agriculteurs présents dénoncaient aussi l’augmentation de la population depuis plusieurs années ; des populations pouvant même atteindre 200 individus. Pour eux, « il n’y a plus de solution » pour limiter ce problème.
Cela se confirme par la biologie de l’espèce, comme le souligne l’animateur de secteur de la Fédération de  Chasse de Saône-et-Loire (FDC71). En effet, l’augmentation des surfaces des parcelles et la suppression des haies ces dernières décennies a entrainé l’augmentation de la population, rendant la destruction difficile. De plus en avril, ils doivent nourrir les jeunes, et c’est à ce moment qu’ils font le plus de dégâts. Aujourd’hui, les agriculteurs doivent aussi « s’adapter » en optant pour des solutions alternatives de lutte, comme par exemple, coordonner les dates de semis sur un secteur donné.

Un plan de lutte adapté

Évelyne Guillon, présidente de la FDC71 a annoncé qu’un plan de lutte contre les espèces de corvidés classés Esod (Espèces susceptibles d'occasionner des dégâts) va être mis en place et présenté à l’automne. Pour l’instant, la présidente ne souhaite « pas trop en révéler » car celui-ci n’est encore pas terminé. Ce projet est en continuité avec ceux amorcés par la FDC71 sur le ragondin, visant à coordonner les actions de prélèvements entre collectivités et chasseurs/piégeurs.
En guise de conclusion sur cette première annonce, elle rappellait toutefois l’importance de travailler ensemble avec les agriculteurs et les pêcheurs sur ce genre de sujets. Il est nécessaire de faire remonter les dégâts occasionnés par les espèces Esod comme le blaireau ou le corbeau freux.
Nadine Tanton, chargée de mission « chasse et faune sauvage » pour les services de l'État à la DDT de Saône-et-Loire soulignait un point statistique : « en 2019, ce sont 4.000 corbeaux, 5.300 corneilles, et près de 1.500 renards prélevés lors de la période de destruction ». Sans une remontée des dégâts à la FDC ou à la FDSEA, ces espèces pourraient perdre leur qualité d’espèces Esod, voyant ainsi leur population exploser. C’est ce qui est arrivé dans le département de l’Ain. Par manque de preuves et de remontées d’informations, le corbeau freux a été déclassé des Esod et ne peut plus être détruit...
Enfin, Évelyne Guillon rappelle l’importance de la participation aux consultation publiques, pour les chasseurs, les pêcheurs, mais aussi pour les agriculteurs, avant d’ajouter, « si on ne mène pas ce combat ensemble, nous allons le perdre ».

Loïc Belin

Modalités de destruction pour la période du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021

Une consultation publique est ouverte depuis le 5 juin jusqu'à ce 26 juin 2020 inclus pour décider du caractère "Esod" du lapin de garenne, du pigeon ramier et du sanglier. Ce classement sur la liste complémentaire doit se justifier par l'un au moins des motifs suivants : 
- la santé et la sécurité publiques ;
- la protection de la flore et de la faune ;
- prévenir des dommages importants aux activités agricoles ;
- ou prévenir les dommages importants à d'autres formes de propriété (hors espèces d'oiseaux).
Au vu du montant des indemnisations liées au sanglier, supérieures au million d’euros pour la saison 2018-2019, et au nombre de prélèvements sur le département (plus de 7.000 sangliers prélevés), il a été décidé de proposer le sanglier sur la liste complémentaire des Esod.
Concernant le pigeon ramier, il a été inscrit sur la liste complémentaire des Esod pour 2019-2020 et sur l'ensemble du département, afin de protéger les cultures sensibles (pois, soja, tournesol, colza). En 2019, durant ces deux périodes, 1.005 pigeons ont été déclarés détruits auprès de la DDT (1.077 pigeons en 2018 et 1.253 en 2017). Il est proposé de maintenir le même dispositif réglementaire que celui adopté en 2019 en ajoutant le maïs parmi les cultures sensibles.
Les observations sont à communiquer uniquement par mail à :
ddt-consult-chasse-ouverture@saone-et-loire.gouv.fr

L’utilisation des effaroucheurs

L’article R1334-31 du code de la santé publique prévoit que « aucun bruit ne doit par sa durée, sa répétition ou son intensité, porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme, dans un lieu public ou privé. Et cela qu’une personne en soit elle-même à l’origine ou que ce soit par l’intermédiaire d’une personne, d’une chose dont elle a la garde ou d’un animal placé sous sa responsabilité ».
À partir de là, concernant les canons anti-oiseaux, l’article R1334-32 du code de la santé publique précise que « lorsque ce bruit a pour origine une activité professionnelle (notamment agricole), et dont les conditions d’exercice relatives au bruit n’ont pas été fixées par les autorités compétentes » (préfet ou maires), l’atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme est caractérisée si l’émergence globale de ce bruit perçu est supérieure à la limite légale.
Cependant, des consignes peuvent être respectées afin d’améliorer la tranquillité du voisinage comme :
- la limitation du nombre de détonations (par exemple toutes les 15 minutes),
- l’arrêt du fonctionnement entre 22 heures et 7 heures,
- l’implantation à une certaine distance des zones habitées quand c’est possible (certains arrêtés préfectoraux retiennent 250 mètres au moins),
- la prise de dispositions afin de tenir compte des vents dominants, protection par des écrans naturels ou artificiels (haies, murs, palissades, etc.).