Filière blé
CRC a enfin pu souffler ses vingt bougies

La filière Culture raisonnée contrôlée (CRC) est née il y a vingt ans dans l’Yonne. La crise sanitaire avait empêché de célébrer cet anniversaire jusqu’à présent mais, le 10 juin, un événement digital a permis de revenir sur le chemin parcouru.

CRC a enfin pu souffler ses vingt bougies
(De gauche à droite) Marc Bonnet, actuel directeur du GIE CRC, Étienne Henriot, son président, Michel Deketelaere, directeur scientifique et Jean-Luc Billard, président de Caps Vert. (Crédit CRC)

Même si c’est bien le vingtième anniversaire de la filière Culture raisonnée contrôlée (CRC) qui était célébré, avec un an de retard en raison de la crise sanitaire, les racines de cette organisation agricole sont plus profondes. Alain Peretti, ancien directeur de la coopérative Caps, qui en est à l’origine, a rappelé qu’un début de structuration s’était dessiné dès le début des années 1990. « Nous avions pensé à l’époque, soulignait-il à l’occasion de l’évènement digital organisé le 10 juin, que le développement quantitatif de nos productions céréalières serait médiocre alors que les perspectives qualitatives étaient plus porteuses ». L’étape fondatrice, ce fut la constitution de liens entre le GIE Intercéréales et des moulins italiens qui fabriquaient de l’alimentation pour bébés. Ce marché du « babyfood », véritable niche au départ, a permis de comprendre qu’il y avait une demande pour des céréales de qualité supérieure. À partir de là, les initiateurs de CRC n’ont eu de cesse d’élargir cette niche. 

Le cahier des charges, véritable fondation

Cette volonté s’est appuyée sur la construction méticuleuse, durant deux ans, d’un cahier des charges bâti par Alain Peretti et Michel Deketelaere, directeur scientifique du GIE CRC. « La construction de ce cahier des charges en Certification de conformité produit (CCP) était une première à l’époque, pour une structure comme la nôtre, précisait Michel Deketelaere. Il fallait définir tout ce qui concernait la production, le stockage, les systèmes qualité, le tout avec une vision globale qui allait du champ au consommateur final. Avec un objectif : prouver la qualité supérieure de nos produits ». En 20 ans, ce cahier des charges a évolué, sous-tendu par une constante : toujours préserver un équilibre entre les attentes des consommateurs et les capacités des producteurs, en cherchant les meilleurs compromis technico-économiques. « Ce qui est important, précisait Étienne Henriot, président du GIE CRC, c’est que ce cahier des charges a été construit par le monde agricole. La filière CRC est unique de ce point de vue ». CRC s’est, depuis, beaucoup développé : de 20.000 tonnes de production au départ, on en est aujourd’hui à plus de 400.000 tonnes. « La filière CRC a su conserver une longueur d’avance, remarquait Cécile Adda, qui fut en charge de son animation dans les années 2000. Aujourd’hui, les notions de construction de filière sont plus que jamais d’actualité ». « CRC était très en avance dans la prise en compte des attentes des consommateurs », ajoutait pour sa part Florence Pradier, qui avait occupé la même fonction à la création de la filière. « Sa force, précisait Fouzia Smouhi, directrice générale du GIE jusqu’en 2018, c’est d’être une démarche scientifique, solide et sincère, pas de l’habillage marketing ». 

Esprit d’avant-garde

Le principal défi à relever est celui de la réflexion sur l’avenir, en conservant l’esprit avant-gardiste présent depuis le début. « Nous voulons aller vers un blé décarboné qui doit préserver la qualité du produit, indiquait Jean-Luc Billard, directeur de la coopérative Ynovae, basée à Véron dans l’Yonne, et président de Caps Vert, en charge de la R&D pour le GIE. Nous travaillons aussi sur les émissions de gaz à effet de serre (Ges) et nous avons le projet d’un cahier des charges sans résidu de pesticides pour lequel la récolte 2021 servira de pilote ». Le GIE, qui va lancer une campagne de publicité diffusée à la télévision (France 2, France 3 et France 5) et sur les réseaux sociaux, a défini, en 2018, une stratégie sur cinq ans qui touche à la biodiversité, à l’amélioration de la rémunération des agriculteurs adhérents, à la numérisation des process et des audits et à la digitalisation de la traçabilité. Il réfléchit aussi à la possibilité d’apporter des services associés aux adhérents. Un développement tous azimuts, conforme à la logique enclenchée il y a vingt ans.

Berty Robert

En chiffres

Le GIE CRC compte aujourd’hui : 
- plus de 3.200 agriculteurs engagés
- 34 coopératives et négoces
- 55 meuniers
- 30 industriels
- 9 distributeurs
- 4.200 artisans boulangers partenaires 
Le nombre d’agriculteurs engagés a progressé de 112 % en cinq ans. Les surfaces emblavées atteignent 71.000 hectares, en progression de 97 % ces cinq dernières années. 
Le blé CRC représente 10 % des blés français écrasés par la meunerie.