Vignerons des Terres Secrètes
De belles promesses pour l’avenir

Régis Gaillard
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Loin des inquiétudes qui avaient pu naître lors du premier puis du deuxième confinement, les Vignerons des Terres Secrètes ont parfaitement su tirer leur épingle du jeu. Avec, au final, une année 2020 plutôt bonne, confirmant la justesse des choix stratégiques faits par le passé.

De belles promesses pour l’avenir
L'année 2020 a été très satisfaisante pour les Vignerons des Terres Secrètes.

Les sourires étaient plutôt de mise lors de l’assemblée générale des Vignerons des Terres Secrètes en ce mois de mai. Pourtant, tout était réuni pour que 2020 soit une année difficile avec la survenue du Covid-19. « À l’aube du confinement, nous ne savions pas comment le commerce du vin allait se comporter, soulignait le président de la cave Michel Barraud. Allait-il ralentir, s’effondrer, pour un produit qu’on ne qualifiait pas de première nécessité ? Devant l’urgence, toutes les équipes se sont mobilisées pour s’adapter au mieux, avec des contraintes sanitaires qui évoluaient chaque semaine, pour se remettre en question et apporter des solutions à nos clients ». Une période certes tourmentée mais qui a permis de mettre en avant la force de ce réseau coopératif et donc solidaire, « nous épargnant bien des soucis que nous aurions eu à affronter seuls. Finalement, notre portefeuille, très large, de réseaux de distribution et de clients et notre offre bourguignonne de qualité et attractive nous ont permis de présenter des comptes inespérés en mars 2020 ». Une crise qui a aussi été un bon moyen de redorer le blason de l’agriculture en général et de renforcer les valeurs d’authenticité et les liens de proximité. « Nous avons pu mesurer aussi à quel point le vin était vecteur de convivialité. C’est redevenu un produit de première nécessité, un véritable antidépresseur des temps modernes (à consommer avec modération, bien sûr), qui ne coûte rien à la Sécurité sociale et qui rapporte gros à l’État. Nous devrions être remerciés pour service rendu à la nation ».

Réactivité, adaptation et professionnalisme

Un esprit coopérateur qui doit permettre de faire face aux grands défis que sont le changement climatique, la protection de l’environnement et le renouvellement des générations. « Nous serions à contrecourant des leçons de la crise que nous traversons si nous ne pensions pas que la solidarité a été et reste une réponse fondamentale face à l’isolement des individus, à une économie prédatrice et à des défis qui nous dépassent individuellement. Loin d’être seulement un idéal, la solidarité constitue une voie pragmatique ». Mais qui permet aussi d’obtenir d’excellents résultats. Ainsi, entre 2019 et 2020, le chiffre d’affaires de la cave a bondi de 7 % à 27.353.104 € (contre 25.157.653 € en 2020). Notamment grâce au dynamisme en grande distribution qui a plus que compensé l’inévitable baisse dans les restaurants et chez les grossistes. Les appellations mâconnaises ont été confortées dans leur bon positionnement qualité-prix. « Nous nous sommes aussi adaptés au développement des réseaux sociaux, notamment pour ne pas perdre le lien avec nos clients. Cette crise nous a également permis de constater que nous avions une vraie marge de progrès du côté de la vente en ligne ». Une cave qui peut se targuer d’avoir décroché une belle distinction de la part de la Revue des Vins de France puisque élue cave de l’année 2021. « Ce n’est pas anodin et nous devons tous l’apprécier à sa juste valeur et ne pas bouder notre plaisir ».

Foisonnement de projets

Pour ce qui est de 2021, les épisodes de gel ont été violents sur l’ensemble du territoire avec des bourgeons gelés de 30 % à 90 %, surtout pour le chardonnay. « Ce n’est que depuis début juin que la vigne a enfin démarré. Si nous atteignons 50 % de la récolte en chardonnay, nous serons contents. Le pinot noir et l’aligoté ont été moins touchés. Heureusement que nous avons signé avec Groupama, depuis 2010, un contrat d’assurance climat. Aujourd’hui, 80 % des surfaces sont assurées. Actuellement, notre carnet de commande explose car cela redémarre de partout. Nous vivons une période inédite. Mais il est difficile de se procurer certains approvisionnements à l’image des bouchons, des étiquettes… ».

Par ailleurs, la cave fourmille de projets à l’image de la réflexion menée sur le caveau de Sologny à l’indéniable potentiel. « Il est une porte d’entrée du Mâconnais et des Terres Secrètes, situé sur la route touristique de Mâcon à Cluny et sur la Voie verte. Il dispose d’un emplacement très accessible avec de la place. La commission Œnotourisme travaille actuellement autour d’un concept qui pourrait en faire un lieu de restauration et de vente de vin dans le style bistronomie ».

Travaux à venir

Une réflexion est, en outre, menée pour faire évoluer la cave. Une démarche qui souhaite soutenir la mise en place d’une soixantaine de sélections parcellaires. « Il faut mettre notre outil en adéquation avec cette volonté de sélection parcellaire ». Cette année, il y aura 2.800.000 € de travaux avec réfection de la cave à fûts, d’une cuverie de débourbage et d’une cuverie de tirage. L’ambition est aussi de développer la maîtrise des températures. Par la suite, il y aura l’adjonction d’une cuverie parcellaire avec des cuves de petites capacités et un réaménagement du site de réception. « Ce sera une belle vitrine ». Le tout avec, en tête, un projet œnotouristique et l’aménagement de circuits pour les vacanciers.

Dali s’expose

Dali s’expose

Jusqu’au 15 septembre, la cave des Vignerons des Terres Secrètes crée l’événement en accueillant une exposition d’estampes et de lithographies originales de Salvador Dali.

En partenariat avec le collectionneur Jean Amiot, les Vignerons des Terres Secrètes proposent de découvrir une série d’œuvres emblématiques de l’artiste catalan au sein du caveau de Prissé. L’exposition plonge le visiteur dans le style inimitable de Dali à travers 30 créations originales et de grandes séries telles que L’Art d’aimer d’Ovide, Mémoires du Surréalisme ou encore La Divine Comédie. Des pièces rares à découvrir à la salle d’exposition du caveau de Prissé du lundi au samedi de 9 h à 12 h 30 et de 13 h 30 à 19 h, dimanche et les jours fériés de 9 h à 12 h 30 et de 14 h à 19 h. L’entrée est gratuite.

Du côté de Berzé-la-Ville.
Les élèves de primaire à la découverte de la cave
Lors de la dégustation de jus de fruits par la classe de Chevagny-les-Chevrières.

Les élèves de primaire à la découverte de la cave

Dans le cadre de la démarche Vignerons Engagés, les Vignerons des Terres Secrètes ont accueilli, le temps d’une journée, deux classes de primaire afin de communiquer sur la viticulture d’aujourd’hui.

Le 3 mai dernier, Émeline Favre, responsable vigne territoire et développement, et Mathieu Jambon, viticulteur, ont accueilli des enfants de deux écoles. À savoir, en matinée, 25 élèves de l’école de Chevagny-les-Chevrières (CE2, CM1 et CM2) et, l’après-midi, une classe de CE2 de Prissé. L’objectif était de présenter aux jeunes le rôle de la viticulture sur le territoire mâconnais entre cycle de la vigne, biodiversité, vinification et développement durable. Une visite qui leur a aussi permis de se rendre dans une vigne en compagnie de professionnels. Mais aussi de déguster des jus de raisin de la région. Institutrice à Chevagny-les-Chevrières, Cécile Barraud a répondu favorablement à la sollicitation de la cave. « Notre école est inscrite dans une démarche de développement durable. Nous avons déjà travaillé sur la vigne. Il y a deux ans, nous étions venus et nous avions visité l’intérieur de la cave. Cette fois, c’était plus axé sur la partie vigne ». L’occasion, en outre, pour les enfants de poser des questions, parfois surprenantes, à l’image de leur préoccupation quant à la préservation des petites bêtes comme les coccinelles. Une visite d’autant plus importante que, sur 25 enfants fréquentant cette école rurale, aucun d’entre eux n’a de parent travaillant peu ou prou en relation avec la viticulture.